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« L’Homme 2 couleurs Moitié Black / Moitié Noir » tel est le titre du spectacle de « Patson », jeune (dans la profession) humoriste ivoirien qui confesse son admiration pour le regretté Coluche, et n’hésite pas à caricaturer avec humour et talent la communauté à laquelle il appartient, mais pas cette seule communauté. Artiste ayant découvert très jeune le théâtre, mais regrettant la difficulté des castings auxquels réussir ne suffit pas toujours puisque les « rôles » proposés sont souvent ingrats et que les montages procèdent souvent à quelques coupes, il a décidé de sauter le pas et de faire fructifier son talent inné de comique en apprenant réellement son métier.
Le résultat s’apprécie dans son dernier spectacle dans lequel il campe pendant près d’une heure plusieurs personnages, qui ne sont pas tous noirs, mais qui lui permettent de peindre avec humour sa communauté, ou de montrer par des situations totalement inattendues de quels clichés peuvent être régulièrement victimes les noirs.
A l’affiche les 10 et 11 Octobre prochains à Paris, spectacle soutenu par Grioo.com, Patson a accepté de répondre à nos questions, un lien en fin d’article vous permettant même de consulter quelques minutes de son sketche « la boîte de nuit ». |
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Qui est Patson ?
« Patson » est mon nom d’artiste mais mon nom civil est [b Patrice Mian Kouassi, je suis originaire de la Côte d’Ivoire, j’ai 31 ans et je suis en France depuis l’âge de 10 ans. Je suis un comédien humoriste jouant en one-man show, je suis auteur-interprète, et je participe à la mise en scène de mes spectacles avec des metteurs en scène professionnels qui mettent en pratique les grandes lignes que je leur propose.
Qu’est-ce qui vous a poussé vers la comédie ?
J’ai commencé en Côte d’Ivoire à jouer à l’école dès 7 ans des pièces de théâtre classique dans des spectacles d’école. Et dès que je rentrais à la maison je jouais le clown , je m’amusais à faire rire les gens. Quand je suis arrivé en France, j’ai continué le théâtre classique dans les ateliers de collège mais je m’ennuyais à mourir sur scène car je jouais le rôle du « petit nègre » : je n’avais jamais le premier rôle, j’apportais des balais, des seaux, et cela m’énervait. Un jour on m’a fait jouer « Le désespoir de Don Diede » dans lequel j’étais un acteur actif, qui pouvait parler. J’ai adoré pouvoir m’exprimer avec ma bouche et cela m’a donné le goût de la parole, de raconter des textes mais on ne me donnait aucun de ses rôles alors j’ai quitté ces ateliers en claquant la porte.
En réfléchissant je me suis aperçu que le public, en général, des pièces de théâtre classique sont des gens trop sérieux, des intellectuels qui ne rigolent pas, qui aiment décortiquer le 2nd degré voir le 3ème degré c’était pas mon truc moi je voulais faire rire tout le monde toutes les couches sociales. J’ai découvert les sketches de Coluche qui a été mon maître en matière de comique, de one man show c’est là d’où vient ma vocation, je voulais faire rire dans l’instant. Des séries américaines comme « Le Prince de Bel Air » « Cosby show » ou l’humour d’Eddie Murphy m’ont conforté que même en étant noir on pouvait être comédiens comiques et qu’il existe un humour excellent black et avoir du succès. |

