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Note de grioo.com: les illustrations ont été choisies par la rédaction de Grioo.com, compte tenu de leur dureté, les images proposées par l’auteur de l’article sont disponibles dans un document Word téléchargeable en fin d’article.
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Une du quotidien français "Libération"
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A la suite des manifestations de soutien à Laurent Gbagbo qui ont eu lieu devant l’hôtel Ivoire, le mardi 9 novembre, sept personnes seraient mortes, tuées par balles et des dizaines d’autres bléssées. Selon les médias et les autorités ivoiriennes, ces morts sont tombés sous les balles de l’armée française. Selon l’armée française, les soldats français ont répliqué car une partie des manifestants étaient armés. Côté français, on est plutôt content du travail de l’armée « qui fait un formidable travail » (Dixit Michel Barnier, ministre des affaires étrangères sur I Télévision). Pour le ministre français de la Défense, Michelle Alliot-Marie, les morts seraient dus à un échange de feu entre les FANCI et les patriotes….
Lors de l’arrivée des premiers vols ramenant vers Paris les ressortissants français d’Abidjan, quelques chaînes de télévision françaises ont diffusé une brève interview d’un français d’origine ivoirienne qui affirmait parlant des soldats français, « qu’il n’est pas normal que des soldats français tirent sur une foule désarmée ». Les médias français ne s’attachent guère à savoir si oui ou non il y a eu des dérapages de l’armée française, notamment lors des événements qui ont eu lieu à l’hôtel Ivoire. Seuls les médias ivoiriens dénoncent la « barbarie » de l’armée française, et célèbrent la mémoire des ivoiriens « tombés sous les balles françaises ». D’où il ressort finalement que le comportement des journalistes français, prompts à critiquer leurs confrères américains qui ont globalement soutenus George Bush au lendemain du 11 septembre, n’est en rien différent. La même myopie semble les frapper quand leur pays est impliqué dans une crise ou un conflit.
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http://www.afrique-express.com |
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Les grands médias français se sont dans leur quasi-totalité (à l’exception notable du « Canard Enchaîné ») rangés, sans réel esprit critique, derrière la position de Jacques Chirac et de son gouvernement. Oubliant ainsi que depuis la guerre du golfe, il est de notoriété publique qu’il ne faut jamais prendre pour argent comptant les affirmations des militaires, fussent-elles celles des militaires de son propre pays. (Le discours de l’armée française vise à faire croire que non seulement il n’y a pas eu de morts, ou très peu, mais que ceux qui ont été tués étaient de dangereux individus, ce qui ne semble pas coller à la réalité sur place en Côte d’Ivoire )
Les événements de Côte d’Ivoire relatés par les médias français, sont vus uniquement selon le prisme déformant, (et un peu nombriliste il faut bien le dire) de la vision française de cette affaire. Les médias français agissent comme si tout ce qui se passe en Côte d’Ivoire en particulier, et en Afrique en général, tournait uniquement autour d’eux. S’il faut réaffirmer que les exactions à l’encontre des français, pillages, menaces, de même que les 3 viols déclarés, doivent être condamnées sans ambiguïté, on se rend vite compte que la mort d’une soixantaine de civils ivoiriens, y compris des femmes et des adolescents, ne pèse pas bien lourd par rapport aux déboires des civils français (rappelons tout de même qu’aucun mort n’est à déplorer parmi les civils français, ce qui est étonnant pour un pays où une « vague » de haine anti-française déferlerait).
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Pour se faire une opinion dans ce genre d’affaires, il vaut mieux avoir plusieurs sources d’information. Les téléspectateurs disposant du câble ont par exemple pu entendre le mercredi 17 novembre dans l’édition de 19h30 du journal de la télévision suisse romande, un témoin affirmer que « ce sont les soldats français qui tiraient alors que la foule n’était pas armée (…) Au 6ème étage, il y avait des snipers français dans les chambres ». Selon la personne interrogée, les soldats français auraient paniqué car la foule se rapprochait des barbelés la séparant des militaires. Le colonel Dubois, porte parole de l’Etat-major des armées françaises invité à répondre de ces accusations, justifie tant bien que mal et de façon plutôt confuse les agissements de l’armée française ce jour là alors que la journaliste suisse lui demande si l’armée française a délibérément tiré sur la foule massée devant l’hôtel Ivoire. Sur les extraits vidéo des manifestations qui ont eu lieu devant l’hôtel Ivoire, on peut constater, au vu des images, que la foule est loin d’être agressive et armée, contrairement à ce qu’affirme la hiérarchie militaire française. L’ambiance est même plutôt bon enfant, avant que le coup de feu soit ouvert avec les conséquences que l’on sait.
