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Pouvez-vous vous présenter à nos internautes?
Mon nom est Moyo Kamgaing, je suis Camerounais, âgé de 43 ans, marié et père de 3 filles. Je suis un professionnel de la Finance opérant depuis Londres où je vis depuis 1987.
Qu'est-ce qui vous a poussé à choisir des études financières, notamment la prestigieuse école HEC?
J'ai longtemps été porte sur l'économie et les finances mais mon parcours est un peu le fruit du destin. En classe de Terminale, j'ai eu à choisir entre les Prepa HEC ou Math Sup. Mes résultats au BAC ne m'ont pas permis d'accéder à une Math Sup de premier rang, et voilà. Admis ensuite aux trois Parisiennes, j’ai naturellement choisi HEC.
Pourquoi avez-vous ensuite décidé de partir aux USA pour le MIT?
J'ai intégré HEC en bon rang (3ème de ma promotion), mais l'intensité de la scolarité n'avait rien à voir avec la Prépa. Ce qui m'a laissé un peu sur ma faim. Je me trouvais de surcroît trop jeune pour amorcer ma carrière. Sur les conseils et le soutien de mes parents, j'ai donc décidé de tenter cette aventure Américaine dont je ne pouvais sortir que plus mûr. Et bien m'en a pris. Car à la Sloan School, qui est le Département Gestion du MIT, j'ai découvert un monde compétitif et je me suis enrichi au contact de beaucoup de personnes d'un calibre intellectuel supérieur.
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Les 10 premières années de votre carrière se déroulent à la Bankers Trust Company. Pouvez-vous présenter cette société et les rôles qui furent les votres?
Bankers (qui a été depuis rachetée par Deutsche Bank), banque d'affaires New Yorkaise, était à l'époque l'institution la plus dynamique, innovatrice et performante sur le marché Africain. C'était un laboratoire d'idées du fait de la politique délibérée de la Direction, qui encourageait l'initiative et la prise de risques. La banque était de taille relativement petite (10,000 employés) et avait un organigramme très plat, donnant ainsi beaucoup de visibilité aux jeunes. Ainsi, j'ai rencontre le PDG de la Banque plusieurs fois pour défendre mes dossiers, et la première fois avec à peine 3 ans d'expérience.
Je travaillais dans le Groupe Afrique au sein des Marchés Emergents. J'ai couvert l'Afrique du Nord (Tunisie, Algérie) et Australe (Zimbabwe) avant de devenir responsable Afrique de l'Ouest en 1990. Mon rôle était d'apporter des solutions à nos clients qui étaient les Etats et sociétés publiques, ce dans tous les métiers de la banque (crédits structurés, financement matières premiers, conseils). C'est à ce titre que j'ai monté des opérations aussi diverses que l'installation de la salle de trading de la BAD à Abidjan ou le financement par Air Zimbabwe de l'acquisition de 2 Boeing 767 ($160 millions).
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En particulier, pouvez-vous nous décrire vos deux expériences les plus significatives?
Il s'agit sans nul doute du premier crédit syndiqué du Ghana Cocoa Board ($125 millions), qui reçut le titre de 1994 Trade Finance Deal par Euromoney, le magazine financier de référence. Ce crédit finançant les achats de cacao répondait à une logique économique imparable et a permis d’ancrer l’image du Ghana sur le marché au terme d'une restructuration économique réussie. Depuis, cette ligne a été reconduite tous les ans à des montants plus élevés.
Je garde par ailleurs un souvenir très fort de la première ligne de crédit structurée Swap - Or de la Reserve Bank d'Afrique du Sud post apartheid ($100 million). Le paradoxe de l'histoire a voulu que cette première soit menée par un Noir, dans un contexte racial unique et privilégié.
En 1995 vous crééez Sydmor Finance. Quelles sont les activités de cette société?
