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Que pensez-vous du développement durable en Afrique ?
Par Thierry Téné Mangoua (Gérant de A2DConseil)
Le développement durable est un mode de développement qui permet de répondre à nos besoins sans compromettre la capacité des générations futures à subvenir aux leurs. Il s’agit en d’autres thèmes pour tout projet de prendre en compte la préservation de l’environnement, l’efficacité économique et l’aspect social. Certains militent pour qu’on y intègre les notions de gouvernance et de culture. Beaucoup reprochent aujourd’hui à cette notion de rester théorique et d’être récupéré à des fins marketings par certains industriels et élus. Par ailleurs les évènements climatiques récents (canicule, les températures anormales selon les saisons, la violence des ouragans,...etc.) contribuent à une prise de conscience dans l’opinion public. Pourtant, il y a bien des années que les scientifiques font écho d’un éventuel changement climatique. Le GIEC (Groupe Intergouvernemental d’Expert sur le Climat) estime que la température augmentera de 1,4 à 6° C d’ici la fin du siècle. Mais les études sur les changements en fonction des régions n’avaient pas encore été étudiées. C’est désormais chose faite pour les Européens.
Reste maintenant aux experts et aux autorités africains de se pencher sur les conséquences du changement climatique sur le continent. En effet, ce sont les pays pauvres et les populations modestes des pays riches qui souffriront le plus des conséquences du changement climatique. L’impact sur l’agriculture, les inondations, la santé et l’apparition des nouvelles maladies ne devraient pas laisser les africains indifférents.
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Les incertitudes scientifiques ont été utilisées pendant des années par les plus sceptiques pour remettre en cause ce changement. Car en effet, avec le changement climatique, il est en effet difficile de prévoir ce qui se passera exactement puisque l’expérience se déroulera grandeur nature sur la planète. Ainsi donc, l’aspect environnemental du développement durable l’emporte largement sur les autres. Pouvait il en être autrement ? Quand on sait que c’est l’impact de l’Homme sur la planète qui a amené à cette prise de conscience mondiale. La question est maintenant de savoir qui est prêt à assumer la responsabilité de cette situation ?
Les pays industrialisés reconnaissent leur responsabilité et s’engagent à prendre des mesures concrètent pour limiter le réchauffement climatique (entrée en vigueur du Protocole Kyoto). Les pays du Sud ne sont pas pour l’instant concernés par cette limitation des émissions de gaz à effet de serre même si l’on sait que ce sont ces derniers qui contribueront le plus au réchauffement de la planète pendant les prochaines décennies. D’ailleurs les discussions sur l’après Kyoto qui se dérouleront bientôt au Canada seront axées prioritairement sur l’engagement des pays émergents. La position africaine dans ce mouvement mondial reste défendu par certaines institutions comme la Francophonie qui a organisé en juin dernier à Ouagadougou un séminaire sur le développement durable de l’Afrique. A ces institutions viennent se rajouter des grosses ONG de défense de l’environnement qui remplacent parfois les gouvernements africains.
Quand on sait que des pays émergents comme la Chine, L’Inde et le Brésil sont aujourd’hui de gros consommateurs d’énergie (qui est nécessaire pour la croissance) et pollueurs (ce qui est logique pour tout développement d’un pays), l’on peut être amené à se poser des questions sur la participation des africains aux débats sur le développement durable.
C’est dans ce contexte que l’association IDEAL : Initiatives pour le Développement Economique en Afrique www.idealasso.org a organisé le 5 novembre dernier à Lille (France) un colloque sur le thème : Problématiques Energétiques et Protection de l’Environnement en Afrique : Contraintes et Opportunités pour un Développement Durable. Cette rencontre était divisée en ateliers et séances plénières. |
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L'Inde et la Chine sont de gros consommateurs d'energie
©
diplomatie.gouv.fr |
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Dans l’atelier 1 qui avait pour thème Energie solaire continue pour terminaux légers et outils nomades, les participants ont pu apprécier l’invention de Monsieur Camille Aledji (Directeur Général d’ENTICA : caledji@entica.org). Cet ingénieur africain a inventé un appareil solaire pour recharger les portables. Ce dernier a comme caractéristique d’être portable, continu, permanent et auto régénéré. La généralisation de cet outil contribuerait concrètement à remédier aux problèmes d’accès à l’énergie pour les téléphones portables qui s’utilisent de façon exponentielle sur le continent.
