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Sophia: la semaine du 12 au 19 décembre
19/12/2005
 

Comme chaque semaine désormais, Sophia s'intéresse à l'actualité française. Cette semaine son attention s'est portée sur les débats sur la mémoire considérés comme "anachroniques" par certains
 
Par Sophia
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Rien d'important ne s'est jamais communiqué en ménageant un public !
Guy Debord.


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Christiane Taubira  
Christiane Taubira
 

Colonisé hier, discriminé aujourd’hui, et demain ?
La colonisation a t-elle eu des effets positifs ? Il est étrange de constater comme une certaine France peut-être soudainement frappée de surdité. Je m’enthousiasme comme une petite fille du débat sur les conséquences de la colonisation. Mais pourquoi, dans la mesure où les principaux concernés -l’ensemble des héritiers des peuples colonisés - essayent depuis des décennies de mille et une façons différentes, d’expliquer que la colonisation a été perçue comme un viol de leur patrimoine civilisationnel, pourquoi, l’autre partie, ex-colonie, rechigne t-elle à l’accepter ? Pourquoi s’enfermer dans ce déni destructeur qui loin de faire disparaître le ressentiment et la peine, ne fait que les exacerber ?
Qu’y a t-il à craindre? Sur le plateau de Mots croisés mardi dernier sur France 2 (que l’on peut consulter ici, nous avons eu un débat d’anthologie. J’y ai vu et entendu Christiane Taubira percutante, pertinente, excellente. Je salue le calme qu’elle a su faire garder en écoutant le ronron paternaliste du député UMP Luca qui expliquait le rôle positif de la colonisation en donnant des exemples tels que celui-là : Azouz Begag est l’un des aspects positifs de la colonisation (sic). L’enjeu du débat tournait autour des idées d’anachronisme, de bilan de la colonisation et de ce que veulent vraiment les enfants de la colonisation.

A comme anachronisme
L’anachronisme serait le piège redouté de l’historien. Celui qui lui ferait lire et comprendre l’histoire d’hier avec son bagage culturel actuel, en esprit éclairé d’homme qui discerne le bien du mal. Autrement dit, chaque événement devrait être regardé et apprécié en fonction des circonstances de l’époque et non de ce que nous sommes devenus aujourd’hui. Ce qui était barbarie hier, ne l’est plus aujourd’hui parce que non considéré comme barbarie jadis. Rendez-vous compte, l’anachronisme ferait de Périclès, le fondateur grec de la démocratie, un criminel contre l’humanité. Ce voyage dans le temps est rédempteur et absout toutes les fautes. Je veux bien qu’on me dise qu’autrefois les hommes étaient différents, qu’ils pillaient sans vergogne les biens d’autrui juste parce que c’était la mode. Est-ce vraiment aussi simple ? Pourquoi si peu de pages dans les manuels scolaires de cette drôle époque du tout-est-permis ? Est-ce pour éviter l’anachronisme que plus d’un siècle d’occupation française en Algérie par exemple ne faisait que dix lignes dans mes cours d’histoire du secondaire ? Quoi qu’il en soit, ce n’est pas ce qui s’est passé il y a un siècle qui compte désormais, c’est ce qui se fait aujourd’hui. Et qu’un coup d’œil soit jeté sur le passé n’est pas anachronique mais nécessaire.

 
 

B comme bilan
Quant à tracer le bilan de la colonisation, faut-il là, à la manière comptable, tracer un trait séparant deux colonnes : les positifs et les négatifs ou les profits et les pertes ou encore des avantages et des inconvénients. Pour l’historien encore, cette vision comptable de la chose historique est une aberration. C’est même d’une indécence nauséeuse. Cette question ne devrait plus se poser désormais, jamais. La colonisation reste une tragédie dans sa globalité. Ce n’est pas en piochant çi et là quelques éléments moins moches qu’il faut rebaptiser l’ensemble en œuvre, n’en déplaise à l’histoire de France. Je paraphrase ici Christiane Taubira qui s’est exprimée sur ce point lors de l’émission d’Yves Calvi : si l’on prend la sombre période de 1939-1945, qu’au cours de cette période, des hommes et des femmes se sont solidarisés, se sont battus pour résister à l’inhumanité, risquant leurs vies, subissant la torture au nom d’un idéal de justice et d’équité, que ces quelques hommes aient eu un rôle exemplaire et que la guerre en ait été le révélateur, devons nous conclure que cet aspect moins sombre donne à l’événement dans sa globalité un caractère positif ?

C comme colonisation
Dans le rapport faute - réparation, le Droit remplit une fonction essentielle qui n’est pas celle de sanctionner à tous crins, mais de conférer à une victime la reconnaissance publique de sa douleur afin qu’elle puisse tourner la page. C’est ce résultat que l’on appelle justice du point de vue de la morale. Ici, personne de sensé et de bonne foi ne réclame de sanction. Cela est grotesque, non ? Or, à entendre les débats qui ont lieu, on a le sentiment que les communautés visées exigeraient une sorte de punition collective rétroactive pour des événements qui se sont déroulés dans un passé lointain. Quel non-sens ! Nul n’en est à quémander une repentance. Le fait est cette coïncidence gênante et fâcheuse : les mêmes personnes durablement discriminées en France sont justement celles dont les aïeux étaient colonisés et asservis. Eh oui ! c’est beaucoup. Aussi, répétons nous, ce que veulent les enfants de la colonisation, c’est que le passé cesse de les desservir. Colonisé hier, discriminé aujourd’hui, et demain ?

