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Serge Bilé présente "Noirs dans les camps nazis"
24/01/2005
 

Après un documentaire il y a 10 ans le journaliste de RFO consacre un livre à ce sujet
 
Par Hervé Mbouguen
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En 1995, le journaliste Serge Bilé qui s'est plié l'année dernière au jeu de le rubrique "Parcours" de votre site a consacré un documentaire au sujet des noirs dans les camps nazis, donnant la parole à des survivants, qui ont pu glacer le sang des spectateurs en décrivant leur quotidien de "sous-hommes" dans les camps nazis.
Film à l'accueil tiède par les médias "non communautaires", Serge Bilé a passé les 10 années suivantes à se documenter sur le sujet, découvrant ainsi que le tout premier génocide allemand s'est déroulé... en Afrique, plus précisément en Namibie où les apprentis-nazis ont pu expérimenter leurs tristes méthodes.

En attendant une rencontre entre les grioonautes et lui-même à laquelle il s'est engagé, dès que son agenda le lui permettra, rencontre avec Serge Bilé qui commente son livre...

Vous venez de consacrer un livre au sujet des noirs dans les camps nazis, après avoir consacré un documentaire, il y a 10 ans, à ce sujet. Qu'est-ce qui vous a motivé?

Disons que le documentaire fait il y a 10 ans était relativement "brut" dans le sens où c'étaient quelques témoignages de personnes déportées. Pendant 10 ans, même si j'ai eu du mal à diffuser le documentaire qui n'intéressait pas grand monde dirons-nous franchement, j'ai continué à travailler, à faire des recherches, à m'informer. J'ai appris beaucoup de choses en plus, et il était important pour moi de publier un livre qui soit un peu la somme de tout cela, et qui aille beaucoup plus loin que le documentaire.

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Hereros  
Hereros
© unknownnews.net
 

Votre livre nous apprend que les premiers camps de concentration ont été créés en Afrique!

Les historiens se sont penchés sur le sujet en effet, et j'ai l'impression que c'est la première fois qu'il y a un écho national un peu plus fort à cette histoire.
On le sait maintenant, les premiers camps de concentration ont été construits en Namibie en 1904, pour exterminer les Héreros. Ce sont des camps à l'architecture similaire à ceux que les nazis mettront en place plus tard: des baraquements en bois, des fils de fer barbelés, des déportés tatoués, rachitiques, obligés de travailler de façon très dure. Il n'y avait pas de four crématoire, les héréros étaient directement pendus.
Des expériences médicales ont été conduites par un monsieur bien connu maintenant, le docteur Hoegen Fischer, qui aura plus tard pour bras droit Joseph Menguele qui sera le futur bourreau d'Auschwitz. On retrouve en Namibie un second personnage important, confirmant ainsi que tout a débuté en Namibie, c'est Goëring, le gouverneur de la Namibie, père du futur bras-droit d'Hitler.

Serge Bilé  
Serge Bilé
 

Vous parlez également des lois de Nuremberg dont on a toujours pensé qu'elles étaient rédigées pour les juifs, vous affirmez qu'elles visaient aussi et surtout les noirs

On l'oublie souvent, mais les allemands avaient des colonies, et beaucoup de noirs ressortissants de ces ex-colonies vivaient en Allemagne avant-guerre, et quand la guerre a éclaté, de nombreux afro-allemands qui ne connaissaient que l'Allemagne et aucun autre pays, ont vu leurs passeports retirés, les étudiants se ont été exclus des cours, ils se sont fait interdire de service militaire, quand à son arrivée au pouvoir Hitler a fait voter les fameuses lois de Nuremberg. Ce ne sont pas les seules humiliations qu'ils vivent puisque les males sont stérilisés, ceux qui violent les lois de Nuremberg qui interdisaient les rapports entre aryens et noirs sont systématiquement envoyés en camp de concentration. C'est comme ça que dès 1933-1935 certains sont déportés, même si les tous premières déportations datent de l'arrivée au pouvoir d'Hitler en 1933 qui veut se venger de la honte noire vécue lors de l'occupation de la Rhénanie après la défaite de 1914-1918 qui a vu la Rhénanie occupée par des soldats noirs: pour Hitler ils ont souillé le sol rhénan.
De surcroît, des relations entre ces soldats et des allemandes sont nés 800 enfants métis.
Quand Hitler arrive au pouvoir il fait stériliser les enfants et envoie la moitié d'entre eux en camp de concentration.

Des noirs dans les camps de concentration nazis  
Des noirs dans les camps de concentration nazis
© serge-bile.com
 

Vous faites une distinction entre les noirs déportés d'autres pays comme la France pour faits de résistance, ou de communisme, alors qu'en Allemagne c'était du racisme pur et simple

En Allemagne une partie des "bâtard de Rhénanie" et de ceux qui enfreignaient les lois de Nuremberg étaient systématiquement envoyés en camp de concentration. Je me rappelle d'un afro-allemand qui venait du Tanganyka et qui a eu le malheur d'avoir une maîtresse allemande qui est tombée enceinte, et qui est allé à la mairie pour déclarer l'enfant: il a été immédiatement arrêté et déporté.