Bankers s'est retirée de l'Afrique et je souhaitais continuer sur ce métier. J'étais convaincu de pouvoir trouver des clients qui apprécieraient une valeur ajoutée en ingénierie financière pure donc, sans bilan. J'étais par ailleurs le premier Africain à se mettre à son propre compte sur la place de Londres. Je pense que ce pari a été réussi, dans la mesure où j'ai apporté des solutions nouvelles et monté des opérations pour plus de $750 million en 10 ans. De surcroît, mon expérience a encouragé beaucoup d'autres initiatives similaires par la suite, que ce soit sur la place de Londres, à Paris et dans certains pays Africains.
Pouvez-vous nous décrire vos transaction significatives de la société depuis sa création?
J'ai notamment monté 1) un crédit d'importations pétrolières pour la République du Ghana ($80 million), 2) un crédit cacao de CFA 40 milliards en Cote d'Ivoire, le premier du genre à un privé en Afrique, 3) un consortium pour l'exploitation d'une centrale d'électricité privée pour Ashanti Goldfields au Ghana, et 4) divers financements de trésorerie pour plus de CFA 50 milliards pour le Trésor Ivoirien. J'ai par ailleurs participé en conseil investisseur à la privatisation de la Socapalm au Cameroun et lancé une opération de téléphonie par internet sur l’Afrique.
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En 2004 vous crééez Cashmo que vous décrivez comme étant "le premier service de transfert personnel d'argent vers l'Afrique". Est-ce toujours le cas et comment s'imposer dans un monde dominé par quelques mastodontes et le monde de l'informel?
C'est toujours le cas. Et pour s'imposer, il s’agit simplement de durer dans le temps en offrant une prestation rapide et de qualité, à un coût compétitif, le tout assorti d'un service clientèle à la hauteur de la prestation.
Pouvez-vous parler des premiers résultats ou des perspectives de cette société?
Cashmo a bien démarré et son développement progresse bien. A ce jour, nous opérons de l'Angleterre et de l'Espagne et couvrons 9 pays: Botswana, Cameroun, Cote d'Ivoire, Congo, Ethiopie, Ghana, Kenya, Maroc et Nigeria. Notre réseau continue à s'étendre et nous serons présents en Afrique Australe et par ailleurs des Etats Unis dans les prochains mois.
Quand vous revenez sur votre carrière, pensez-vous que votre origine a eu un impact sur votre évolution professionnelle?
C'est là une question difficile. Toute personne dispose de certains atouts dont l'éducation et son origine qu'il s’agit de valoriser au départ en trouvant l'employeur demandeur dudit profil. On dit que le Camerounais est têtu (d'ou sans doute l'expression bien connue, le Cameroun c'est le Cameroun), ayant été culturellement porté à ne rien attendre de l’Etat. Je crois que comparés à beaucoup d’autres Africains, les Camerounais sont plus aptes à s'expatrier et à s'établir au gré des circonstances.
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Vous qui avez connu la France et l'Angleterre, comment analysez-vous les différences d'opportunités pour les afro-antillais entre ces deux pays?
La différence entre les deux pays est à deux niveaux. Le système Anglais est profondément ouvert. Ce pays offre l'exemple d'une intégration plus réussie de diverses communautés. Le système juridique constitue un rempart si fort aux libertés publiques que même dans le cadre de nouvelles lois anti terroristes, la marge de manoeuvre du Gouvernement Blair est souvent limitée. En ce sens, l'Angleterre est plus accueillante que la France. Si vous y ajoutez la primauté accordée à l'initiative privée dans leur modèle économique, c'est aussi un cadre incitatif pour l'initiative privée.
Comment vous contacter?
Par mail moyo@sydmor.com
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Les bons plans de Moyo Kamgaing |
 Son bon plan
Un week-end régulièrement avec mon épouse, à la découverte d'une nouvelle ville Européenne.
Son restaurant préféré
Encore une question difficile. Si j'aime des cuisines différentes, j'associe l’expérience gustative au souvenir d’un bon moment partagé avec des amis. Je citerais donc Chez Gérard, derrière la Place des Victoires à Paris, Jad Mahal à Marrakech et la Brasserie Houston à Los Angeles.
Son magasin de vêtements préféré
Zegna
Son livre préféré
La Bible tout simplement.
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