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Pour Cyrille Nkontchou, les marchés africains viennent d'enregistrer trois années d'embellie boursière, la correction n'est pas très loin
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Monsieur Nkontchou, les places financières africaines ont enregistré en 2004 une très bonne performance générale comme en témoignent les indices ci-dessous, a quoi attribuez-vous cette bonne performance générale ?
Oui effectivement, les places financières africaines ont réalisé pour la troisième année consécutive, une performance positive en dollars avec en moyenne une hausse de 34% contre 22% en moyenne pour les marchés émergents et 14% pour les marchés développés. Donc une croissance très supérieure aux autres zones géographiques. Cette croissance est due à mon avis à 3 facteurs principaux :
La flambée des prix des matières premières en 2004 : L’or a par exemple pris 13% cette année, le pétrole a poursuivi sa hausse au moins sur la première partie de l’année, les cours du café Cacao ont également été très élevés
La baisse du dollar s’est accentuée. En 2004, pour la première fois, les monnaies africaines ont affiché une performance positive par rapport au dollar.
Et puis de manière générale, la performance générale des économies africaines a été bonne. La croissance du PNB s’élèvera en moyenne autour de 4,5% selon le FMI contre 4.3% en 2003.
Donc le constat est clair, Bonnes performances dans l’ensemble, est-ce que néanmoins cette vigueur s’est traduite par un afflux de fonds extérieurs vers ces places financières ou alors est-ce simplement une hausse mécanique du fait des raisons évoquées plus haut ?
Oui, malheureusement hormis l’Afrique du Sud qui a connu une hausse des investissements étrangers, le reste de l’Afrique a enregistré une hausse tirée essentiellement par les investisseurs locaux. |
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Patrick Motsepe, investisseur sud-africain
©
empowerment.co.za |
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L’Afrique du Sud est le marché le plus important en Afrique, néanmoins on constate qu’en termes de P/E (Price Earning) ratio, le marché sud-africain n’est pas très cher. A quoi l’attribuez-vous ?
Effectivement, quand on regarde le P/E ratio qui est un indicateur de la valorisation relative d’un marché, on constate que le P/E moyen observé en Afrique du Sud est relativement moindre que celui observé dans les autres marchés africains. Je pense que ceci vient du fait que certaines bourses africaines ont atteint des niveaux de valorasation relative très élevés.
Il y a eu une flambée boursière ces trois dernières années sur des marchés assez étroits, ce qui a porté le prix des actions à des niveaux qui ne se justifient pas pour la qualité des actifs proposés. Autrement dit, certaines bourses africaines sont en terme de valeur relative assez cheres. Pour vous donner un ordre d’idées, le P/E moyen au Ghana est par exemple de 24 qui est plus cher que le P/E moyen des bourses européennes ou même des Etats-Unis. Nous, chez LiquidAfrica, nous considérons déjà que les bourses africaines au-delà d’un PER de 10, sont surévaluées. Il ne serait donc pas surprenant pour nous que nous enregistrons en 2005, une correction à la baisse de certaines places boursieres africaines.
Cela dit, est-ce que la tendance fondamentale des bourses africaines ne sera pas porté vers la hausse étant donné les données macro-économiques positives de certains pays comme le Ghana, l’Afrique du Sud et dans une moindre mesure le Nigeria ?
Je pense qu’il faut effectivement distinguer le court terme et le long terme. Lorsque nous regardons les statistiques économiques de 2003 et 2004, ainsi que les prévisions à venir, il n’y a aucun doute qu’il y a un potentiel d’appréciation.
Ceci étant dit, nous venons de traverser trois années de flambée boursière, et je crois que la théorie des cycles est particulièrement valable pour les marchés financiers et le scénario le plus probable, serait une correction au moins sur certaines places financières. |
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"La clé du succès d'une place financière ? C'est d'abord les entrepreneurs" assure le fondateur de Liquid Africa. "Il faut qu'ils aient envie d'utiliser la bourse comme moyen de lever du capital"
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Vous avez parlé des investisseurs locaux qui seraient les principaux artisans de cette flambée ? Qui sont-ils exactement ? Les banques, les assurances, les financiers ?
Ça varie d’une région à l’autre. En général, les plus grands investisseurs sont les investisseurs dits « institutionnels » : les sociétés d’assurance et les fonds de pension « organisés » , voire les fonds de pension « internes » c’est-à-dire les fonds de pension gérés par les entreprises elles-mêmes.
D’ailleurs, cette dernière catégorie est très souvent utilisée en Afrique, à la différence des marchés relativement organisés, où ces activités sont plus ou moins régulées et déléguées à des tiers.
