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Livre: "Le Crime de Napoléon" de Claude Ribbe
23/01/2006
 

Grioo.com revient sur ce livre, écrit par l'auteur antillais Claude Ribbe, qui a suscité une vive polémique lors de la commémoration de la bataille d'Austerlitz en présentant des aspects méconnus de Napoléon
 
Par Capucine Légelle
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« Le crime de Napoléon » de Claude Ribbe  
« Le crime de Napoléon » de Claude Ribbe
 

La couverture médiatique est impressionnante. L’ouvrage suscite les passions.
Mais quelle mouche a bien pu piquer notre historien ? Il est apparemment devenu raciste et antisémite. On nous dit qu’il bafoue la France, alimente la concurrence des mémoires et le communautarisme. Mais aucune critique ne porte sur le contenu. Alors, avant de les écouter, ouvrons le livre.

Claude Ribbe pointe ici une page sombre et méconnue de l’Histoire de France : le rétablissement de l’esclavage par Bonaparte et l’extermination de tous les citoyens gênant ce rétablissement. Mais aussi l’introduction insidieuse du racisme au sein des institutions françaises. Alors qu’ « au moment du coup d’état de Napoléon, cela fait plus de huit ans que tout individu est libre aussitôt qu’il est en entré en France et que tout homme, de quelque couleur qu’il soit, jouit en France de tous les droits du citoyen, s’il a les qualités prescrites par la Constitution pour les exercer. (Loi du 16 octobre 1791). » (p.34)

Bonaparte, « pour la première fois sans doute dans l’histoire de l’humanité, s’est posé rationnellement la question de savoir comment éliminer en un minimum de temps, avec un minimum de frais et un minimum de personnel un maximum de personnes déclarées scientifiquement inférieures. » (p.25).
Sur ordre de l’empereur « plusieurs dizaines de milliers de civils, sans distinction d’âge ni de sexe, torturés, violés, gazés, noyés, fusillés, roués, crucifiés, égorgés, étranglés, pendus, affamés, empoisonnés, brûlés ou dévorés vifs, simplement à cause de la couleur de leur peau. » (p.193, 194).

Parce qu’il est indéniable aujourd’hui qu’une partie de la population française est dramatiquement en manque de reconnaissance.
Parce que les français noirs subissent encore les effets de la politique napoléonienne.
Parce que nous sommes le pays du Code Noir mais aussi des Droits de l’Homme.

Merci à Claude Ribbe d’avoir ouvert le débat.

Personne ne réclame la repentance. Une simple reconnaissance. Et peut-être enfin l’Egalité.
Parce qu’une mémoire commune est indispensable à la cohésion de la nation. Pour envisager un avenir commun.

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Entretien avec l’auteur :
Claude Ribbe  
Claude Ribbe
© claude-ribbe.com
 

Pourquoi vouloir dénoncer Napoléon deux siècles plus tard ? Quel est selon vous le rapport entre Histoire et actualités ?

Claude Ribbe : « Pour les glorificateurs du dictateur court de pattes, deux siècles, cela ne semble pas trop long. On peut le constater depuis près de dix ans qu’on nous chante les louanges de ce méchant petit bonhomme devant lequel la République lepénisée et lobotomisée devrait à présent se prosterner. Napoléon le négrier était devenu un véritable fonds de commerce. À partir du moment où le rétablissement de l’esclavage, la répression des résistants à ce rétablissement, le massacre génocidaire des Français d’Outre-mer, la déportation de ceux qu’on n’osait massacrer sur place, les lois « raciales » de 1802-1803, n’étaient jamais mentionnés par l’histoire officielle ni dans la presse « mainstream », il fallait bien que quelqu'un dise un jour ou l’autre la vérité. Les historiens de l’Université ne faisaient visiblement que de la propagande au jour le jour ou se taisaient, par peur de perdre leur place.

Le rapport entre le crime de Napoléon et l’actualité me semble pourtant assez évident. Déjà, la parution de mon livre a été un événement dans la mesure où il a entraîné des réactions politiques immédiates. Par ailleurs, le fait de refuser d’admettre, jusque dans un article de loi (dont l’imbécillité frise l’obscène), que l’histoire des Antillais et des Africains des XVIIIe et XIX ème siècles explique les discriminations d’aujourd’hui, a provoqué une vive réaction de leurs descendants. Réaction violente chez les jeunes des banlieues originaires d’Afrique. Plus nuancée, mais très ferme, chez les Antillais. Au-delà de cette révolte, la mise en lumière et la prise de conscience de ce lien entre l’actualité et l’histoire provoquera tôt ou tard une révolution salutaire dont les incendies des banlieues et le refus de recevoir un ministre ne sont que les signes avant-coureurs. Cette révolution ne sera pas violente mais constructive si les responsables de tous bords - trop occupés jusqu’ici par l’électorat d’extrême droite – comprennent enfin que les vrais problèmes ne sont peut-être pas où ils pensent. »

Adolf Hitler  
Adolf Hitler
 

Pourquoi nommer Adolf Hitler dans ce livre ? Comment expliquez-vous les vives réactions qui en découlent ?

