|
 |
  |
 |
|
 |
|
 |
 |
 |
 |
 |
|
 |
 |
L'ambassadeur Liboire Ngendahayo
©
grioo.com |
 |
 |
|
 |
|
 |
|
 |
 |
|
|

M. NGENDAHAYO bonjour, Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?
Je ne suis pas un diplomate de carrière, je suis plutôt un universitaire. Je suis docteur en Médecine vétérinaire de l’Université de Liège en Belgique, docteur en sciences biologiques de l’Université de Montpellier 2 (USTL). J’ai davantage exercé ma vie professionnelle dans l’enseignement et dans la recherche en France et au Burundi. J’ai également travaillé comme docteur vétérinaire en Tanzanie et au Rwanda, et séjourné au Sénégal et au Mali pour des travaux de recherche sur le terrain, notamment lors de la préparation de mon doctorat en sciences biologiques sur les bilharzioses humaines et animales. En résumé, je dirais que j’ai une expérience internationale très riche qui a débuté en 1970 lorsque j’ai quitté le Burundi jusqu’en 1992, date de mon premier retour.
A partir de 1992 , je suis rentré au Burundi et j’ai intégré la faculté d’Agronomie de l’Université du Burundi à Bujumbura comme enseignant-chercheur. L’année suivante, à la suite des élections générales, j’ai été élu député national sur la liste du parti FRODEBU, lequel avait remporté 80% des sièges. Je suis ensuite rentré dans le gouvernement comme ministre de l’éducation nationale jusqu’au coup d’état du président Buyoya en juillet 1996. J’ai donc dû quitter à nouveau le pays cette fois pour des raisons politiques et rejoindre en exil, le président du parti (NDLR Dr Jean Minani, Président de l’Assemblée Nationale de transition et président exécutif du FRODEBU) en Tanzanie. Après la signature de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi, je suis rentré au Burundi et j’ai intégré à nouveau le corps enseignant, cette fois comme doyen de la faculté des sciences à l’université NGOZI (Nord du Burundi), puis retrouvé mon mandat électif de député tout en devenant secrétaire exécutif national permanent et porte-parole du FRODEBU. Quelques mois plus tard (NDLR en Juin 2002), j’ai été nommé ambassadeur en France.
Vous rentrez en 92 et dès 93, vous êtes élu député. Etiez-vous déjà dans la sphère politique antérieurement ou alors vous avez été saisi par le virus de la politique dès votre retour au bercail ?
Je dois dire que tout en étudiant et travaillant à l’extérieur, j’ai été toujours un militant politique, notamment pour lutter contre l’injustice menée par le pouvoir militaro-dictatorial de l’époque. Je reconnais avoir fait partie d’organisations politiques que je qualifierais de «progressistes» lors de mes séjours respectifs à l’extérieur. |
|

Quelle est votre appréciation du processus de transition aujourd’hui ? Est-ce que vous pensez que les parties jouent le jeu ?
Je suis de manière assidue la politique de mon pays depuis 30 ans et notamment les négociations qui ont débouché sur l’Accord d’Arusha. Je pense qu’à cette occasion, nous y avons effectué un grande révolution parce que nous nous sommes dits ouvertement les « quatre vérités ». Bien que l’accord qui en est sorti n’est pas parfait, mais il constitue néanmoins une avancée très significative, car les différents protagonistes ont dû se remettre en question et accepter un compromis.
Jusqu’aujourd’hui, nous fonctionnons sur la base de ces orientations et je peux me risquer à dire que, dans une perspective régionale des grands lacs secoués par des crises à répétition, le Burundi semble émerger un peu mieux que ses voisins de la RDC et du Rwanda. C’est la raison pour laquelle je pense que nous avons touché le fond et que nous n’avons d’autre choix que d’émerger progressivement. Après une crise comme celle que mon pays vient de traverser, qui dure depuis plus de onze années, tout le monde est fatigué par la guerre civile, par les tensions ethnico-politiques. |

Donc vous n’êtes pas inquiet par les actes de violence ici ou là (Ces derniers jours, des actes de violence et des meurtres ont été enregistrées dans les environs de Bujumbura, la capitale). Pour vous, les fondements de l’accord d’Arusha ne seront pas remis en cause ?