Donc ce sont vraiment les sociétés d’assurance et les fonds de pension qui investissent. Et moins significativement les banques, qui pour des contraintes de liquidité notamment, ne peuvent pas placer l’argent des clients sur une si longue période.
A côté de ces investisseurs « institutionnels », vous avez aussi des particuliers. En Afrique du Nord, en Tunisie par exemple, l’investissement est dominé par les particuliers. Quand on y regarde plus près, on constate que c’est souvent lié aux incitations fiscales particulières. Ce qui n’est pas toujours le cas dans d’autres pays.
Considérez-vous donc que la condition de succès d’une bourse repose surtout sur la politique fiscale qui y est appliquée ? (En Afrique centrale, deux bourses sont en cours de création)
Non, je pense qu’il y a 2 aspects importants dans tout marché et particulièrement dans un marché financier : l’offre et la demande.
Personnellement, je pense que ce qui fait le succès des bourses, c’est l’entrepreneur. Il faut qu’il y ait des sociétés qui veuillent se lister. Ce n’est pas seulement parce qu’il y a des gens qui veulent acheter qu’on arrive à susciter les entreprises à se lister.
Le succès des bourses se traduit avant tout par l’émergence des sociétés, qui veulent utiliser la bourse comme moyen de lever du capital par rapport aux offres alternatives comme le prêt bancaire, etc.
Alors une fois qu’on a des dossiers, des bons dossiers, il faut qu’il y ait bien évidemment des acheteurs. Mais le plus important encore à mon avis, est qu’un cadre juridique soit mis en place pour réguler la gestion des fonds de pension : le facteur le plus structurant résidera dans l’existence d’un cadre législatif et réglementaire fort qui définisse de manière précise les règles selon lesquelles les fonds doivent être gérés (c’est-à-dire on n’a pas droit de faire ce qu’on veut, une société ne doit pas investir sur ses propres titres ou dans l’immobilier par exemple). On crée ainsi un cadre où des professionnels gèrent avec des règles d’allocation d’actifs équilibrées ou reposant sur des considérations professionnelles. Aujourd’hui encore, dans plusieurs pays, des sociétés gèrent elles-mêmes leurs fonds et investissent essentiellement dans l’immobilier. Ce qui est biensur potentiellement risqué.
Si ces règles que nous venons d’évoquer, étaient appliquées, cela créerait un flux de capital important et quotidien, qui serait canalisé et dirigé vers les marchés financiers.
En résumé, un cadre juridique fort est bien plus important que des incitations fiscales. |

Quelle est la valeur ajoutée que Liquid Africa apporte dans ce système financier ?
Quand nous montions notre structure, nous avions à l’idée qu’il y a 3 facteurs importants dans l’animation et le développement d’un marché financier :
L’accès à l’information : Il est en effet capital que les différents intervenants puissent accéder à l’information, comparer les valeurs et disséminer l’information.
L’accès au marché : c’est le niveau transactionnel. Nous avons mis en place pour cela des partenariats avec les intermédiaires de bourse dans chaque place qui permettent notamment aux investisseurs étrangers qui ne veulent pas ou ne peuvent pas identifier un interlocuteur dans chaque place, de passer par notre plate-forme.
L’accès des particuliers où qu’ils soient à la plate-forme : Ce volet qui reste à mettre en place a pour but d’offrir les services d’intermédiation aujourd’hui destinés aux investisseurs institutionnels, aux particuliers. C’est-à-dire permettre à un ressortissant africain basé en France par exemple, qui souhaite investir à la bourse d’Abidjan de pouvoir le faire (lui ouvrir un compte sur place, passer ses ordres, etc..)
Qu’est ce qui vous empêche de le réaliser jusqu’ici ?
Nous avons décidé d’aller par étapes. Nous avons décidé de servir d’abord les institutionnels qui sont une clientèle plus concentrée mais qui investit de gros montants, alors que les particuliers sont une clientèle plus fragmentée et qui investit sur des faibles montants. Ce qui crée aussi des problèmes logistiques. Nous devons être équipés pour cela avant de pouvoir le faire. Donc ça requiert quelques investissements que nous envisageons de le faire. Enfin, nous validons également qu’il y a effectivement une demande en ce sens.
Grioo.com vous remercie
Cyrille Nkontchou, analyste financier, est le fondateur et dirigeant de LiquidAfrica, une plate-forme en ligne de services financiers à vocation panafricaine, basée en Afrique du Sud. |

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