Les autres noirs ont été arrêtés soit parce qu'ils étaient résistants, soit parce qu'ils étaient communistes, et on oublie souvent que les noirs ont joué un rôle important pendant la seconde guerre mondiale.

Déporté allemand d'origine camerounaise (dans le documentaire de Serge Bilé)  
Déporté allemand d'origine camerounaise (dans le documentaire de Serge Bilé)
 

Sait-on combien de noirs sont passés par les camps de concentration, et combien en sont sortis vivants?

Aucun historien ne s'étant penché sur le sujet des noirs en camp de concentration, aucune estimation n'a jamais été faite sur le sujet. Au moment de la seconde guerre mondiale, à l'exception d'Haïti, de l'Ethiopie et du Libéria il n'existait pas de pays noir indépendant, les noirs ont donc été comptabilisés sous la bannière de leur puissance coloniale. Rien ne permet par exemple de distinguer un noir français déporté d'un breton déporté.
John William par exemple qui est un déporté franco-ivoirien ne peut pas être distingué d'un déporté juif.
J'ai fait un travail d'extrapolation à partir du nombre d'afro-allemands qu'il y avait avant la guerre en Allemagne, et dans d'autres pays, j'estime à titre personnel qu'il y aurait eu entre 10.000 et 30.000 déportés noirs, et j'espère que ce sera étayé un jour par un travail d'historien.
Combien ont survécu? Dans le nombre de cas que j'ai pu découvrir ou rencontrer, je connais une dizaine de survivants.

John William  
John William
 

Le rôle des noirs pendant la guerre a longtemps été tabou en France, vous avez pourtant pu vous exprimer sur de grands médias français, comment expliquez-vous le regain d'intérêt de la France pour le rôle des noirs pendant la guerre?

Je suis agréablement surpris par l'enthousiasme qu'il y a autour du livre, pour lequel l'éditeur a été surpris par l'engouement et est en rupture de stock. Ce que je sais c'est que lorsque j'ai fait le film, pendant 9 ans et 10 mois, le sujet n'intéressait personne. J'allais avec mon petit film sous le bras, il était diffusé dans de petits festivals, aucune télévision n'en voulait, John William m'accompagnait de temps en temps et discutait avec le public.
Comment expliquer le succès de ça? Je n'en sais rien, mais je sais que l'histoire est toujours écrite par le vainqueur, et le vainqueur ne veut voir que sa propre souffrance et pas celle des autres, c'est aux gens qui sont concernés de se battre pour que leur souffrance soit reconnue, trop portés sur l'esclavage peut-être n'avons-nous pas prêté suffisamment attention à cette histoire nous-mêmes, ou à d'autres, comme ce qui s'est passé au Congo avec le roi Léopold. Il nous revient à nous, journalistes comme historiens, de nous pencher sur ces choses-là.
Simone Veil me disait récemment qu'il avait fallu 20 ou 30 ans aux déportés juifs pour se faire entendre. S'il leur a fallu 30 ans, nous qui pesons encore moins dans le monde, nous qui étions encore en esclavage avant la guerre, ce ne sera pas facile, mais même s'il est vrai qu'on ne nous a pas beaucoup aidés, c'est à nous de nous battre.

Des images de ''tirailleurs''au Camp de Thiaroye extraites du film ''Camp de Thiaroye''(1988) de Sembène Ousmane  
Des images de ''tirailleurs''au Camp de Thiaroye extraites du film ''Camp de Thiaroye''(1988) de Sembène Ousmane
© http://r7a.free.fr
 

Les soldats africains ont pris part à la guerre dans les mêmes conditions que les autres, mais le problème de leurs pensions reste cruellement ouvert

Je rappelle dans le livre que dès la fin de la guerre, il y a eu des révoltes des soldats africains parce qu'ils n'avaient pas la même solde que les soldats français "de souche", ils ont dénoncé ces injustices, plusieurs d'entre eux ont été rappatriés en Afrique, notamment au Sénégal, et c'est comme cela qu'il y a eu le massacre du camp de Thiaroye ([a2 info991.html voir article), dont je parle également.
Cette histoire d'injustice date de ce moment, et je trouve que l'attitude de la France est injuste, pour ces gens qui ont donné tout leur coeur, tout leur amour, tout leur sang, pour ce pays, et ils méritaient mieux que ça.

Dans ces moments il faut une posture honnête, et la France n'a pas été honnête vis-à-vis de ses tirailleurs africains, parce que les antillais ne connaissent pas ce problème, elle aurait pu faire un geste pour que les pensions de ces soldats africains soient les mêmes que les soldats français après l'indépendance, parce que le sacrifice qu'ils ont fait le méritaient. Ca tombe sous le coup du bon sens et de l'honnêté.

Note: les livres coûtant le même prix en France, quelques librairies où vous pouvez trouver des livres afro-antillais:
Hibiscus Records
6 boulevard de Strasbourg 75010 Paris
Téléphone:01 42 49 75 75
La librairie Anibwe
52, rue Greneta à Paris
tél / fax : 01 45 08 48 33
Librairie Be Zouk
36 bis rue de Montreuil 75011 Paris
Téléphone: 01 43 67 67 17

       
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