Retrouvez Grioo.com sur votre mobile: http://m.grioo.com
Grioo.com   Grioo Pour Elle       Village   TV   Musique Forums   Agenda   Blogs  
   Mercredi 30 Avril 2025 RECHERCHER : Sur Grioo.com  Sur Google 
 Accueil  Rubriques  Archives  Forum     Qui sommes-nous ?     

  News
News pays
Afrique
Caraïbes
Monde
Société
Sports
Santé
Insolite
Bloc Notes
  Economie
Management
  Culture
Histoire
Médias & Société
Musique
  Hommes illustres
Success stories
Interviews
Parcours
Initiatives
  Célébrités
Quizzs
Galeries Photos
Bons Plans
Musique
  Opinions
Conseils B2B
Forum


Pour recevoir notre lettre d'information, veuillez saisir votre email



AccueilRubriquesAfriqueArticle
Côte d’Ivoire : Le syndrome pied-noir
18/11/2004
 

Algérie/Côte d'Ivoire, même combat? Le Nouvel Obs s'interroge
 
Par Rédaction
Imprimer
Envoyer à un ami
Réagir
 Publicité 
 
Français fuyant la Côte d'Ivoire  
Français fuyant la Côte d'Ivoire
© lexpress.fr
 

Georges ne le dit pas, mais il a peur. Peur de ce qui peut arriver tout à l’heure, demain, dans une semaine. Peur de l’avenir. Dans la maison de son fils Alexis, il grommelle lorsque arrive un journaliste français. Il engueule même Alexis et Lilian, son copain et associé, qui l’ont invité: «Ne dites pas n’importe quoi. Vous savez bien comment le moindre mot peut être pris.» Georges ne veut pas parler. Puis il se lâche, intarissable. A son fils, quand il a vu les Français quitter le pays, il a dit: «Plutôt être mort ici que mort-vivant en France.» «Quand je me dis que je dois partir, confie-t-il, c’est terrible. Mon grand-père et ma grand-mère sont enterrés ici.»
A 50 ans, six enfants – «au moins», sourit-il – plusieurs vies, économiques ou amoureuses mais toutes africaines, Georges est déchiré: il ne veut pas partir de ce pays où il est né, à Abidjan. Mais, bien sûr, il ne veut pas non plus être tué. Alors comme Alexis et Lilian, il croise les doigts: «Rester, pour nous, c’est quitte ou double. Si les Ivoiriens sont capables de régler leurs problèmes politiques, alors c’est le jack-pot pour notre société. Avec toutes ses richesses la Côte d’Ivoire repart en quelques jours. Mais s’ils n’y arrivent pas, si s’imposent à leur tête des gens qui ne veulent plus des Français alors ce sera la valise ou…» Georges ne termine pas sa phrase qui rappelle des mots déjà entendus, il y a une quarantaine d’années, lorsque les pieds-noirs ont quitté l’Algérie pour devenir des rapatriés. Rapatriés, comme toutes ces familles qui, pendant une semaine, ont transité par le camp militaire du 43e bataillon d’infanterie de marine (BIMa), avant de s’engouffrer, enfin, dans un avion pour la France. Georges, son fils Alexis, 29 ans, et Lilian, 37 ans, ne parlent pas de politique, surtout ivoirienne. Mais ils racontent volontiers leurs vies, également ivoiriennes.

Leur «business», à la différence de celui de nombreux autres français, a été en constante expansion depuis quelques années. Motif: ils dirigent une société de sécurité et d’intervention. Autant dire que pendant ces journées où Abidjan, la capitale économique aux 5 millions d’habitants est devenue folle, ils n’ont pas chômé. Près de 500 interventions au cœur de la mêlée, avec ce paradoxe: ce sont leurs clients – ou futurs clients potentiels – qu’ils ont aidé à sortir de la furie et à quitter, peut-être pour toujours, le pays.

