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Le cardinal Arinze est le quatrième dans l'ordre protocolaire au Vatican
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jcu.edu |
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Le pape Jean Paul II est mort samedi au Vatican à l'âge de 84 ans, emporté par la maladie qui a transformé en calvaire la fin de ses 26 années à la tête de l'Eglise catholique, pendant lesquelles il aura marqué le monde par son charisme et sa ténacité.
Jean Paul II, qui était le chef spirituel de plus d'un milliard de fidèles, sera inhumé dans un délai de quatre à six jours, et dans les quinze à vingt jours à venir, le collège des cardinaux se réunira pour lui désigner un successeur.
"Le Saint-Père est mort ce soir à 21h37 (19h37 GMT Samedi) dans son appartement privé", a annoncé son porte-parole Joaquin Navarro-Valls dans un communiqué.
"Toutes les dispositions prévues dans la constitution apostolique 'Universi Dominici Gregis' promulguée par Jean Paul II le 22 février 1996 sont entrées en vigueur", a-t-il ajouté.
Ce texte édicte les règles à suivre pour la vacance du trône de Saint-Pierre, les obsèques du pape décédé ainsi que la convocation du conclave et les règles pour l'élection de son successeur.
Le Vatican a annoncé que la dépouille mortelle de Jean Paul II serait exposée à partir de lundi à la basilique Saint-Pierre. La première congrégation des cardinaux, qui doit décider de la date des funérailles, aura lieu le même jour, a indiqué M. Navarro-Valls.
Selon des sources au Vatican citées par l'agence de presse italienne Ansa, les funérailles ne devraient pas avoir lieu avant jeudi.
Le pape s'est éteint en tenant la main de son secrétaire particulier, l'archevêque polonais Stanislaw Dziwisz, pendant que 60.000 fidèles rassemblés sur la place Saint-Pierre priaient et chantaient pour lui.
Les fidèles ont continué à affluer et au moins 100.000 personnes étaient réunies sur la place vers minuit, selon des estimations de la police.
Le décès du chef de l'Eglise a été annoncé à la foule par le cardinal Camillo Ruini, vicaire du pape à Rome, comme le veut la tradition. Beaucoup de fidèles se sont alors effondrés en larmes. Le cardinal secrétaire d'Etat Angelo Sodano a ensuite entonné le "De Profundis", et les cloches des églises de Rome se sont mises à sonner.
L'Italie a déclaré trois jours de deuil national.
A Wadowice, la ville natale de Jean Paul II, comme dans toute la Pologne, des milliers de fidèles se sont figés dans le silence en entendant le tocsin des églises. Beaucoup étaient en pleurs.
Les drapeaux ont été mis en berne, et le président polonais Aleksander Kwasniewski a décrété un deuil national dès samedi soir jusqu'à l'enterrement du pape.
Des deuils nationaux ont été décrétés dans plusieurs autres pays. Les hommages ont aussitôt commencé à affluer du monde entier.
Le secrétaire général de l'Onu, Kofi Annan, s'est déclaré samedi "profondément attristé" par le décès d'un "infatigable avocat de la paix".
"Le monde a perdu un défenseur de la liberté", a estimé le président américain George W. Bush. La reine Elizabeth II d'Angleterre a exprimé son "profond chagrin".
Pour le président français Jacques Chirac, "l'Histoire gardera l'empreinte et la mémoire de ce souverain pontife exceptionnel dont le charisme, la conviction et la compassion auront fait résonner le message évangélique d'un écho sans précédent sur la scène internationale".
Le chancelier allemand Gerhard Schroeder a estimé que le pape "a écrit l'Histoire: par son action et son influence, il a changé notre monde".
"Le pape nous a communiqué espérance et confiance. Il a gravé nos consciences avec des valeurs qui donnent du sens à la vie et à la société des hommes", a déclaré le président italien Carlo Azeglio Ciampi.
Le président de la Commission européenne José Manuel Durao Barroso a salué le rôle "historique" de Jean Paul II pour la "réunification" de l'Europe, le qualifiant de "père fondateur de l'Europe unie".
