
"Si vous me dites que nous allons avoir les Etats-Unis d'Afrique lors
du sommet de Khartoum, je vous dirai que non. Je ne pense pas que de
nombreux pays africains sont prêts pour ce grand bond. Mais si vous
me dites que nous allons nous fixer cet objectif à long terme sur une
période de cinq à dix ans, alors je pense qu'il est réalisable", a-t-
elle souligné.
Mme Johnson-Sirleaf, la première femme élue présidente en Afrique, a
fait cette déclaration dans une interview publiée par une édition
spéciale du Journal Panafricain publiée par l'Agence panafricaine
d'information (PANA) à l'occasion de la sixième conférence des chefs
d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine qui se tient du 23 au
24 janvier à Khartoum, au Soudan.
"Vous savez, je pense qu'en tant que principe et objectif à long
terme, ce projet est bon... J'aimerais y travailler, mais je pense
que le moment choisi pour le mener à bien dépendra du temps que nous
prendrons et du soin que nous y apporterons", a-t-elle déclaré.
Cette économiste formée à Harvard semble cependant abonder dans le
même sens que les tenants de l'idée selon laquelle les Etats-Unis
d'Afrique doivent être abordés du point de vue de l'intégration à
travers les Communautés économiques régionales (CER) et, à terme, de
l'ensemble du continent.
"Nous devons faire plus pour la coopération économique et le droit à
l'intégration dans notre sous-région... dans nos Etats d'Afrique de
l'Ouest, puis avoir une sorte d'effet de prolifération jusqu'à ce que
nous parvenions à atteindre ce qui est prévu dans le cadre des Etats-
Unis d'Afrique", a-t-elle ajouté, parlant de la participation du
Liberia à ce processus.
Les Libériens devront d'abord mettre de l'ordre chez eux avant de
mettre de l'ordre dans la région pour participer de manière
pertinente au processus d'intégration continental, a expliqué Mme
Johnson-Sirleaf, déplorant les conflits prolongés qui minent la sous-
région.
Concernant le jugement de l'ex-président en exil Charles Taylor par
le tribunal spécial des Nations unies Sierra Leone, elle a déclaré
qu'elle était en train de consulter les dirigeants régionaux, ainsi
que les Etats-Unis et les Nations unies, qui ont autorisé et facilité
son départ en exil au Nigeria.
Ellen Johnson-Sirleaf a souligné la nécessité que des mesures soient
prises pour clôturer cette affaire, car, a-t-elle ajouté, "la
sécurité du Liberia est d'une importance capitale pour moi et nous ne
pouvons rien faire qui compromettra la sécurité de notre Etat".
Au sujet de son sentiment d'être la première femme élue présidente en
Afrique, Mme Johnson-Sirleaf a déclaré: "cela signifie que les femmes
africaines ont finalement atteint le plus haut niveau de l'ordre
politique et que la porte leur est désormais ouverte".
"Il y ainsi beaucoup d'autres femmes qui attendent devant cette porte
et plusieurs autres qui vont franchir cette porte après moi dans un
an, deux ans ou cinq ans", a-t-elle conclu.
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