
Les violences en Haïti, qui ont causé la mort d'au moins 650 personnes depuis septembre, pourraient entraîner le report de l'élection présidentielle prévue en novembre, fait savoir le conseil électoral.
Rosemond Pradel, secrétaire général du conseil électoral, a déclaré à Reuters que les préparatifs étaient déjà en retard sur le calendrier en raison des bandes armées, de l'intimidation exercée par d'anciens soldats et du chaos général.
"Si des mesures ne sont pas prises d'urgence pour améliorer la situation sur le plan de la sécurité, cela aura de graves conséquences négatives sur le calendrier électoral", a dit Pradel.
Après le soulèvement, animé notamment par d'anciens militaires, qui a conduit le président Jean-Bertrand Aristide à quitter Haïti, le 29 février 2004, un gouvernement provisoire dirigé par le Premier ministre Gérard Latortue a été nommé, mais le pays s'est enfoncé dans l'instabilité.
Des bandes pro- et anti-Aristide s'affrontent fréquemment, la police est accusée d'atteintes aux droits de l'homme, des personnalités proches d'Aristide sont emprisonnées depuis des mois sans avoir été inculpées et les 7.000 hommes de la force de maintien de la paix de l'Onu dirigée par le Brésil n'ont pas pu rétablir l'ordre.
Les ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité se rendent cette semaine en Haïti pour voir le travail réalisé par la mission des Nations unies à Port-au-Prince.
En visite lundi à Miami, Latortue, qui a souvent reproché aux casques bleus de ne pas réprimer les bandes armées, a déclaré qu'ils faisaient "maintenant un meilleur travail".
PLUS DE CENT PARTIS
Le week-end dernier, les forces de police haïtienne et de l'Onu ont tué un ancien responsable militaire, Remissainthe Ravix, qui, après avoir participé au soulèvement contre Aristide, s'était retourné contre le gouvernement provisoire parce qu'il avait refusé de rétablir l'armée haïtienne, dissoute par Aristide.
Elles ont aussi tué un chef de bande, Jean Anthony René.
Michel Brunache, secrétaire général du président par intérim, Alexandre Boniface, a indiqué que les autorités s'étaient donné jusqu'à fin avril pour créer un climat sûr, propice à des élections libres et honnêtes, et que les opérations de ce week-end marquaient le début de la campagne.
Des élections présidentielle et législatives sont prévues le 13 novembre et des élections régionales devraient avoir lieu le 9 octobre.
Il y a plus de 100 partis enregistrés mais on ignore encore si le parti Famille Lavalas d'Aristide, la plus grande force politique du pays, fera campagne ou même s'il sera autorisé à le faire.
Seul un miracle permettrait la tenue d'élections libres et honnêtes d'ici la fin de l'année, a déclaré un porte-parole du Groupe de 184, une coalition d'hommes d'affaire, de groupes religieux et de personnalités qui ont joué un rôle important dans la mise à l'écart d'Aristide.
L'industriel Charles Henry Baker note que les entreprises qui ont répondu à des appels d'offre du conseil électoral ont toute souligné que l'établissement de listes électorales dans ce pays de quatre millions d'habitants prendrait au moins six mois.
"Si le conseil ne peut pas trouver suffisamment de temps pour recenser les gens, il faudra reporter les élections", conclut Baker.
D'après Reuters |