
Le directeur général de Boeing a démissionné à la demande du conseil d'administration du groupe, qu'il présidait depuis décembre 2003, en raison d'une liaison avec une employée. Il est remplacé par James Bell, jusqu'à la désignation d'un nouveau directeur général.
Le conseil d'administration du géant aéronautique américain a "demandé et obtenu" la démission d'Harry Stonecipher. Boeing explique qu'une commission juridique a établi que la conduite du directeur général était incompatible avec le code déontologique de la firme, même si sa liaison ne concernait pas une personne sous ses ordres directs et n'avait pas d'effet sur la conduite du groupe.
M. Stonecipher est remplacé avec effet immédiat par le directeur financier James Bell, 56 ans dont 32 chez Boeing, qui assurera l'intérim à la tête de l'avionneur jusqu'à la désignation d'un nouveau directeur général, poste auquel M. Bell ne postule pas, précise Boeing. Le président du conseil d'administration, Lew Platt, sera aussi appelé à jouer un rôle accru, ajoute Boeing.
M. Stonecipher, qui a été directeur général de McDonnell Douglas jusqu'à la fusion du groupe avec Boeing en 1997, puis directeur général délégué de Boeing de 1997 à 2001, perd également son mandat d'administrateur du groupe. Agé de 68 ans, il est marié et père de deux enfants.
"Les faits montrent que Harry n'a pas fait preuve de discernement et nuiront à sa capacité de diriger la compagnie", a déclaré Boeing. La relation n'a pas eu de conséquence pour la carrière de l'employée concernée, ajoute le groupe, qui précise que le conseil d'administration a ordonné l'ouverture d'une enquête interne à la suite d'une dénonciation anonyme reçue il y a dix jours.
APPROCHE DYNAMIQUE
M. Stonecipher a su insuffler chez Boeing une approche plus dynamique en matière de marketing qui a permis au groupe de Chicago de regonfler ses commandes. Il avait souhaité rester aux commandes de la firme au moins jusqu'à l'assemblée annuelle de 2006.
Cependant, souligne l'analyste Joseph Battipaglia, les scandales ont conduit la compagnie à se montrer intraitable sur tout ce qui pourrait nuire à son image. "Boeing est suivi de près et tout écart, que ce soit à propos d'un contrat gouvernemental, d'une transaction via un tiers, voire d'une histoire personnelle, ne peut être toléré". "Boeing doit présenter le profil le plus clair possible pour tout ce qui touche à la gouvernance d'entreprise", ajoute Battipaglia.
L'avionneur a été fortement ébranlé par l'affaire Druyun, du nom de Darleen Druyun, ancienne numéro deux des achats d'armement de l'armée de l'air américaine, qui avait débouché sur la démission du prédécesseur de Stonecipher, Phil Condit, à la fin 2003.
Mme Druyun a été condamnée en 2004 à neuf mois de prison pour avoir négocié avec l'ancien directeur financier de Boeing Michael Sears un emploi chez l'avionneur alors qu'elle supervisait encore les contrats du groupe avec l'US Air Force. "Boeing a déjà eu à gérer des violations du code de conduite et par conséquent, il a décidé d'adopter une approche très sévère. Il faut l'admettre, l'environnement des entreprises a changé. Les conseils d'administration jouent un rôle beaucoup plus actif pour gérer les problèmes au sein de leurs entreprises", constate Rick Meckler, président de la société d'investissement LibertyView Capital Management.
D'après Reuters |