Dans l’atelier 2, les débats étaient orientés sur la demande en services essentiels et axés sur deux points à savoir :
a) Management de projet aux services du développement durable : Il faut avoir une approche systémique et méthodologique,
b) Gestion des ressources hydrologiques du bassin de Douala pour l’accès à l’eau : projet en amont (prospection, qualification et porteurs d’enjeux)
Comment faire en sorte que les outils développés par les enseignants en Europe puissent servir à la population de Douala ? Telle est la question qui est restée en suspend.
Dans l’atelier 3 sur l’énergie et politique publique, la principale interrogation était de savoir comment accroître les revenus en Afrique en protégeant l’environnement ? Les conférenciers ont proposé que les politiques publiques africaines régulent l’accès à l’électricité ou à l’énergie et introduisent la problématique énergétique dans l’urbanisation des villes africaines. De plus Les Etats doivent également interdire les véhicules d’importation d’Europe qui transforment l’Afrique en véritable "poubelle du monde". |
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Thierry Tene et Pierre Radanne
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Dans l’atelier 4 sur la Planification et sensibilisation, on peut retenir qu’il faut partir du local pour examiner tous les aspects du développement. La création d’activités génératrices de revenus nécessite l’intervention de nouveaux experts africains pour théoriser les concepts qui seront mis en application. La sensibilisation des populations africaines au développement durable semblent également une nécessité car ce sont ces derniers qui subiront le plus les conséquences du changement climatique.
L’atelier 5 sur la pratique du développement durable a été le plus riche. Les intervenants ont démontré la relation entre besoin en eau et lien énergie développement durable. Quels sont les besoins énergétiques par rapport à quelles utilisations ? Le contexte africain met en exergue les besoins domestiques et ceux d’activités productives à savoir :
a) problème politique et l’appropriation des populations : volonté politique : l’Etat prédateur ne réinvestit pas l’argent, problème démocratique et prise en compte des besoins de la population.
b) Rôle des acteurs et pays bailleurs : Adaptation de leurs investissements, micro crédit, investissement et déploiement des technologies en Occident pour amoindrir les coûts pour l’Afrique, succès de l’Afrique à la téléphonie mobile pourtant ce n’était pas imaginable.
c) Comment comprendre les problèmes des populations et l’accès à l’énergie pour aller plus loin.
d) Types de solutions technologiques et models : bois, hybride, solaire, nucléaire et hydraulique : quel est le model énergétique pour les pays en voie de développement ? Celui-ci doit être défini en fonction du coût des infrastructures.
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De retour en plénière, une connexion avec Washington a permis à Monsieur Boris UTRIA de la Banque Mondial d’expliquer que « les investissements électriques servent simplement à l’achat de climatiseurs et non pas dans le secteur industriel. L’Afrique doit mettre l’accent sur une plate-forme d’énergie renouvelable. Nous avançons à une crise à cause de l’incapacité de produire l’énergie donc le monde à besoin. L’énergie biomasse c’est plus de 80 % de la consommation de l’énergie en Afrique d’où des conséquences sur le plan socio-économique. Il y a une relation directe entre la biomasse et la génération d’emploi d’où la biomasse peut générer des emplois durables, permettre la régénération des écosystèmes si on maintien une production raisonnable.
Par rapport aux possibilités de développement, l’éthanol, le biodiesel et la production d’électricité à partir de la biomasse (pellets) peuvent permettre à l’Afrique d’avoir accès à une énergie moderne. Mais pour quel investissement ? D’après l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), entre 2000 et 2030, il faudrait investir près de 3 milliards de dollars pour maintenir le même niveau d’électricité dans le monde. Si 1 % de ces 3 milliards sont investis dans la biomasse, cela pourrait produire près de 160 millions de litres d’éthanol en Afrique équivalent à 3 fois la consommation annuelle de l’essence sur l’ensemble du continent. Ce qui rapporterait entre 30 et 50 milliards dollars d’où création d’emplois en Afrique ».