 Publicité 
 

Georges ne le dit pas, mais il a peur. Peur de ce qui peut arriver tout à l’heure, demain, dans une semaine. Peur de l’avenir. Dans la maison de son fils Alexis, il grommelle lorsque arrive un journaliste français. Il engueule même Alexis et Lilian, son copain et associé, qui l’ont invité: «Ne dites pas n’importe quoi. Vous savez bien comment le moindre mot peut être pris.» Georges ne veut pas parler. Puis il se lâche, intarissable. A son fils, quand il a vu les Français quitter le pays, il a dit: «Plutôt être mort ici que mort-vivant en France.» «Quand je me dis que je dois partir, confie-t-il, c’est terrible. Mon grand-père et ma grand-mère sont enterrés ici.»
A 50 ans, six enfants – «au moins», sourit-il – plusieurs vies, économiques ou amoureuses mais toutes africaines, Georges est déchiré: il ne veut pas partir de ce pays où il est né, à Abidjan. Mais, bien sûr, il ne veut pas non plus être tué. Alors comme Alexis et Lilian, il croise les doigts: «Rester, pour nous, c’est quitte ou double. Si les Ivoiriens sont capables de régler leurs problèmes politiques, alors c’est le jack-pot pour notre société. Avec toutes ses richesses la Côte d’Ivoire repart en quelques jours. Mais s’ils n’y arrivent pas, si s’imposent à leur tête des gens qui ne veulent plus des Français alors ce sera la valise ou…» Georges ne termine pas sa phrase qui rappelle des mots déjà entendus, il y a une quarantaine d’années, lorsque les pieds-noirs ont quitté l’Algérie pour devenir des rapatriés. Rapatriés, comme toutes ces familles qui, pendant une semaine, ont transité par le camp militaire du 43e bataillon d’infanterie de marine (BIMa), avant de s’engouffrer, enfin, dans un avion pour la France. Georges, son fils Alexis, 29 ans, et Lilian, 37 ans, ne parlent pas de politique, surtout ivoirienne. Mais ils racontent volontiers leurs vies, également ivoiriennes.
Publicité

Leur «business», à la différence de celui de nombreux autres français, a été en constante expansion depuis quelques années. Motif: ils dirigent une société de sécurité et d’intervention. Autant dire que pendant ces journées où Abidjan, la capitale économique aux 5 millions d’habitants est devenue folle, ils n’ont pas chômé. Près de 500 interventions au cœur de la mêlée, avec ce paradoxe: ce sont leurs clients – ou futurs clients potentiels – qu’ils ont aidé à sortir de la furie et à quitter, peut-être pour toujours, le pays.

