
Jacques Chirac, qui reçoit ce lundi le comité pour la mémoire de l'esclavage, doit annoncer la date retenue pour rendre hommage aux victimes de la traite des Noirs et prononcera un discours "solennel" sur la mémoire.
Le chef de l'Etat devrait notamment rappeler que la France a été le premier pays à reconnaître par la loi du 10 mai 2001 la traite négrière et l'esclavage comme crimes contre l'Humanité.
Se basant sur cette date, le rapport du comité présidé par l'écrivain guadeloupéen Maryse Condé est favorable au choix du 10 mai pour la journée d'hommage aux victimes de l'esclavage en métropole.
Des députés UMP et PS d'outre-mer, soutenus par les partis communiste et socialiste, font campagne pour le 23 mai, date d'une marche qui a réuni en 1998 à Paris 40.000 Français originaires des Antilles, de Guyane et de la Réunion.
"Bêtement, j'aurais choisi le 27 avril, anniversaire du 27 avril 1848, abolition de l'esclavage par Victor Schoelcher, mais on aurait pu choisir d'autres dates, peut-être la date de l'abolition de l'esclavage par la Révolution française et l'Abbé Grégoire", a déclaré dimanche le président de l'UDF, François Bayrou.
Dans l'entourage de Jacques Chirac, on estime que "les polémiques sur la date se dégonfleront progressivement" et on souligne qu'en tout état de cause la journée de la mémoire sera observée dès cette année.
UN LIEU DE MÉMOIRE
Dans son discours, le chef de l'Etat devrait, souligne son entourage, prendre acte de "la montée d'une vraie blessure autour de l'esclavage" et "apporter une réponse dans l'apaisement et la simplicité à la montée de la question noire".
"L'histoire de la France est celle d'une grande nation et on doit être capable de la regarder comme elle est, avec ses zones remarquables et ses zones d'ombres, car, quand l'Histoire est acceptée, cela favorise la cohésion nationale", explique-t-on à l'Elysée, ajoutant que "le communautarisme ne progresse jamais quand la République avance".
Jacques Chirac devrait également présenter des initiatives contre les formes modernes d'esclavage, tels que le travail forcé et la prostitution.
Il devrait aussi annoncer "des mesures pour mieux faire connaître la réalité de l'esclavage", notamment dans les programmes scolaires, et annoncer une mission chargée d'étudier la création d'un lieu de mémoire.
Mercredi dernier, le chef de l'Etat a voulu mettre un terme à la polémique sur la colonisation, qui avait suscité colère et émotion aux Antilles.
Il a demandé la saisine du Conseil constitutionnel en vue de la "suppression" de la mention du "rôle positif" de la colonisation française dans la loi du 23 février 2005 sur les rapatriés.
Le Conseil constitutionnel, saisi dès mercredi soir par le Premier ministre Dominique de Villepin, doit dire si l'alinéa controversé est bien du domaine réglementaire et non législatif. Si c'est effectivement le cas, le gouvernement le supprimera par décret.
Reuters |