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Ou plutôt devrais-je dire, où sont passées nos têtes ? Des Edward Wilmot Blyden, Booker Taliafero Washington, John Dube, Lapido Solanke, aux autres Jomo KENYATTA, Kwamé NKRUMAH, Cheikh Anta DIOP, Malcolm X, Martin Luther KING et plus récemment Nelson MANDELA. En passant par des plus méconnus (mais ô combien importants) tel que Marcus Aurelius Mosiah GARVEY, Toussaint-LOUVERTURE et on pourrait en citer des dizaines d’autres, le combat de la condition nègre a été porté haut.
Depuis, plus rien ou pas grand-chose, d’où la question posée ci-dessus. Comment se fait-il que de nos jours, la place laissée par ces Hommes soit si vacante ? Bien sûr d’aucun me diront que le contexte socio-politique et les rapports interraciaux ont bien évolué depuis ces «temps anciens et reculés ». Mais face à ce quasi mutisme, je me permetS de faire le constat que de deux choses l’une :
 Soit nous pensons que la lutte à été gagnée et donc que nous avons atteint l’objectif principal de ces figures de proue ; à savoir l’égalité pure et simple des races,
Soit pire encore, nous nous satisfaisons de cette inégalité latente, sournoise, et qui petit à petit annihile une partie du travail effectué jusque là. Notamment du point de vue de la dignité et de la fierté de la couleur.
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A l’époque de Rosa Parks les noirs allaient au fond des bus
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http://seattletimes.nwsource.com |
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Aujourd’hui on n’en n’est plus aux barbarismes des «toilettes pour non blancs », « les noirs au fond du bus », (bien que ce soit la place préférée de certains encore aujourd’hui… je n’irai pas jusqu’à parler d’un conditionnement ancestral…) c’est beaucoup plus subtil que ça, mais pour qui veut regarder ça se voit autant qu’auparavant.
Nombreux sont ceux qui me diront que le racisme a diminué en quantité. Je leur répondrai qu’hélas en qualité il a atteint aujourd’hui des sommets.
Moi aussi, je suis persuadé que la majorité des gens n’est pas raciste, mais je le suis tout autant que la minorité (aussi infime qu’elle puisse être) qui l’est reste très active et très organisée ; répondons leurs de la même manière.
N’attendons pas que cette réaction soit induite.
Prenons à cet effet le monde du football, grande arche, s’il en est, de la cohabitation multiculturelle. L’initiative « stand up speak up » est louable dans la formule que je trouve très appropriée. Mais gardons-nous de toute récupération, enlevez l’insigne Nike de cette campagne et dites moi que ce sont Thierry Henry et ses amis qui l’ont pensée, conçue, soutenue et moi j’adhère totalement.
Il y à peu de temps, ce dernier, encore à l’époque dans son cocon monégasque, éludait la question du racisme. Soit disant qu’il n’en était pas victime. Il oubliait alors les Georges Weah et autres Bernard Lama qui dans le même temps à seulement quelques kilomètres de là en étaient la cible. Notons que dans les mêmes circonstances, Lilian Thuram (Père d’un jeune Marcus en hommage à Garvey) avait lui déjà fait preuve de plus de discernement.
Et pourtant aujourd’hui, les cris de singes raisonnent aussi pour lui…
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Les leçons?
Les leçons ? Nous sommes tous assez grands pour les tirer.
Toujours dans cette grande famille du football, juste une question, combien y a-t-il d’entraîneurs noirs ? Jean Amadou (prénom de ce dernier qu’on oublie très souvent par mégarde...) Tigana, Antoine Kombouare, qui ne sont d’ailleurs pour le moment plus en activité.
Ne serions nous bons qu’à courir, qu’à l’effort physique, la réflexion tactique est elle trop huppée pour nous?
Comme qui dirait "c'est matière grasse contre matière grise?"
Sur ce point on peut noter une situation presque similaire en NBA.
Là encore j'ai envie de dire de deux choses l'une:
soit les Noirs sont effectivement lésés
soit, (possible conséquence de ce qui précède) les noirs ne croient pas ou plus à l’accession à ces places. Apres tout, c'est vrai ! qui peut me citer un grand entraîneur Noir?