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Le public de la conference
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Benoît LEBOT du Fonds Environnement Mondial (FEM) a rappelé que « pour la Période 2006-2010, le FEM (www.ffem.net) a prévu près de 1 milliard de dollars pour la lutte contre le changement climatique dans les PED au prorata de l’émission de CO2 par pays. Il n’y a plus de financement de programme d’électrification rurale sans création de richesse. Le Small Grounds Program du PNUD met à disposition des ONG locales africaines près de 50 000 dollars pour financer des projets. Il faut travailler plus sur l’efficacité énergétique et la Maîtrise de la Demande Energétique qui est plus important que les énergies renouvelables comme l’éolien ou le solaire. Le temps est venu pour la fin de l’éclairage kérosène qui est pourtant très utilisé en Afrique. En effet, ce dernier est très dangereux pour la santé et est plus émetteur de Gaz à Effet de Serre. La coupure des appareils en France permettrait d’électrifier toute la Tunisie par exemple. D’où il faut une réglementation au niveau internationale sur la problématique énergétique. Certains produits (frigos, appareils électroménagers,…etc.) interdits en OCDE sont encore commercialisés en Afrique.
L’Afrique est donc le dépotoir des équipements dont on s’est débarrassé en Europe. Dans les projets énergétiques en Afrique, il est important d’inclure la Maîtrise de Demande Energétique. La meilleure façon d’aider les pays du Sud (L’Afrique et les autres) c’est de maîtriser la demande d’énergie au Nord et de converger vers des techniques moins émettrices de Gaz à Effet de Serre. L’équation à mettre en place dans les pays du Nord qui pourraient avoir un impact dans les pays du Sud est la suivante : sobriété énergétique, efficacité énergétique et énergies renouvelables. En matière de sobriété énergétique, il n’y a pas des moyens pour agir sur le transport. La marge de manœuvre la plus large est dans le bâtiment et il ne faut pas se focaliser surtout sur les énergies renouvelables comme c’est actuellement le cas en Afrique. C’est en faite la Maîtrise de la Demande Energétique qui est vraiment une perspective pour le continent mais cette idée n’est pas encore admise en Afrique ».
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Pierre RADANNE : senior expert en économie et politique de l’énergie a conclu le colloque en rappelant « qu’un américain consomme environ 9 tonnes de pétrole par an contre une tonne pour un africain. De nos jours, on consomme trois fois de pétrole qu’on en découvre. Il est important de noter qu’aucun pays pétrolier à l’exception des Etats-Unis n’a réussi son développement. C’est en effet, l’intensité du travail, la cohésion de la société et l’efficacité énergétique qui est la base du développement. Le Japon est un exemple caractéristique.
Opportunités :
a) information de la société civile sur les économies d’énergies
b) Transformer le réel c'est-à-dire qu’il faut une complémentarité entre les énergies fossiles et les énergies renouvelables
c) L’environnement (long terme) est la base de l’économie (court terme) : Pour exemple, le drame de l’Afrique aujourd’hui c’est la mauvaise qualité de l’eau.
La voie du progrès s’est d’aller dans le sens du progrès technologique en faisant de l’efficacité énergétique »
Comme on peut le constater, la journée fut très riche d’enseignements. On peut seulement regretter le manque de représentation des institutions et ONG africaines. Pourtant l’association sénégalaise ENDA (www.enda.sn) et celle camerounaise CIPCRE (www.cipcre.org) démontrent le dynamisme des acteurs africains en matière de développement durable. Il reste maintenant à la diaspora africaine de travailler de manière efficace avec les responsables politiques et associatifs du continent pour que l’Afrique retrouve la place qu’elle mérite dans le débat sur le développement durable. Les grioonautes sont donc appelés à apporter des propositions pour enrichir le débat. |

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