
Je n'avais peut-être jamais autant attendu le facteur que ce jour-là... Lordsam m'avait prévenu la veille qu'il venait de m'envoyer un colis, en provenance directe de Soulsquad. Dedans, de quoi faire baver pas mal de gens.
Ce matin-là, en ouvrant le dit-colis, je suis plutôt fébrile. Un rapide coup d'oeil dans l'enveloppe, un dossier de presse, une pochette carton. On y aperçoit un homme sur fond noir, derrière un micro, graphisme simple et efficace. Nous sommes en terrain connu, Vibe est bel et bien de retour.
Qui n'a pas fredonné en 99, ce célèbre No blaggada, véritable cour d'école anthem en puissance ? De ton petit cousin à ta mamie, tout le monde kiffait et pour cause... Vibe venait de remettre le RnB français à la page, y apportant un souffle frais et mélodieux.
Bon, d'accord, parler de Vibe avec cette chanson, c'est plutôt facile. Et puis ça serait tirer un trait sur une carrière antérieure plutôt bien remplie, ce que je n'ai pas envie de faire !
Car Vibe, pour les anciens, c'est aussi Poètes Hop Jazz. Une des premières formations RnB/Soul en France, et pas des moindres. Formée au début des années 90, c'est là, accompagné de 3 complices, que Mr V. fera ses premières armes : beaucoup de scènes et du bon kiff avant tout.
Puis Vibe se lance en solo avec le succès qu'on lui connait : Confessions, premier album au succès mérité. Bien agencé et écrit, la galette aura eu le mérite de méler différents genres tout en restant cohérente : le hip hop cotoyait ici joyeusement la soul, le jazz, l'accoustique, pour devenir, bien plus qu'une griffe, un style à part entière. Vibestylistik ?
Des Confessions agencées comme un livre (rappelez-vous ce système de chapitres), et qui ne tardent pas à se transformer en best-seller : plus de 100 000 ventes, un chiffre assez incroyable pour un album de RnB français, du moins à l'époque.
La demande d'un deuxième album s'est très vite faite ressentir, devenant un projet plus attendu chaque jour. A une époque où fleurissaient les Tragédiens et autres régals discographiques, on parlait même d'un Messie du son français, d'Emancipé comme d'une nouvelle Bible. Plusieurs rumeurs de sortie ont d'ailleurs tourné depuis deux ans, enflammant un peu plus la patience de certains.
L'album, en préparation depuis longtemps, était en fait retravaillé, hanté surement par un souci de perfection. Une volonté de trop bien faire sans doutes, volonté qui semble caractériser l'équipe de Soulsquad. La structure, travaillant en parallèle avec ses têtes d'affiche comme Abysse, par exemple, est en effet connue pour ses productions bien léchées, soulful à souhait, défendant comme il se doit le bon RnB français.
Il y a quelques mois, électrochoc. Soulsquad se décide à communiquer sur ce nouvel album, Emancipé. Un premier single, Ma Soul, des visuels, un site. Enfin se profilait la fin de l'attente... une date arrêtée, enfin. Septembre 2005.
Et le moindre qu'on puisse dire, c'est que cette foutue attente n'a pas été vaine, loin de là. Emancipé prend d'ores et déjà le milieu de court et risque de s'imposer comme une nouvelle référence en termes de RnB hexagonal. 18 titres d'un des meilleurs albums français qu'il m'ait été donné d'écouter, rien que ça.
A l'écoute de cette émancipation, on ne peut être que surpris. Dans un premier temps, l'album prend un tournant dancefloor inespéré, un créneau ou l'on n'attendait pas notre Vibey national. L'énorme Club ça, Mouvement, Party commandement, autant de titres up-tempo surprenants et qui ne tombent pas, une fois n'est pas coutume, dans la parodie de son cainri. L'on sent ici une vraie volonté de faire du bon dancefloor français, et c'est réussi !
Mais l'homme nous prouve qu'il n'a pas oublié non plus la recette qui faisait de certains morceaux comme Souhait des perles... comment passer à côté de ce fantastique Histoire d'amis, véritable bijou de musicalité ? Un texte touchant, une mélodie simple et optimiste, il en suffit peu à Vibe pour aller chercher au fond de ceux qui l'écoutent une douce émotion... On sort de ce genre de chansons chamboulé, délicieusement béat.
Même constat au niveau des featurings, rien n'est laissé au hasard : notons la présence de Lino sur Comment, d'Admiral T sur le très dancehall Gwadeeza, de Wallen sur le joli Tu m'oublies, ou encore d'Abysse avec le titre Doucement... un plateau de qualité, on en conviendra aisément.
Retenez ce nom, Emancipé. Retenez ce mois de septembre, retenez ce qui risque d'être l'une des grosses sensations de l'année. Disquaires, à vos bacs...
Retrouvez Vibe sur le site officiel de Soulsquad Music : www.soulsquadmusic.com
D'après RNBJam
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