Prenons conscience de la situation, il y a des domaines dans lesquels les Noirs ne sont admis que de façon parcimonieuse voir exclusive. Ou pire encore qu'ils s'interdisent d'eux-mêmes.
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Adebayo Ogunlesi banquier nigérian
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time.com |
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Les domaines "plus sérieux" sont aussi touchés
Malheureusement, l'analyse vaut aussi pour des domaines "plus sérieux " que le sport. A un jeune Noir dans une ville de province qui veut faire des études dans le domaine bancaire, posez lui la question : "combien as-tu vu de tes semblables dans une agence?" et il y réfléchira à deux fois avant de s'engager dans cette voie.
Mais s'il a le courage de dépasser cela, le jour où dans son cursus il sera amené à chercher un stage, et rencontrera les pires difficultés et que ses camarades lui diront:"c'est bizarre que tu ne trouves pas de stage, mais ne sois pas parano, c'est pas à cause de ta couleur de peau…", il pourra à ce moment leur retourner la fameuse question.
Il faut des gens qui y arrivent et qui donnent pas seulement l'envie, mais aussi les moyens aux autres de les imiter. Albert Einstein est un grand savant, il a inventé la théorie de la relativité, les frères LUMIERE ont inventé le cinéma. Qui a entendu parler de Washington Garver, de Lewis latimer, de Miss Walker… le devoir de mémoire est aussi et surtout à ce niveau. Il doit exister pas uniquement sur les souffrances mais aussi sur les réussites.(Note de Grioo.com: l'association Archive qui milite pour la reconnaissance des savants noirs déjà présentée sur Grioo.com se bat en particulier pour les personnes qui viennent d'être citées).
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Un leader à la tête d'un mouvement non élitiste?
Je pose la question: où en sommes nous aujourd'hui dans l'estime universelle des Noirs?
Nous avons besoin plus que jamais de leader. En parlant de leader, Marcus Garvey dans ce sens avait vu juste en prônant un mouvement des masses et non élitiste comme le préconisait W.E.B Dubois.
En effet dans cet élitisme réside l'essence même du racisme et il donne des armes à ses adeptes. "Déjà, en vue de prévenir toute insurrection des esclaves noirs, les négriers européens séparaient systématiquement l'épouse de mari son mari, l'enfant de ses parents, les frères et sœurs…". Diviser pour mieux régner, tout un programme efficace depuis la nuit des temps.
Comme il en est fait état précédemment, de nos jours c'est plus subtil.
Il y a les "intégrés", les socialement blancs très souvent de par leur CSP, les noirs supérieurs qui malheureusement finissent souvent par s'y croire.
Et puis il y a les inadaptés, les non civilisés.
Mieux encore, on a la dichotomie avec d'un côté "le bon nègre moderne" qu'on nomme de manière branchée "le black", "le keubla", "le blackos". Il s'agit de celui qui est nonchalant, qui comme on dit "ne se prend pas la tête", celui qui ne pense quasi-exclusivement qu'à son aspect vestimentaire, à sa "zik" et qui finit par se sentir plus offusqué de se voir refuser l'accès des boites de nuit que celui des entreprises. Bref le noir qui est le cliché. (Il convient néanmoins de noter qu'il s'agit bien là d'un cliché. Et donc même s'il y en a qui l'alimentent fièrement, on peut trouver des Noirs fous de musique, qui aiment être propre sur eux, qui dansent comme des dieux sans que ces compliments ne soient réducteurs pour leur personnes.)
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Kwame Nkrumah
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http://filebox.vt.edu |
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En face, il y a les paranos, (il en existe de toutes les couleurs) ceux qui ramènent tout au racisme et pour qui on dit je cite: " si le racisme n'existait pas, les noirs se ferait chier…"
Arrêtons de nous scinder. Bien sûr dans chaque culture il existe des castes, des classes, mais elles résultent d'une auto- organisation bien pensée par cette dernière pour son bien et sa prospérité. Ce qui est très rarement le cas chez les Noirs où cette organisation est victime d'une sorte de tactisme émanant de personnes pas toujours bien intentionnées.
Au moment où ceux qui ont réussi se complaisent dans leur aboutissement personnel, pour ne surtout pas déranger ces personnes qui ont bien voulu leur laisser ce petit coin de pelouse verte.