Il est inacceptable que l’armée française se comporte (même si elle a eu à déplorer la perte de 9 de ses membres) en 2004 comme au temps des colonies. Est-il normal que des blindés français « s’égarent » (formule utilisée pour les naïfs !) à un kilomètre de la résidence d’un chef de l’Etat étranger dans le pays de celui-ci ? Imagine t-on des blindés étrangers « s’égarer » à 100 mètres de l’Elysée et faire feu sur une foule de français qui manifeste pacifiquement pour soutenir le président ? Combien de français trouverait cela normal ?
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L'ONU
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http://www.un.org |
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Quel bilan tirer de tous ces événements ? Que dans le monde actuel la loi du plus fort est tout simplement la meilleure. Français ou américains, c’est bonnet blanc et blanc bonnet : on tire d’abord, on réfléchit ensuite, et on fait appel à l’ONU après pour valider son action.
Pour finir, quelques citations qui s’applique bien à la situation actuelle en Côte d’Ivoire :
« Entre les Etats, il n’y a pas d’amitié, il n’y a que des intérêts. »
Charles de Gaulle
« Mais naturellement les faits finirent par filtrer. Naturellement, les Français cultivés et informés savaient en gros, ou même d’une manière précise, ce qui se passait lors de la conquête de leurs colonies, puis durant leur administration.(…) De même aujourd’hui les européens cultivés et informés savent (…) Ce ne sont pas les informations qui font défaut. Le public informé a toujours plus ou moins su quelles horreurs sont commises au nom du Progrès, de la Civilisation, du Socialisme, de la Démocratie et du Marché. De tout temps, il a été profitable de nier ou de refouler de telles informations (…) qui si l’on en était conscient, viendraient détruire l’image que nous avons du monde et nous obligeraient à nous interroger nous-mêmes. » (1)
(1) Sven Lindqvist, « exterminez toutes ces brutes » Editions le serpent à plumes, 1998
« Si je devais résumer mes impressions, je dirais que le feu ouvert sur les manifestants ivoiriens par l'armée française a traumatisé l'opinion ivoirienne, au-delà de la base partisane du pouvoir en place. Par exemple, l'Eglise catholique s'est déclarée choquée et a regretté l'action de l'armée française. »
Stephen Smith, lemonade.fr le 18 novembre 2004 à Abidjan
Lectures : l’excellent livre de Philippe Duval « fantômes d’ivoire » paru aux éditions du rocher courant 2003
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Quelques liens intéressants pour comprendre la crise |
Interview du colonel Dubois sur la télévision Suisse le 17 novembre 2004 : « l’armée française a t-elle tiré sur une foule non armée ? » lui demande la journaliste
Article de Yves Ekoué Amaïzo sur la Côte d’Ivoire mars 2003
Article de Colette Braeckman sur la Côte d’Ivoire datant de septembre 2004
le témoignage du colonel Guiai Bi Poin Georges commandant de l’école de la gendarmerie nationale de Côte d’Ivoire, présent à l’hôtel Ivoire lors des événements, et qui confirme que les soldats français ont bien tiré à balles réelles sur la foule.
Chat de Stephen Smith le monde.fr le 18 novembre 2004
La foule réunie devant l’hôtel Ivoire chambre les soldats français (fichier d’environ 100 Megaoctets long à télécharger même en haut débit)
Après les tirs, la panique, les blessés, des morts… (fichier d’environ 100 Megaoctets long à télécharger même en haut débit)
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