« J’ai été très frappé par la photo de la visite de Hitler à Napoléon (qui sert de couverture à mon ouvrage), par le fait qu’il a fallu, durant l’Occupation, placer un plancher sur le sol des Invalides, de peur que les bottes nazies n’en usent le marbre, par le fait que c’est Hitler qui a rendu aux Français en décembre 1940 les cendres de l’Aiglon qui sont entrées aux Invalides portées par des soldats nazis (n’en déplaise à M. Thierry Lentz, directeur de la Fondation Napoléon, qui a déclaré en direct sur LCI le 29 novembre 2005 que c’était faux et que je « n’y connaiss[ais] rien »). Très frappé également par le fait qu’il y a eu sous le IIIe Reich, un culte napoléonien comparable à celui que nous avons subi ces dernières années et dont le moment fort a été la sortie, en 1934, de Hundert Tage (Les Cent Jours) un film très édifiant de Frantz Wentzler, financé par Goebbels sur un scénario inspiré par Mussolini, où Napoléon parle allemand à la manière du Führer. Très frappé encore par le fait que les soldats esclavagistes de
Napoléon ont utilisé aux Antilles un gaz destiné à la désinfection des bateaux (comme le Zyklon B) pour massacrer en masse la population civile sur des critères de « race ». Très frappé enfin par l’existence de camps de concentration pour « noirs » en Corse et à l’île d’Elbe à partir de 1802.

Ces faits sont irréfutables et n’ont d’ailleurs pu être réfutés. C’est la raison pour laquelle la France ne pourra plus jamais glorifier Napoléon.

Napoléon  
Napoléon
© uni-koblenz.de
 

Des réactions violentes se sont élevées de la part de personnes malhonnêtes qui ont voulu réduire mon livre à une comparaison entre Napoléon et Hitler et qui déclaraient (sans le démontrer) que cette comparaison était impossible. Je crois avoir donné la preuve du contraire, même si cette comparaison ne porte que sur certains points. Mais un crime contre l’Humanité reste un crime contre l’Humanité. En ce sens, deux criminels qui ont commis le même crime, quel que soit le nombre de leurs victimes, quelle que soit la couleur de peau, de ces victimes quelle que soit l’époque, sont comparables. Il n’y a pas de privilège de la souffrance. Je crois que certaines personnes qui vociféraient au moment de la sortie de mon livre auraient bien voulu dire qu’on n’avait pas le droit de comparer les victimes « noires » de Napoléon aux autres victimes de Hitler. Seulement voilà : pour ne pas tomber sous le coup des lois punissant le racisme, elles ont préféré dire qu’on n’avait pas le droit de comparer Napoléon avec Hitler, ce qui n’avait aucun sens. D’où leur frustration qui peut se mesurer à l’intensité de leurs imprécations.

Ces personnes-là sont absolument indifférentes à l’esclavage qu’elles considèrent comme un crime mineur. Tel n’était pas le point de vue des esclaves qui se suicidaient et refusaient de procréer. Les plus vives réactions à mon livre sont celles des historiens qui ont été pris en flagrant délit de mensonge ou de manipulation et des journalistes incultes qui les ont encensés. Tout cela est normal. Le contraire aurait été inquiétant. Ce que ces gens disent n’a aucun intérêt. Ils sont dans le bruissement de l’éphémère. Ils peuvent toujours aboyer, la caravane est déjà loin et la statue de Napoléon en morceaux. Il y a aussi les jaloux, les aigris. Et puis tous ceux qui ne lisent pas, mais qui pérorent pour se donner de l’importance. Récemment, M. Richard Senghor, un fonctionnaire naguère chargé de l’ « intégration » au cabinet de Jean-Pierre Raffarin ironisait en m’attribuant dans la revue Esprit des propos figurant non pas dans mon livre mais sur la quatrième de couverture de l’ouvrage ! Se voulant perfide, il en concluait que mon propos manquait de nuances. C’est surprenant d’être ainsi dénigré (noirci, au sens étymologique) par des personnes qui se réclament volontiers de la « négritude ». Moi je ne me permettrais pas d’ironiser sur les résultats de l’action de M. Senghor à Matignon pendant les trois années où il a été chargé du dossier de l’intégration en disant qu’il a peut être été trop « nuancé », justement... »

Napoléon  
Napoléon
 

Selon vous l'institutionnalisation du racisme commence avec Bonaparte, pourriez-vous nous expliquer dans quelle mesure ?