Non pas du tout. Bien sur, le banditisme et le vol à main armée ne s’estompent pas instantanément dans un pays qui sort d’une aussi longue crise, raison pour laquelle c’est toujours regrettable d’entendre les pertes de vies humaines. De plus, seul un mouvement rebelle, le FNL (NDLR : Front national de libération, mouvement extrémiste HUTU), n’a toujours pas rejoint le processus de paix, mais j’espère qu’il ne va pas tarder à le faire en dépit des nombreuses perches que le gouvernement lui a tendues, sinon il va se disqualifier lui-même maintenant qu’il est déjà considéré par la communauté internationale comme un mouvement terroriste. Pour le reste, le peuple burundais dans sa large majorité est résolument décidé à tourner la page afin d’œuvrer pour son propre développement.
L’armée nationale, par exemple, qui était aussi monocolore, a elle aussi fait sa petite révolution. D’ailleurs, l’armée et les FDD travaillent ensemble sur le terrain à la consolidation de la paix à la grande satisfaction de tout le monde, d’autant qu’il n’y a eu ni vainqueur, ni vaincu. Il s’en est suivi le cantonnement (trois camps) et la démobilisation des volontaires, aussi bien du côté de l’armée que des forces rebelles, y compris les enfants soldats. Le résultat de ce processus est que le Président de la République vient de signer cette semaine des décrets portant mise en place des Forces Nationales de Défense (FND) qui fusionnent les anciennes Forces Armées Burundaises (FAB) avec les forces armées des mouvements politiques rebelles ainsi le chef d’Etat-major général et son adjoint.
Cela dit, les partis politiques restent majoritairement ethniques dans leur composition ?
Là aussi les textes qui organisent les partis politiques prévoient une représentation mixte des différentes composantes ethniques dans chaque province. Mais c’est vrai que certains partis politiques restent marqués par une prédominance ethnique, mais les trois grandes formations politiques l’UPRONA, le FRODEBU et le CNDD-FDD gardent encore une base sociale pluri-ethnique. Il va de soi que dans l’avenir les Hutu seront plus représentés dans les partis politiques qui survivront aux prochaines élections, vu leur importance numérique.
La transition va bientôt prendre fin avec les élections. Quand auront-elles lieu ?
Il était prévu par l’Accord d’Arusha d’organiser les élections après l’adoption d’une constitution par voie référendaire. Cette constitution a déjà été validée par les deux chambres réunies en congrès. L’étape suivante, c’est le référendum populaire qui était déjà prévu pour le 20 Octobre, puis le 26 Novembre et enfin le 22 Décembre 2004. Il a été reporté une fois de plus uniquement parce qu’au niveau de la CENI (NDL La commission électorale nationale indépendante), on n’était pas prêt (problèmes de logistique).
Fort heureusement, l’Afrique du Sud a aidé le Burundi de telle sorte que le matériel prévu est à présent disponible à Bujumbura. Il y a eu également le recensement de la population dont la saisie des listes électorales a pris plus de temps que prévu, mais l’on vient de terminer l’établissement de ces listes électorales. On attend donc la nouvelle date de référendum, qui sera cette fois-ci la bonne et qui devrait, à mon avis, être fixée au cours des prochaines semaines.
