
La compagnie aérienne nationale Air Gabon, qui traverse depuis plusieurs années de très graves difficultés financières, se trouve actuellement en "état de cessation de paiement", a indiqué mardi le Premier ministre gabonais Jean-François Ntoutoume Emane.
"Air Gabon se trouve aujourd'hui en état de cessation de paiement et ne doit sa survie qu'au soutien financier de l'Etat", a déclaré M. Ntoutoume Emane en réponse à une série de questions posées par des sénateurs lors d'une séance d'interpellation du gouvernement.
Le cabinet chargé du contrôle de gestion de la compagnie a "déclenché la procédure d'alerte", a-t-il ajouté.
"Des discussions sont actuellement en cours (avec les dirigeants de la compagnie, ndlr) pour sortir la compagnie de la crise qu'elle connaît, qui se caractérise par un lourd endettement, un déficit en appareils opérationnels et un personnel pléthorique", a poursuivi le chef du gouvernement.
"1.100 agents pour parfois un seul avion qui vole, c'est beaucoup trop", a ainsi estimé Jean-François Ntoutoume Emane.
Selon le Premier ministre, l'encours actuel de la dette de la compagnie au perroquet vert, dont le capital est entièrement détenu par l'Etat gabonais, atteint 21,3 milliards de francs CFA (32,5 millions d'euros).
Le chef du gouvernement a également indiqué devant le Sénat que la survie d'Air Gabon passait par un soutien "urgent" de l'Etat d'un montant de 13,5 milliards de francs CFA (près de 20 millions d'euros) pour l'année 2005.
"Cette charge ne peut pas être supportée entièrement par l'Etat", a toutefois indiqué M. Ntoutoume Emane, mettant en avant la rigueur budgétaire imposée au pays par le Fonds monétaire international (FMI), dans le cadre d'un accord dit de confirmation de quatorze mois signé en juin 2004.
"Les dépenses de gestion courante de la compagnie (carburant, salaires) ne pourront être prises en charge par l'Etat", a-t-il indiqué, précisant que "le gouvernement (avait) interpellé les dirigeants de la compagnie en vue de propositions concrètes" pour son sauvetage.
Créée en 1977, Air Gabon traverse depuis plusieurs années de graves difficultés financières, qui se traduisent par des annulations de vols, des retards dans le paiement des salaires de ses agents ou l'immobilisation de ses avions. L'Etat gabonais a lancé en juillet dernier un appel d'offres pour sa privatisation partielle.
Son avenir est encore fragilisé par le lancement en février de la compagnie Air Cémac, un partenariat entre les Etats de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cémac) et la compagnie Royal Air Maroc. Selon cet accord, Air Cémac va disposer au Gabon et pour cinq ans de l'exclusivité des vols intercontinentaux, de loin les plus rentables.
Air Gabon dessert aujourd'hui 18 destinations, dont 15 en Afrique, avec ses trois appareils et des avions en location.
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