« D’une manière gratuite, et en fonction de ses préjugés, Napoléon a mis en vigueur sur le territoire français de véritables lois raciales : interdiction de l’armée et du territoire français aux « nègres » et « gens de couleur», interdiction de mariages entre « blancs » et « noirs ». Il y a bien eu des tentatives de ce genre sous Louis XVI, sous la pression des colons, mais l’application n’a jamais été systématique, grâce à la résistance des esprits éclairés, bien représentés dans certains Parlements (celui de Paris, en particulier). Napoléon ayant établi une des pires dictatures qu’il y ait jamais eues en France, aucun contre pouvoir n’a pu s’opposer à ce que sa folie raciste ne serve de principe à sa politique.
Cela a coûté à la France son empire colonial. À la Restauration, on le lui reprochera assez.
De plus, Napoléon a encouragé l’émergence du racisme scientifique, dont la plupart de nos universitaires -et en particulier les historiens- sont totalement imprégnés. C’est ainsi que ce lobby des historiens, très influent sur un establishment totalement déboussolé et en mal de repères théoriques, a empêché d’inscrire le bicentenaire du général Alexandre Dumas au calendrier des commémorations nationales 2006, comme il avait empêché d’inscrire le bicentenaire de l’abolition de l’esclavage au calendrier des commémorations 1994. »

France 3  
France 3
 

France 3 nous propose ce soir une émission Des Racines et des Ailes consacrée "à la glorieuse capitale économique et culturelle qu'était Bordeaux au 18e".
(ndlr mercredi 18/01 : le rôle de la ville dans la traite négrière a été très brièvement évoquée)
Votre réaction ?


« Je ne regarde jamais la télévision. Je n’ai pas le temps. Mais je constate que la télévision française et en particulier le service public est devenue une véritable machine à abrutir les malheureux qui cherchent par ce moyen à s’informer, à se distraire, voire à se cultiver. Les Français passent plus de trois heures par jour à gober toutes les sottises qu’on leur débite. C’est effrayant quand on y pense. C’est révoltant quand on sait que les Français d’Outre-mer paient la redevance pour financer des programmes qui les vilipendent ou les ignorent. Pour entendre des Benguigui débiter leurs plaisanteries de négriers, de colons ou d’expatriés de la « Françafrique ». Dans le cas d’espèce, je ne saurais critiquer un documentaire que je n’ai pas vu. Je doute qu’on puisse aujourd’hui parler de l’histoire de Bordeaux sans évoquer son passé négrier. La France a déporté 1 200 000 Africains, ce qui a causé au moins six millions de morts. Et Bordeaux a sa part dans ce génocide. Si le réalisateur de ce documentaire entendait nier ou excuser-ce dont je doute - cette effroyable réalité, je préfèrerais être à ma place plutôt qu’à la sienne : les tribunaux, par une sanction exemplaire, pourraient lui ôter l’envie de recommencer. Je crois à la vigilance des associations comme je crois à la Justice de mon pays. Aux pires moments de l’esclavage, il y a toujours eu des magistrats courageux pour se lever, au nom de l’Humanité, et dire non à l’inacceptable. Ainsi Laënnec, un Breton, père du célèbre médecin.
Cela étant, on a bien vu le journal Le Monde consacrer en septembre 2003 deux pages glorifiant l’histoire de Bordeaux sans juger utile de parler de la traite ni de l’esclavage. Cela ressemblait bien à une provocation. L’article était signé Philippe Sollers. Personne n’a bronché. Sauf moi. Bien entendu. »

Liens

Le site de l’historien : www.claude-ribbe.com

Claude Ribbe répond aux questions des internautes sur le site du Nouvel Obs : www.nouvelobs.com/forum/archives/forum_433.html
Extrait : Que pensez vous de la critique de votre livre dans le Monde qui assène "Le Crime de Napoléon n’est pas un livre d’histoire" ? Le critique a raison, c’est un livre sur les chiens.

Le site de la fondation napoléon spécialisé dans la publication de sources rares ou inédites sur l’histoire des deux empires. Ici un projet d’arrêté tendant à prohiber l'introduction sur le territoire européen de la République, des Noirs et Gens de couleur.
www.napoleonica.org/gerando/GER00285.html

       
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claude ribbe   livre   
 
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