
Les pays africains ont levé leurs sanctions contre le Togo après l'annonce par Faure Gnassinbgé de sa renonciation au poste de président du pays où l'avait installé l'armée après le décès de son père, ont annoncé les Nations unies.
Le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, a salué la décision de Gnassingbé, qui entend se présenter à la prochaine élection présidentielle, et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) a fait savoir que le Togo allait être réadmis au sein de l'organisation.
"En conséquence de ces développements positifs, la (Cedeao) a levé les sanctions imposées au Togo", dit un communiqué d'Annan.
Des milliers de Togolais sont descendus dans les rues samedi à Lomé dans le cadre de deux manifestations pacifiques rivales qui étaient prévues avant l'annonce du retrait de Gnassingbé.
Les pays africains, les dirigeants européens et les Etats-Unis avaient tous exhorté Gnassingbé à démissionner après que l'armée l'eut porté à la présidence le 5 février suite au décès de son père Gnassingbé Eyadéma, au pouvoir depuis 38 ans.
Vendredi, alors que la pression s'accentuait sur Gnassingbé, l'Union africaine (UA) avait suspendu le Togo de toutes les activités de l'organisation panafricaine en exprimant son soutien aux sanctions adoptées il y a une semaine par la Cedeao contre Lomé.
Dans un communiqué, la Cedeao se réjouit d'"un acte positif" qui "permet au Togo de retrouver la place qui est la sienne au sein de la communauté et de participer comme par le passé, à travers ses précieuses contributions, au processus d'intégration de notre sous-région".
La présidence togolaise a annoncé que le président nigérian Olusegun Obasanjo, son homologue nigérien Tandja Mamadou et le président ghanéen John Kufuor se rendraient lundi à Lomé.
CANDIDAT DU RPT
Abass Bonfoh, membre du parti au pouvoir, a été élu vendredi soir président du parlement togolais et assurera de ce fait l'intérim présidentiel jusqu'à la prochaine élection. Il a obtenu les voix de 57 des 62 députés présents à l'assemblée, qui compte 81 sièges occupés dans leur majorité par le Rassemblement du peuple togolais (RPT)
Pour apaiser la communauté internationale, Gnassingbé s'était engagé précédemment à organiser un scrutin présidentiel dans un délai de soixante jours mais entendait assurer l'intérim jusqu'au scrutin.
"Afin de garantir la transparence de cette élection, son équité, et de donner les mêmes chances à tous les candidats, j'ai décidé de renoncer au poste de président de l'Assemblée nationale assurant provisoirement les fonctions de président de la République", a dit Gnassingbé vendredi soir dans un discours retransmis par les médias d'Etat.
"Je souhaite vivement que la communauté ouest-africaine et la communauté internationale soient à nos côtés pour garantir l'organisation d'élections libres, transparentes et honnêtes."
En vertu de la constitution togolaise, le président de l'Assemblée nationale, Fambaré Ouattara Natchaba, aurait dû assumer l'intérim aussitôt après la mort d'Eyadéma. Mais, Natchaba se trouvant alors à l'étranger, l'armée togolaise avait porté Gnassingbé à la tête de l'Etat et l'assemblée avait légitimé l'initiative en l'élisant à sa propre présidence.
Le code électoral et la Constitution avaient ensuite été modifiés pour permettre au nouveau dirigeant de se maintenir au pouvoir jusqu'en 2008, terme du mandat présidentiel qu'accomplissait son père.
Avant l'annonce de sa démission, Gnassingbé avait été désigné vendredi candidat du Rassemblement du peuple togolais (RPT) au scrutin présidentiel anticipé. "Le RPT est un parti qui excelle dans l'adversité. Le RPT est un parti qui excelle dans les périodes difficiles et c'est un parti imbattable", avait-il déclaré.
L'un des principaux dirigeants de l'opposition togolaise, Gilchrist Olympio, n'est en revanche pas autorisé à se présenter à l'élection présidentielle parce qu'il vit en exil. Durant la manifestation de samedi à Lomé, une banderole de l'opposition proclamait "Pas d'élection présidentielle sans Gilchrist Olympio".
De son côté, la France a salué "le retour à l'ordre constitutionnel au Togo (...) et le sens de l'intérêt national dont ont fait preuve, à cette occasion, les responsables togolais", a fait savoir le Quai d'Orsay.
D'après Reuters |