
Qui est Michael Jackson ? Si l'on en croit le procureur Thomas Sneddon, c'est un dangereux prédateur friand de corps imberbes et de jeunes garçons. Si l'on en croit au contraire l'avocat de la défense Thomas Mesereau, la pop star de 46 ans est la généreuse victime de la cupidité d'une mère dénuée de scrupules dont la vie n'a été qu'une suite d'actes malhonnêtes.
A entendre les exposés préliminaires des deux hommes en début de semaine dans la salle d'audience de Santa Maria, on aurait pu jurer qu'ils ne parlaient pas du même homme.
Que la famille de l'accusateur, Gavin Arvizo, aujourd'hui 15 ans, soit motivée par l'argent ou non, qu'elle ait menti à plusieurs reprises sur les détails ou la chronologie des événements, la question reste entière : Michael Jackson s'est-il livré à des actes obscènes, a-t-il enfin fait d'un enfant de 12 ans le partenaire de jeux sexuels interdits et illégaux ?
Suite à une sélection accélérée du jury le 25 février dernier par le juge Rodney Melville, le procès du chanteur s'est ouvert lundi avec la déclaration de Tom Sneddon. Sans perdre de temps, le procureur s'est lancé dans une longue tirade sur la perversion de l'accusé, n'hésitant pas à décrire les faits qui lui sont reprochés dans les termes les plus crus. Lors de sa première visite au ranch de Neverland, Gavin, alors en rémission d'un cancer pourtant jugé incurable par ses médecins, aurait ainsi eu droit à une visite guidée de sites pornographiques sur Internet. Au cours d'une autre occasion, alors que l'adolescent et son jeune frère se trouvaient au ranch pour la nuit, Michael Jackson se serait mis à parader nu comme un vers, le pénis en érection, devant les jeunes garçons en leur expliquant : «C'est naturel. Il n'y a pas de problème. Pourquoi n'en faites-vous pas autant ?» Cette nuit-là, les frères seraient partis en courant de la chambre de leur hôte, dégoûtés.
Mais c'est après la diffusion, en février 2003, du documentaire du Britannique Martin Bashir «Living with Michael Jackson» que les actes sexuels dont est accusé Jackson auraient eu lieu, en la présence, insoupçonnée du chanteur, du jeune frère de Gavin. En arrivant en haut de l'escalier menant à la chambre de Michael Jackson, le garçon aurait découvert une scène scandaleuse : Gavin étendu sur le lit, apparemment endormi, la main de Michael Jackson dans son slip tandis que le chanteur se masturbe au milieu de bouteilles de vodka et de vin.
«M. Jackson nie catégoriquement ces accusations, qui sont totalement fausses», a rétorqué Thomas Mesereau lors de sa déclaration préliminaire. Faisant entrevoir la possibilité d'appeler l'accusé à la barre des témoins, l'avocat a déclaré que «Michael admettra librement qu'il lit des magazines érotiques. Mais il nie les avoir jamais montrés à des enfants».
En quarante-cinq minutes, Mesereau a présenté les grandes lignes de sa future stratégie qui consistera principalement à détruire la crédibilité de Gavin et de sa mère Janet. «Au moment des faits dont il est accusé, a ainsi expliqué l'avocat, Gavin et son frère se comportaient comme des enfants gâtés au ranch. Ils s'introduisaient sans permission dans la cave à vins de leur hôte, se jetaient sur sa collection de magazines pornographiques et avaient mémorisé tous les codes secrets des manèges qu'ils mettaient en route pour s'amuser tout en traumatisant les animaux du zoo.»
Réfutant les accusations de séquestration au ranch dont la famille prétend avoir été la victime pour les besoins d'un «contre-documentaire» restaurant l'image du chanteur, l'avocat a ensuite expliqué qu'en de multiples occasions, la mère des deux enfants, Janet, aurait pu alerter les autorités. Le reçu d'un salon de coiffure démontrera qu'elle était libre de ses mouvements à la date où elle prétend avoir été retenue au ranch avec ses enfants contre son gré. «Lorsqu'elle a réalisé qu'elle ne pourrait tirer aucun avantage financier de ce documentaire, elle a décidé de trouver un autre moyen de s'enrichir. Et c'est ainsi que nous sommes tous dans cette salle d'audience», a conclu l'avocat.
D'après Le Figaro |