A écouter votre parcours personnel on dirait encore un comédien à qui la France ne donne pas sa chance à cause de son origine : c’est votre sentiment ?
Je suis obligé de constater que j’ai fait pas mal de castings et j’ai surtout jouer des rôles de figurant comme dans les Ripoux 2 ou dans les rivières pourpres 2 et pour d’autres films où comme par hasard au final les scènes étaient coupés au montage, on en tire les conclusions que l’on veut. Il m’a souvent été objecté que les gens n’étaient pas prêts à voir des acteurs noirs dans les films ce qui est faux, il suffit de voir le succès des acteurs noirs américains et en France quand France Télévisions diffuse à 20h30 « Fatou la malienne » la chaîne fait l’un de ses meilleurs scores d’audimat !
De toute façon je me dit que les gens qui viennent voir mon spectacle savent qui je suis alors le problème dans ce cas ne se pose pas.
Comment s’est opéré le déclic ?
J’ai pu tester ma capacité à faire rire, déjà plus jeune, sans argent et voyageant parfois sans billet, quand mon humour me permettait parfois d’échapper à l’amende. Avoir fait rire tous les passagers d’un avion que je prenais m’a également conforté dans mon analyse. J’ai également rencontré une manager (Antony Sitbon) de Publicis qui m’a conforté dans ma qualité à faire rire et m’a conseillé d’aller au café-théâtre. C’est là que s’est opéré le déclic, je me suis décidé à aller dans une école où je pourrais apprendre le one-man show.
Je suis parti au Point Virgule en 2001, qui était complet et m’a dirigé sur le café théâtre « Le bout » qui m’a pris comme élève pendant un an. Je leur ai dit que j’écrivais mes propres textes, je ne voulais pas apprendre ceux de Palmade ou autres. J’ai pris des cours de mise en scène, d’écriture et de technique, avant de revenir au Point Virgule où j’ai continué à prendre des cours pendant un an. |

Les gens ont tout de suite trouvé ce que je faisais original, jusqu’au jour où on m’a permis de faire ma première scène devant 3 personnes qui ne savaient pas ce qu’était le shit. Mais ça m’a permis d’avoir une vidéo qui m’a aidé à me perfectionner.
Grâce au Point Virgule j’ai fait plein de castings, et en 2003 j’ai passé l’audition pour « les coups d’humour » sur TF1 qui se sont très bien passées et suis passé à la télé, cela ma permis d’avoir des contacts intéressants, j’ai joué au café-théâtre « La Main d’or ». On m’a tiré au sort une fois je suis monté sur scène j’ai fait un carton, et ma prof Carlotta , qui y donnait des cours est devenue ma coach parce qu’elle m’a trouvé quelque chose de spécial.
Est-ce que vous pouvez présenter votre spectacle et notamment son sous-titre « L’homme 2 couleurs : moitié black – moitié noir » ?
Pourquoi ce sous-titre c’est tout simple : Un noir qui réussit en France devient un « black » comme Thierry Henry ou Thuram mais si c’est Mamadou qui est éboueur c’est un « noir ». En 98 quand la France a remporté la Coupe du Monde, tout le monde disait « black blanc beur ça m’énervait et j’ai décidé de jouer sur ces mots. Mouss Diouf intitule son spectacle « Avant quand j’étais noir », mais moi je reste noir, même si je réussis.
Dans mon spectacle je joue différents personnages drôles et attachants comme le père de Bouba, un immigré de base qui a du mal à s’intégrer en France parce qu’il vit avec son époque et sa culture face à son fils qui est un jeune parisien ou le beau gosse en boîte de nuit.
Mais venez voir mon spectacle les prochaines dates étant le 10 et le 11 octobre au théâtre les Etoiles Paris 10ème. Quand les gens viennent voir mon spectacle il faut qu’ils s’y retrouvent. c’est « La France d’en bas », des gens qui me ressemblent le spectacle ’est inspiré de ma famille, de mes amis, de mon quotidien . Il faut donc que les gens s’y reconnaissent. Je fais aussi un clin d’œil à un ami chinois dont la façon de parler me fait rire. |

Votre spectacle est pourtant émaillé de scènes pouvant paraître moqueuses
Les français parlent de l’accent des belges ou des suisses et en rigolent. Pourquoi moi en tant qu’africain, et non ivoirien, je ne pourrai pas rire des accents de mes frères sénégalais ou maliens Je préfère rire de mon peuple que de le tuer. Les africains aiment rire ils ont toujours le sourire même quand ils sont dans la misère on est capable d’autodérision et c’est cela que je veut montrer.
Me moquer oui mais me moquer gentiment, sans parler de politique, rendre un bel hommage à l’Afrique en clin d’oeil.
Je me moque de moi-même de mes parents, Quand je parle du Mali c’est parce que j’aime ce pays, des auditeurs maliens m’ont écouté à la radio ils ont adoré m’entendre les imiter. Des amis tchadiens et camerounais m’ont demandé d’apprendre à imiter leur accent… ce que je suis en train de faire.
Ceci dit, je me permets aussi d’imiter un franco français en train de danser car je vis en France depuis longtemps et que je me suis imprégné de la culture française et franchement il y a de quoi faire rigoler quand les franco français s’éclatent sur la piste de danse.
Dès le premier sketche, un de vos personnages, de père suédois… a une mère bretonne. Toute ressemblance avec un de vos collègues malmené par les médias serait fortuite ?
Je pousse le paradoxe pourquoi en France on ne verra jamais un blanc s’appeler Mamadou, ni un couple noir aisé adopter un petit blanc. Alors j’ai voulu montrer un père suédois et une mère bretonne donner naissance à un petit noir vous imaginez la situation.
J’ai choisi la Bretagne parce que j’aime cette région et qu’elle a été victime de la marée noire ça me touche (rire). |