Mais à quel prix: "vous, vous avez réussi, donc vos semblables qui n'y sont pas arrivés, ne le voulaient peut être pas vraiment ou surtout ne le méritaient pas. A y réfléchir vous êtes différent d'eux".
Il faut aussi arrêter de remercier plus qu'un autre pour ce qu'on mérite, de penser que vous êtes là par faveur. Si vous êtes là c'est parce que vous l'avez mérité et le plus souvent dix fois plus qu'un autre.
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Bien que certaines de ces "élites"soient parfaitement conscientes du problème et de ses enjeux, le sort personnel freine les quelques velléités d'action: c'est humain!
Or "à chaque tournant crucial de son histoire, un grand peuple, ou une grande nation, ou encore un grand groupement d'êtres humains a besoin de symboles propres à incarner ses idéaux, d'étoiles de Bethléem capables de la guider jusqu'au berceau des lendemains meilleurs…
Comprenons nous bien, mon propos n'est aucunement de prôner une supériorité quelconque, mais au contraire la lutte pour une égalité, qui ne tombera pas du ciel (dans tous les sens du terme).
Le Noir peut exister sans que le Jaune, le Rouge ou le Blanc ne meure.
Le Noir peut manger du foufou à côté d'un Jaune qui mange des nems et d'un Blanc qui déguste une choucroute, et à la fin de ce repas discuter de choses et d'autres sans que l'un n'ait un a priori sur l'autre par rapport à ce qu'il vient de manger.
C'est d'ignominies pareilles que résulte le racisme.
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George Washington Carver, Jones fréderik McKinley, Granville T. Woods et Garret A. Morgan, de gauche à droite dans le sens des aiguilles d'une montre
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De la même manière, le Jaune peut aimer et manger du foufou sans pour autant renier sa culture.
Délivrons nous de ces complexes qui sécrètent "une condition nègre qui a conduite le nègre à se trouver étranger chez lui et ailleurs, à se détester lui-même (!) Cette condition qui a fait du nègre l'ombre d'autrui…, l'image d'autrui…"
E.W. Blyden déplorait que certains Africains, qui ont reçu une éducation étrangère résonnent ainsi:" répudions le sentiment de race. Tournons le dos à notre personnalité africaine et fondons nous si possible dans une autre race…" et il disait à ceux là "votre place a été assignée dans l'univers comme Africains, et il n'y a de place pour vous nulle part ailleurs."
Et je serai tenté de rajouter que ceci n'est point un sacerdoce, c'est juste un fait naturel.
L'organisation prônée par tous doit partir de notre mode de raisonnement.
Comment les Noirs peuvent-ils être aussi soudés au niveau de la structure familiale, et éclatés, dispersés dès l'échelon au dessus? La question se pose.
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Les remèdes à cette situation, à cet état des choses sont connus…
On pourrait déjà avancer les trois suivants :
Le sort des cette communauté doit être récupéré et traité part les siens,
Le plus important : réhabiliter le passé historique de l’alma mater Afrique,
Lutter avec les armes appropriées, (ne dit-on pas qu’on hurle avec les loups…) à savoir disposer de médias.
Sur ce dernier point, même si il mérite une large réflexion à lui tout seul, plusieurs constats peuvent succinctement être posés. Des chaînes culturelles africaines, noires on en trouve, mais de véritables tribunes pour dénoncer tous les endroits dans le monde où les noirs sont encore lésés, je n’en vois pas. Le risque, bien sûr, serait de ne faire que ça, non bien évidemment. « La première chaîne de télévision française diffuse des matchs de foot, des films mais aussi « d’autres choses »…En effet, dans la société actuelle il est clair que pour attirer les plus grandes masses, il ne faut pas être trop sérieux.
« Ca me révolte, j’ai de la notoriété, mais je ne peux pas trop l’ouvrir car j’ai une famille à nourrir. ».
Tel est le discours des « élites » de nos jours et comme je l’ai déjà mentionné, c’est humain.
L’ennui est que nous devenons de plus en plus « humains », moi y compris et je le déplore.
Néanmoins, à défaut d’être « surhumains », soyons organisés. Si nous n’avons plus de buteurs, de joueurs exceptionnels, alors défendons ensemble, de la sorte, nous aurons déjà pas mal de chances de ne pas perdre le match.
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