Napoléon  
Napoléon
© uni-koblenz.de
 

Tuez un homme, vous êtes un assassin, tuez-en cent mille, vous devenez un conquérant
Frantz Olivier Giesbert m’a étonnée lors de la dernière édition de Culture et dépendances avec des invités totalement inattendus : Tarik Ramadan, Max Gallo, Manuel Valls et d’autres que l’on voit et l’on entend tous les jours, Claude Ribbe notamment. Il était question de son livre très controversé sur les crimes napoléoniens - le Crime de Napoléon (NDLR: qui sera bientôt chroniqué par Grioo.com)- et donc, encore une fois d’anachronisme. Comment peut-on voir le brillantissime homme d’Etat que fut Napoléon, ce fleuron de l’Empire colonial, cet héros aux mille et une conquêtes en vil criminel , hein ? Anachronisme !
Je n’ai pas lu dans son intégralité l’ouvrage de Ribbe. Je lui reconnais certes un petit côté « fabriqué », comme ça de loin, parce que je connais les recettes éditoriales mais aucun caractère comique. C’est pourtant ainsi que Frantz Olivier Giesbert l’a présenté « je me suis beaucoup amusé en lisant ce livre, on s’amuse beaucoup…c’est vrai, c’est fabriqué, commercial, enfin, c’est un bon livre… ». Coup de théâtre ! Dire que Claude Ribbe n’a pas aimé du tout les commentaires du présentateur est un euphémisme. Il a rétorqué aussitôt froidement que les chambres à gaz ou la torture ça devait aussi certainement bien le faire marrer. Et à Max Gallo de bondir (il vendait sa somme historique sur l’empire colonial toujours d’actu) et à en appeler à la concurrence des victimes. Et tout le monde s’est mis à crier contre son adversaire de plateau (ça aussi c’est fabriqué, un plateau de télé) et à s‘acharner sur lui : Max Gallo contre Claude Ribbe donc, Tarik Ramadan contre Manuel Valls, le maire d’Evry qui se dit de gauche …hi hi hi ! Elisabeth Lévy comme à son habitude, tapait un peu sur tout le monde ; quant à Philippe Deloche, le chirurgien humanitaire et Pierre Péan le journaliste, on se demandait qu’ils foutaient là même si Frantz Olivier Giesbert a tenté maladroitement de les faire entrer dans le sujet. Tous deux ont écrit un bouquin touchant de près ou de loin à l’Afrique (guerres, famines, endémies…) ; fait suffisant pour militer en faveur d’une France généreuse (Deloche) et pas toujours coupable (comme dans le Rwanda par exemple pour le livre de Péan) . Bravo FOG.

Claude Ribbe  
Claude Ribbe
© claude-ribbe.com
 

Concurrence des victimes
La concurrence victimaire est le dernier épouvantail à la mode que l’on brandit à chaque fois que l’on veut couper court à un débat ou clouer le bec à un interlocuteur un peu trop zélé. En ces temps de débats historiques, elle est très sollicitée. Quelques précisions, qui bien sûr, n’engagent que moi. Il arrive donc très et trop souvent en effet que la Shoah ou l’un de ses funestes corrélats (chambres à gaz, camps, étoile jaune…) soit cité en appui d’une argumentation quelconque relative à la souffrance ou à la mémoire. La connaissance plus ou moins précise de l’Holocauste et la proximité de cet événement dans l’histoire contemporaine font qu’il incarne la référence dans l’horreur pour toute la génération de l’après-guerre en France et en Europe. C’est l’absolu dans l’inhumanité en raison de ces mêmes caractéristiques : proximité chronologique et notoriété.
Mais cette puissance évocatrice joue in fine contre l’événement historique lui-même puisque abondamment cité (livres, colloques, films, musées, commémorations, procès et repentance, dénonciation d’antisémitisme tout azimut) il perd de sa dimension tragique, se banalise et tend à remplacer la religion traditionnelle qu’est le judaïsme par une véritable religion séculière, un artefact trompeur. Ni la culture juive ni le judaïsme ne sont nés avec la seconde guerre mondiale. Or, on n’a que trop tendance à ne voir dans le Juif que la figure du malheur et de la tragédie. C’est bien dommage. Un auteur américain, Norman Finkelstein, dans un petit livre provocant, L’industrie de l’Holocauste, a dénoncé en 2001, l’instrumentalisation politique et l’exploitation financière de la souffrance des Juifs pendant la seconde guerre mondiale en distinguant holocauste nazi et Holocauste, avec un H majuscule c’est-à-dire son exploitation idéologique. La mémoire ne devrait pas selon lui, devenir caution idéologique ou marchandise rentable. Les concepts abstraits peuvent se définir par rapport à leur contraire : le Bien et le Mal par exemple. Appliquer cette équation aux hommes est dangereusement réducteur. Le Juif existe bel et bien en dehors de l’antisémitisme tout comme le Noir - ou l’Arabe - existe en dehors du racisme. Nul ne saurait se définir que dans un rapport l’opposant à un concept abstrait. Un homme s’entend en prenant compte de sa culture dans sa globalité et non en la réduisant au seul événement tragique de son histoire. C’est pourquoi l’approche du travail de mémoire entamé ces dernières années sur l’esclavage se pare aussi de cette double difficulté : faire reconnaître la part de souffrance et d’indignité de l’esclavage sans tomber dans le travers qui réduirait le patrimoine civilisationnel du monde noir à une vallée de larmes et transformerait des lieux et dates de commémoration en commerce lucratif. Enfin, il faut le dire, nous n’en sommes pas là.

PS : N’oubliez pas d’aller vous inscrire sur les listes électorales avant le 31 décembre 2005 et bonnes fêtes !

       
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rwanda   
 
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