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Charles Onana
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grioo.com |
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Note de Grioo.com: Charles Onana est un journaliste d'investigation qui a été interviewé par Grioo.com au moment de la publication de son dernier livre, "La France et ses tirailleurs", et dirige notamment la maison d'édition Duboiris.
« Des lettres et manuscrits du XVIIIe, sur le commerce des esclaves, proposés à Lyon ». Voici le titre d’un article paru dans le quotidien « Le Monde » du 6 janvier 2005, qui a provoqué la panique et une vague d’indignation dans la communauté afro-antillaise depuis une semaine.
Cet article annonçait dans son attaque : « Près de 500 lettres et manuscrits, provenant d’archives familiales ou commerciales, seront vendues à Lyon mercredi 12 janvier ». Ceci a été suffisant pour soulever un tollé dans plusieurs sites internet, y compris celui de Grioo, et auprès d’associations travaillant sur l’esclavage ou militant pour la vérité et le travail de mémoire. |
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Ayant reçu sur ma messagerie plusieurs appels à la mobilisation et à l’arrêt de cette vente aux enchères, j’ai pris l’initiative d’en savoir plus sur cette affaire. Dès le début de l’après-midi du 10 janvier, j’ai pris contact avec le commissaire-priseur et expert Alain Agiasse pour lui demander ce qui se passait exactement autour des archives pressenties pour la vente du 12. Il a répondu qu’il était surpris par la « publicité » outrancière qui était faite au sujet de cette vente car, selon lui, elle ne concernait pas à proprement parler l’esclavage. Une fois la conversation terminée, j’ai essayé de retrouver des informations précises sur le site réservé aux ventes aux enchères de l’hôtel des ventes de Lyon Presqu’île. J’ai donc découvert qu’il y avait plus de 300 thèmes réservés à la vente aux enchères. Seuls deux thèmes portant réellement sur les banques Mallet Frères et Cie puis les banquiers Babaud de Guerigny, évoquent des opérations touchant à la traite négrière.
Ces thèmes concernent le dossier répertorié sous les ordres 324 et 319 intitulés respectivement : « Banque et traite des noirs » et « Banque Mallet Frères et Cie ». Le premier lot concerne 13 lettres et correspondances bancaires dont une abîmée, datant de 1768-1769 et le second rassemble 324 lettres de 570 pages allant de 1758 à 1771. C’est à partir de ces données que s’est construit un article dont la portée et les conséquences dépassent aujourd’hui les faits réels. Observons tout d’abord que si l’auteur de l’article a voulu faire un scoop, il a plutôt provoqué la colère sur un non événement. Deuxièmement, s’il s’agissait pour le journaliste de choisir un angle percutant comme on dit dans le jargon du métier, pour mettre en avant les archives sur l’esclavage, désormais reconnu comme un crime contre l’humanité, il aurait dû consacrer son papier à fournir plus de détails sur les éléments mis en vente pour mieux informer le public et éveiller ainsi sa curiosité en décrivant, même sommairement, l’histoire des esclavagistes concernés par ces archives. Ce qui aurait davantage suscité l’intérêt autour de ces documents pour des raisons historiques. Or, ce qui a été fait, est plutôt pervers. Car le public a eu droit à un titre de choc, lequel titre a été suivi d’une information biaisée, et traité avec une légèreté inqualifiable. |

Cependant, l’impact a été réel car le choc du titre a provoqué un vrai choc émotionnel dans toute la communauté afro-antillaise, créant en même temps le risque de faire perdre l’acquisition de ces archives soit par la communauté elle-même, concernée en premier lieu par le travail de mémoire, soit par les pouvoirs publics, garants de la sauvegarde des documents d’archive à caractère public. Le commissaire priseur qui a été menacé par certaines associations mal informées n’a pas caché son dégoût de voir qu’une information orientée et agissant sur « les susceptibilités » nuise à la protection des documents sur la mémoire de l’humanité. Les « gens ne comprennent pas que mon objectif était de permettre que ces documents soient identifiés contrôlés ». « Si des menaces gênent cette vente, dit-il, ces documents vont purement et simplement retourner chez le propriétaire qui en fera ce qu’il veut ».
Soulignons toutefois, que plusieurs ordres des archives départementales de Bordeaux, Lyon, Polynésie française, etc. ont été reçus par l’expert. Les pouvoirs publics ne manqueront donc pas de veiller, avec certains membres d’association, à l’identité de celui qui se portera acquéreur des quelques documents ci-dessus cités.
Dans un dossier où le préjudice historique et humain est lourd, comme le silence qui l’entoure, le journalisme devrait faire preuve de plus de rigueur et de professionnalisme. Cela éviterait de traumatiser inutilement des personnes qui ont avant tout besoin d’informations et de vérité. |
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