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Que faire après le 10 mai? Construire une histoire commune et non opérer une confusion des mémoires
15/05/2006
 

Lucien Pambou, par ailleurs Secrétaire Général du CRAN et professeur d'économie et de sociologie politique, s'exprime cette semaine, à titre personnel, sur l'épineux sujet de la commémoration
 
Par Lucien Pambou
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Lucien Pambou  
Lucien Pambou
 

En retenant le 10 mai comme date de célébration de l’abolition de la traite négrière et de l’esclavage, la République accepte d’expliquer le non-dit ; la France pays des droits de l’homme et pays des lumières a été aussi le pays qui a toléré la traite négrière et le commerce des esclaves. Cette double contradiction permet de montrer aux Africains et aux Antillais la duplicité de la République dès lors qu’il s’agit de traiter de la question de l’esclavage. La question de fond est la suivante : que faire du 10 mai une fois le recueillement passé et que nos ancêtres ont été valorisés dans leur bravoure et dans leur résistance ? Comment opérer une synthèse entre le texte lu par Jacques Martial et le discours fait par le Président Chirac dans les jardins du Luxembourg ? Le lien est l’esclavage, c'est-à-dire le passé, et les discriminations actuelles concernant les populations noires. Les populations noires doivent aider la République à se réapproprier l’histoire, non pas une histoire construite uniquement par la République mais une histoire que les populations noires d’Afrique et des Antilles concernées par l’esclavage se doivent d’imposer à la République. Il faut une méthode qui évite de confondre la valorisation des mémoires et la construction d’une histoire commune. Il faut séparer les mémoires pour construire des schémas d’identification qui favorisent la convergence vers une histoire commune. En effet, il y a dans l’histoire de la traite négrière et de l’esclavage trois mémoires qui chacune possède sa propre substance ; il s’agit de la mémoire antillaise, guyanaise, réunionnaise, au total de la mémoire ultramarine, de la mémoire africaine et de la mémoire métropolitaine.
La mémoire ultramarine et antillaise en particulier est celle qui a payé le prix le plus lourd pour l’esclavage. Des travaux existent mais il faut approfondir ceux-ci pour mettre en valeur la compréhension du système politique et économique de l’économie dite de la plantation. L’économie de la plantation permettra d’expliquer au mieux les résistances dont les plus célèbres sont celles des nègres marrons. Au-delà des considérations économiques, la révolte du Colonel d’infanterie Delgres le 10 mai 1802, dont l’excellent film actuel de Christian Lara retrace l’épopée, prouve que les noirs dans la République étaient profondément attachés à la déclaration des droits de l’homme de 1789 valorisés par la première abolition en 1794. Quoiqu’en pensent certains aujourd’hui, la croyance des antillais dans la République n’est pas récente mais ancienne.
La mémoire des Africains a souffert de l’esclavage à sa manière. Certains historiens affirment que des noirs africains auraient participé à la traite négrière et favorisé ainsi le commerce du bois d’ébène entre l’Afrique, la France et les Amériques. Ces éléments de débat sur l’esclavage tendent aussi à intégrer la responsabilité du monde musulman dans l’esclavage des noirs. Il faudra un jour que les historiens afro-antillais se penchent durablement et non de façon éphémère sur cette question pour éviter les blessures et accusations inutiles.

Les mémoires antillaises et africaines ont mieux à faire que de passer leur temps à l’invective, à la recherche de la responsabilité de l’une ou de l’autre dans la traite négrière et dans l’esclavage. Cette division inutile alimente la troisième mémoire, à savoir la mémoire métropolitaine qui n’attend que les divisions pour mieux étouffer la problématique de la traite négrière et l’esclavage.
La mémoire métropolitaine de la traite négrière est représentée par la France dont la responsabilité historique n’est plus à démontrer. Il suffit de vous à promener à Bordeaux, au Havre, à la Rochelle et surtout à Nantes (Ile Feydeau) pour voir comment le commerce du bois d’ébène a enrichi la France. On nous parle aujourd’hui de la contribution des noirs dans la République, on peut répondre sans gène les noirs ont contribué par leur sang, leurs forces et leur condition d’esclave à promouvoir la richesse de la France.
Il ne faut donc pas mélanger les mémoires, les mémoires doivent être traitées de façon séparée et de manière identificatoire pour éviter les confusions historiques qui ne permettraient pas aux nouvelles générations africaines, antillaises et françaises de dialoguer de façon constructive. Une fois la confusion des mémoires refusée, il faut construire une histoire commune.

Le 10 mai 2006 doit être le point de départ d’un débat constructif sur l’apport des mémoires antillaise, africaines et métropolitaines à la construction d’une histoire commune. Tout le monde n’accepte pas de construire cette histoire commune, comme le montre l’attitude récente de 40 parlementaires UMP qui demandent au Président de la République de déqualifier l’article 2 de la loi Taubira qui fait de l’esclavage un crime contre l’humanité au nom de l’équivalence des formes avec l’article de la loi de février 2006 sur les effets positifs de la colonisation. Il est tout à fait inutile de revenir sur l’ineptie d’une telle équivalence pour simplement insister sur l’urgence pour les populations noires d’acter positivement dans la construction de l’histoire commune de la République. Sans établir une hiérarchie dans la méthode, les populations afro antillaises doivent créer des observatoires capables de dénoncer les révisionnismes et les négationnismes portant sur la traite négrière et sur l’esclavage. Pour cela, il faut que les populations africaines et antillaises construisent une mémoire afro antillaise définie par un socle minimal de travail, d’explication, d’échange et d’écoute mutuelle dans la République. Il existe selon les estimations 8000 associations antillaises et 5000 associations africaines. Dans les associations, collectifs et fédérations d’associations il faut que les responsables jettent leurs egos personnels à la mer de l’irresponsabilité pour travailler de manière historique. Tout travail historique est fondé sur une contradiction mais doit en ce qui concerne les populations afro antillaises déboucher sur des places de convergence pour expliquer à la République que si le temps hier de l’esclavage a disparu, celui de la discrimination dans la république actuelle continue. Les responsables d’associations doivent se rencontrer, se parler et montrer à leurs membres que ce qui nous divise est moins important que ce qui nous unit.

La mémoire métropolitaine doit apprendre et accepter que la mémoire afro antillaise contribue à la construction de l’histoire commune, l’histoire de l’esclavage doit être enseigné à tous les enfants de la République de manière très claire sans zone d’ombre et sans condescendance. La République doit mobiliser ses énergies pour que cette première commémoration de l’abolition de l’esclavage ne soit pas un simple gadget républicain qui viserait à dédouaner la mémoire métropolitaine. La République doit accepter la diversité, c’est aux populations noires de l’y aider par leur contribution positive en évitant les divisions, en cherchant des solutions quand ces divisions existent et en participant de façon pleine et active à la vie de la Cité (associations, partis politiques, entreprises, etc.) même si des résistances existent. La construction d’une histoire commune entre les mémoires passe par la présence réelle, effective et active de la mémoire afro antillaise dans l’espace public. Soyons plus précis, antillais et africains vous avez contribué dans l’histoire à la liberté de la République en versant votre sang, n’ayez pas honte de revendiquer toute votre place à une condition : moins de division et plus de méthode.

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lucien pambou   
 
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