Vous n’hésitez pas à vous approprier des pans de la culture française, parlant par exemple de George « Cissoko » Brassens, ou de Montreuil « capital économique et deuxième ville du Mali ».
C’est exact je puise dans la culture française et la culture africaine pour en faire des parallèles comiques dans mes sketches.
Vous êtes déjà aller à Montreuil ? c’est la 2ème ville du Mali après Bamako. Rire
Du reste je me suis toujours demandé pourquoi en Côte d’Ivoire il y a un boulevard nommé Giscard d’Estaing et à ma connaissance aucune rue française ne porte le nom d’un roi africain ?
Vous revenez sur l’un des clichés accolés aux noirs avec des situations inédites dans lesquelles le noir reste synonyme de « pas très bien »
Les exemples sont trop nombreux le noir est trop souvent associé à la négativité.
Par contre un noir qui épouse une femme blanche contracte un « mariage blanc »! Bizarre ! |

D’une façon originale vous montrez que certaines tendances africaines d’aujourd’hui n’ont pas à rougir face à des cultures millénaires
C’est une forme de pédagogie. Je veux que les gens apprennent des choses en venant me voir. J’essaie de véhiculer ma culture africaine dont je suis quelque part ambassadeur. J’ai une double culture africaine et européenne, quand je vais jouer à Abidjan, je vais partir avec un peu de culture européenne pour montrer aux autres là-bas alors qu’ici je montre les deux.
On dit qu’une personne ayant plus d’une culture est riche. En Afrique nous ne sommes peut-être pas riches financièrement, mais nous avons plusieurs cultures.
Je n’hésite pas à mélanger du français et mon patois, moi qui suis originaire de l’ethnie agni.
Qu’aimeriez-vous que les gens retiennent de votre spectacle ?
La bonne humeur. Qu’ils sortent avec le sourire que les différences sont des richesses humaines. Que l’on me reconnaisse en tant que comédien humoriste. Que ce qu’ils voient sur scène ce n’est pas Patrick mais l’artiste Patson qui dit beaucoup de choses mais toujours sur le ton de l’humour jamais agressif. |
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« Patson » est aussi animateur sur Africa N°1
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Avez-vous d’autres projets dont vous pouvez parler ?
Mes projets se concentrent surtout sur la scène et je vais jouer un peu partout en France ce qui me reste très peu de temps pour d’autres projets même si j’en ai un beau en perspective mais je ne peux vous en dire plus je reviendrai s’il se concrétise.
Je suis animateur sur la radio Africa n°1 où je fais des gags en studio et des micros cachés.
D’autres part, j’ai créé une association socioculturelle « Micro d’or » qui a pour mission d’aider l’intégration des jeunes par le biais de la culture et d’aider des familles en difficulté en France ou en Afrique je souhaite la développer encore.
Vous avez renoncé à la télé et au cinéma français ?
Je n’ai pas renoncé. Quand on monte des marches ce n’est pas deux à deux, mais pied par pied. Mon objectif reste l’écran, même si en tant que comique mon rêve naturellement est de faire l’Olympia un jour, et d’être reconnu comme l’un des meilleurs comédiens de France, à l’instar d’un Chris Rock aux Etats-Unis.
Informations pratiques
L’HOMME 2 COULEURS moitié black/ moitié noir le 10 et 11 octobre 2005 au théâtre Les Etoiles à 20h30
61 rue du château d’eau, Paris 10ème
Pour réserver via Internet, http://www.billetreduc.com/5681/evt.htm
Contact presse :
Lydia Lecaudey
Tel : 06.61.41.13.93
dunlydia@aol.com |
Vidéo |

Vous pouvez télécharger la vidéo au format AVI en cliquant sur le lien suivant |
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