Il subsiste actuellement un débat sur l’amendement ou pas de la constitution intérimaire avant le référendum, car lors de la campagne d’explication de cette constitution, on a noté que la population voudrait apporter des amendements à cette constitution, notamment l’élection du président de la république au suffrage universel direct. Par ailleurs, l’accord d’Arusha prévoyait que le président de la république devrait être élu au suffrage universel indirect par le congrès des deux chambres issues des prochaines élections législatives. D’où un certain tiraillement entre la classe politique et la base. C’est vrai que chacun des deux modes de scrutin a ses avantages et ses inconvénients, entre les partisans du respect de la volonté populaire (globalement défendue par le président actuel, issu du FRODEBU, qui voudrait qu’on amende la constitution avant de la présenter en référendum) et ceux de la parole donnée – on ne change pas les règles du jeu en cours de route (défendue par le président de l’Assemblée nationale –deuxième personnage de l’état et président du FRODEBU).
Il est vrai que cet amendement permettrait aussi que le président actuel, se porte candidat ce qui est impossible dans la deuxième perspective. |

La transition a été longue, très longue. Elle va bientôt s’achever et il faudra penser peut-être un peu plus en termes de développement du pays….
Oui, on espère qu’une fois les élections passées (avril 2005), les partenaires qui ont permis d’aider le Burundi, mais qui jusqu’ici attendaient que le processus de transition se termine pour débloquer les fonds, vont pouvoir le faire afin que le pays puisse initier les nombreux projets de développement qui moisissent dans des tiroirs.
Je suis d’autant plus confiant que la population burundaise est travailleuse. Nous avons de nombreux agriculteurs/éleveurs qui savent rebondir malgré les aléas de la nature, les crises socio-politiques, la guerre, etc.
C’est pour cela qu’en termes de développement, les secteurs que je trouverais prioritaires, sont tout naturellement l’agriculture (+95% de la population est agricole) et l’élevage. Je dirai même l’élevage d’abord et l’agriculture ensuite. Pourquoi ? Parce que avec la forte densité démographique dans le pays, les terres arables se sont dégradées à cause de la surexploitation des terres existantes, avec très peu de mise en enchère. Donc les terres sont devenues arides et nécessitent obligatoirement des engrais chimiques. Et comme peu de paysans peuvent s’offrir des engrais chimiques, il faut pouvoir compenser par les engrais organiques à travers l’élevage, mais aussi en recourant à l’utilisation des bio-fertilisants pour régénérer les sols.
Sur le plan de l’agriculture, nous avons la production traditionnelle du café, du thé, du coton, de la canne à sucre, de l’huile de palme, mais on pourrait donner un coup de fouet aux cultures vivrières comme la banane qui pourrait être mieux valorisée, transformée pour en faire des sous-produits qui peuvent être longtemps stockés.
Je parle spécifiquement de ces produits parce qu’on ne peut pas être exhaustif. Un petit pays comme le Burundi doit se concentrer sur des produits types disponibles en quantité suffisante toute l’année comme le Maïs, le Sorgho ou le blé.
Enfin, le tourisme est un secteur que nous pouvons aussi exploiter. Nous sommes entourés de pays touristiques comme la Tanzanie et le Kenya. Nous pouvons en profiter pour capter une clientèle désireuse d’un tourisme de qualité, compte tenu du relief et du climat spécifiques au Burundi.
Est-ce qu’au niveau de l’ambassade, des initiatives sont prévues pour vendre la destination « Burundi » ?
Tout a fait, au niveau de la mission diplomatique de Paris, nous essayons de mettre en valeur tous ces aspects touristiques pour que le public qui nous visite en prenne connaissance. Nous prévoyons aussi organiser, au mois de Juin prochain, la semaine du Burundi qui se terminera par la fête de l’indépendance, le 1er Juillet prochain. Nous souhaitons faire venir des partenaires du pays auxquels s’adjoindront des artistes de la diaspora burundaise et des contacts avec le patronat et les chambres de commerce françaises sont en cours. |
 |
|
 |
 |
 |
 |
|
|
Donnez
votre opinion ou lisez les 26 réaction(s) déjà écrites
Version
imprimable de l'article
Envoyer
l'article par mail à une connaissance
Partager sur:
Facebook
Google
Yahoo
Digg
Delicious
|
|
|
Les dernières photos publiées sur Grioo Village |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Top |
|
|
|
|
|
|
  |
 |
|
|