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« Métisse(s) » de Yannick Noah
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Dans une émission télévisée de prime-time, le couple Yannick Noah/Disiz La Peste interprète «Je suis métis», titre présenté par l’animatrice comme un clin d’œil à la tolérance. Super. Mais de quelle tolérance parle–t-elle ?
Cela veut-il dire accepter uniquement le message sur le métissage noir/blanc ?
Accepter la différence cela veut dire donc que tous les non-métis doivent avoir le droit de se (re)présenter sur scène.
La France accepterait-elle un titre «Je suis noir» ? Serait-elle aussi tolérante, ou ce nouveau clin d’œil met-il en relief un sentiment profond, le malaise blanc de ce pays vis-à-vis de sa population noire ? Tant d’énergie consacrée au souci de ne pas apparaître comme raciste demeure inefficace pour quiconque observe un peu notre paysage. Le discours du pays colonialiste le plus malin du monde vibre de toutes ses forces et fait montre, là, d’un vrai racisme consistant à suggérer de «choisir» (voire à imposer médiatiquement) ce qui est de l’ordre de la tolérance et ce qui ne l’est pas - une prétention bien française.
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« Hitch » co-produit par Will Smith
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Gaumont Columbia Tristar Films |
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Que fait l’Etat, la police ? Où sont ces fameuses organisations de défense des droits de l’Homme ? Pourquoi ne réagissent-elles pas ? Elles ont pourtant ici un cheval de bataille idéal… Plombées dites-vous ? Co-optées ? Corrompues ? Inutiles ? Pourtant, il s’agit là d’un vrai mépris culturel qu’entretiennent la France et ses autorités vis-à-vis des Noir(e)s. On pourra même être étonné que la musique du duo français soit qualifiée de variété et pas de world music comme peut l’être celle du couple Amadou et Myriam.
Pourquoi, alors que les rythmes l’identifieraient comme telle ? Est-ce une question de couleur de peau, de politique marketing, de label, de perception, de nationalité ? Sûrement pas de musique.
L’acteur Will Smith, co-producteur du film Hitch d’un budget de 50 millions de dollars, confiait lors de sa sortie que trouver l’actrice devant incarner son amoureuse à l’écran partenaire n’avait pas été chose facile. «Il y a une sorte de mythe accepté que si vous avez deux comédiens noirs, un homme, une femme, dans des rôles principaux, dans un film romantique, le public mondial n’ira pas le voir.» C’est finalement, l’actrice d’origine cubaine Eva Mendes qui avait été choisie comme la combinaison la moins taboue, car un couple homme noir/femme noire faisait trop peur aux producteurs, quant à celui composé de l’homme noire/femme blanche, était trop sujet à controverse.
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Ce ne sont pas Noah ou La Peste qui sont en cause. Ils ne sont que le produit d’eux-mêmes et l’on peut aisément comprendre leur message pro-métis dans une France qui prend des couleurs, particulièrement parmi cette nouvelle génération.
De même qu’il est inutile de chercher à nourrir une quelconque rivalité entre nous sachant que tant la police que les services du logement savent leur rappeler ce qu’ils représentent toujours. Et de reprendre en analogie une citation de Martin Luther King Jr. «On est peut-être venus par des navires différents, mais aujourd’hui on est tous sur le même bateau.»
Il est question de débat socio-politique national. L’instrumentalisation qui est faite de leur prestation artistique - alors que la République hurle à la menace au communautarisme venant de tous bronzés et entretient un climat d’instabilité idéologique quant à ce qui fait son identité et sa réalité… quand, par ailleurs, les vidéos clips ne font plus que promotionner le modèle clair de peau- et sa réception «béate, naïve, hypocrite ?» par le grand public pose problème.
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Que nous dit/suggère cette République, laïque, aveugle à la pigmentation ? L’orchestration d’une campagne dédiée à la «reconnaissance» du métissage noir/blanc (et de celui là seul, pourquoi ?) plus l’invisibilité d’un discours équivalent pour d’autres français(e)s issu(e)s d’origines africaines non-mélangées est-il conforme au discours républicain ?
Pourquoi une telle hostilité à montrer l’arc en ciel racial national ? A une époque où le nationalisme idiot semble subtilement reprendre de la vigueur – le Non à l’Europe n’et pas exempt de xénophobie - valoriser le pluralisme racial, fait aussi partie d’une réponse à la recherche de paix civile.
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