 
© cia.gov  

Dans la tourmente qui suit, préfigurant curieusement ce qui s’est passé la semaine dernière, des mains inconnues ouvrent les portes de la prison de la ville, l’horrible Maca. La délinquance, déjà élevée du fait de la pauvreté et du chômage, grimpe en flèche. Des sociétés, des magasins sont pillés. Alexis et Lilian sentent là un marché. Ils créent une société de sécurité. A la fin de 1999, Flash Intervention a installé des boîtiers d’alarme électronique chez 50 clients. La société a trois voitures, 20 salariés. Quatre ans plus tard, ces chiffres sont multipliés par 10! Entre-temps il y a eu l’élection de Laurent Gbagbo dans des «conditions calamiteuses», c’est lui-même qui le dit, la répression contre les militants de l’opposant Alassane Ouattara écarté de l’élection pour cause de «non-ivoirité», et surtout, en septembre 2002, la rébellion d’une partie de l’armée, soutenue par le Burkina. Chaque épisode semble accélérer le délitement du pays, le naufrage de son économie. Le cessez-le-feu accepté par les rebelles, qui occupent depuis la moitié Nord, et surtout les accords conclus à Marcoussis sous l’égide de la France ne changent rien à l’insécurité qui gagne.
Dès la signature de ces accords éclatent, en janvier 2003, les premières émeutes antifrançaises, avec mises à sac de magasins et attaques d’entreprises représentant la France. Le 25 mars 2004 une marche de l’opposition est réprimée dans le sang. Les Français commencent à plier bagages. D’autres se barricadent pour rester. Flash Intervention engrange de nouveaux clients, notamment libanais…
Les choses deviennent sérieuses mais ce n’est encore rien comparé à ce qui vient de se passer les 6 et 7 novembre. Pour la première fois des maisons de Blancs ont été pillées, en présence de leurs occupants dont plusieurs ont été molestés. Pour la première fois des femmes blanches ont été violées. Les cas de viols ne se comptent pas par «dizaines» comme on l’a un peu légèrement avancé, à Paris, de source militaire. Mais les autorités en ont recensé «au moins 3 ou 4». Ce qui suffit largement à semer la terreur.
Les viols, c’est d’ailleurs ce qui a décidé Catherine Rechenmann, présidente à Abidjan des Français de l’Etranger à partir. Elle qui, au plus fort des émeutes précédentes, avait affirmé qu’elle ne «quitterait jamais ce pays» a changé d’avis. «Des verrous ont sauté. Un tabou est tombé», explique-t-elle, exténuée, avant de prendre, à son tour, l’avion du retour. Comme elle, ceux qui fuient, marqués par la violence et «la haine, oui la haine dites-le» qu’ils ont vues chez les émeutiers craquent: «Seule une poignée d’inconscients veut notre départ. Nous avons été protégés par des Ivoiriens qui savent parfaitement que les Français génèrent 60% de l’économie du pays. Et qu’après nous ils n’auront plus de travail. On ne veut pas les abandonner. La majorité des Ivoiriens veulent que nous restions, mais ils n’osent pas s’exprimer, écrivez-le.»
Le pouvoir de Laurent Gbagbo va donc avoir à gérer, outre la guerre et son isolement diplomatique, une sévère crise économique. Le secteur de la sécurité, lui, semble avoir encore de beaux jours devant lui. Théoriquement, Flash Intervention devrait encore prospérer. Théoriquement. Car certains de ses derniers clients, qui ont été évacués après s’être réfugiés sur les toits de leurs maisons, sont partis avec les vêtements qu’ils portaient ce jour-là et rien d’autre. Et les patrons de Flash intervention ne savent pas s’ils seront payés un jour. «Et nous, disent-ils, nous ne sommes pas dans la situation des expatriés appartenant à de grands groupes industriels comme Bolloré, France Télécom ou Bouygues, nous ne pouvons pas partir nous installer ailleurs.» Le plus inquiétant à leurs yeux c’est le début de départ des Libanais: «Eux, quand ils partent, c’est très mauvais signe.» Alexis ne fait de politique mais quand il a entendu dimanche Jacques Chirac assurer que la France n’abandonnerait pas son mandat en Côte d’Ivoire, il n’a pas pu s’empêcher de rappeler que de Gaulle, en d’autres temps, avait dit que la France ne quitterait pas l’Algérie. Le syndrome pied-noir rôde en Côte d’Ivoire.

D'après Le Nouvel Obs

       
Mots-clés
burkina-faso   cote d'ivoire   
 
 Donnez votre opinion ou lisez les 2 réaction(s) déjà écrites
 Version imprimable de l'article
 Envoyer l'article par mail à une connaissance


Partager sur: Partager sur Facebook Facebook   Partager sur Google Google   Partager sur Yahoo Yahoo   Partager sur Digg Digg   Partager sur Delicious Delicious  
 
 
Les dernières photos publiées sur Grioo Village
 
Les derniers articles Grioo Pour Elle

 Grioo Pour Elle, le site des femmes noires et métissées
 
Les derniers billets sur nos blogs
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
  Billets - Bat che nang mua gia re - DotClear 1.2-rc
 
 
 
 
Top
 
 
 
 
 Exposition : Senghor et les arts : du 7 février 2023 au 19 novembre 2023
 Mbappe joueur le mieux payé de ligue 1 : 6 millions d'euros par mois
 Mbappe nouveau capitaine :entrée en matière réussie ?
 Gala 2016 : le club efficience annonce la création d'un fonds de la diaspora
 Les cosmétiques Soleza désormais disponibles au Cameroun
 Can 2017 : le tirage au sort a eu lieu
 Terroriste où es-tu ? : Partout et nulle part !
 Nigeria : Stephen Keshi s'en est allé
 Mohammed Ali, ''the greatest'' s'en est allé
 Décès de Papa Wemba : les hommages se multiplient
 
Afrique      Afrique Du Sud      Barack Obama      Benin      Bons Plans      Burkina-faso      Cameroun      Caraïbes      Célébrités      Congo Brazzaville      Cote D'ivoire      Diaspora Africaine      Diversité      France      Gabon      Ghana      Haïti      Livre      Mali      Nigeria      Racisme      Rdc      Senegal      Tchad      Togo     
 
 



   
 
Le site des femmes noires et métissées | Grioo Village | English version