"Israël, le peuple juif et le monde entier ont perdu aujourd'hui un grand champion de la réconciliation et de la fraternité entre les religions", a déclaré le ministre israélien des Affaires étrangères Sylvan Shalom.
On notera aussi celle du président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, a salué la mémoire du pape Jean Paul II en le qualifiant de "personnification de la vertu de l'amour" et a remercié le défunt pape pour s'être opposé aux ex-dictateurs militaires qui ont dirigé le Nigeria.
Sur un plan très personnel, le président nigérian a remercié le Pape pour s'être élevé contre son emprisonnement quand il était dans l'opposition du temps du régime du général Sani Abacha."Le président Olusegun Obasanjo a accueilli avec une immense tristesse la nouvelle du décès de l'un des plus grand dirigeant religieux et homme d'Etat du monde", a annoncé son porte-parole Remi Oyo. Peuplé d'environ 130 millions d'habitants, le Nigeria compte 20 millions de catholiques. Des conflits interreligieux se produisent régulièrement dans le pays entre chrétiens et musulmans.
"Le Pape Jean Paul II n'était pas seulement le chef des catholiques du monde, dont le Nigeria, il s'était aussi engagé avec courage pour la tolérance mutuelle, l'harmonie et l'unité entre les religions", a poursuivi le porte-parole du président. Jean Paul II s'était rendu en deux occasions au Nigéria, en 1982 et 1998.Parfois présenté comme la meilleure chance de l'Afrique pour la succession du pape, le cardinal nigérian Francis Arinze est actuellement numéro 4 dans la hiérarchie vaticane.
Alors que le pape vivait ses derniers instants, des millions de fidèles s'étaient rassemblés pour prier à travers le monde.
Après deux hospitalisations successives et une trachéotomie en février, l'état de santé de Jean Paul II s'était brusquement aggravé jeudi, à la suite d'une infection urinaire, d'une septicémie et d'un arrêt cardiaque.
Privé de la parole à la suite de la trachéotomie, il s'était montré néanmoins à quelques reprises de manière impromptue à la fenêtre de sa chambre d'hôpital, parvenant seulement à prononcer quelques mots en public le 13 mars, avant son retour au Vatican.
Depuis lors, Jean Paul II était resté silencieux, absent le 25 mars, Vendredi saint, du traditionnel Chemin de croix, apparaissant seulement aux fidèles filmé de dos dans ses appartements. Deux jours plus tard, le dimanche de Pâques, il devait renoncer à prononcer la bénédiction "Urbi et orbi".
Reclus dans ses appartements, il avait reçu jeudi soir les sacrements du malade.
Premier pape slave de l'histoire de la chrétienté, premier pape non italien depuis 455 ans, Karol Wojtyla, né le 18 mai 1920 à Wadowice, dans le sud de la Pologne, élu chef de l'Eglise à 58 ans, le 16 octobre 1978, s'était imposé comme un chef spirituel doublé d'un homme d'action.
Polyglotte et inlassable pèlerin, il aura aussi médiatisé sa fonction, attirant des foules considérables à chacun de ses déplacements - 104 voyages à l'étranger et 129 pays visités.
Mais ce pontificat aura aussi été marqué par les multiples problèmes de santé de cet homme, autrefois grand sportif, affaibli par la maladie de Parkinson et par les séquelles des blessures reçues lors de l'attentat de l'extrémiste turc Mehmet Ali Agca, le 13 mai 1981 sur la place Saint-Pierre, d'un cancer à l'intestin et de deux fractures, une à l'épaule et une au fémur.
L'inhumation aura lieu en la basilique Saint-Pierre de Rome, sauf en cas de dispositions testamentaires contraires. Selon certains de ses compatriotes, Jean Paul II aurait souhaité être inhumé en Pologne, dans le tombeau familial à Wadowice, près de Cracovie. La question sera tranchée si le pape a laissé un testament.
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