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Dieudonné ou l'art de tourner ses malheurs en dérision.
Après le très réussi "Divorce de Patrick" dont les dernières représentations, dont celle annulée à l'Olympia, avaient coïncidé avec les débuts de la première "affaire", Dieudonné avait déjà asséné "Mes excuses" dans lequel il ne s'excusait pas tant que ça, l'humoriste revient avec "Dépôt de bilan" qui fait rire dès l'affiche.
En effet, celle-ci sous-titrée "Dernier spectacle" 1966-2006 ressemble furieusement à une pierre tombale et nous rappelle que l'humoriste connait les plus grandes difficultés pour se produire, de plus en plus rares étant les villes l'acceptant en France, quand celles qui l'ont accepté n'annulent pas la représentation "pour raison de sécurité" comme c'est souvent arrivé.
Les amateurs de Dieudonné ne seront pas dépaysés par ce dernier spectacle dans lequel on retrouve le Dieudonné qu'on connaît, à travers certaines de ses mimiques, sa capacité à rire de lui-même ou du public avec un certain cynisme, ou le réalisme avec lequel il campe son grand-père débarqué de son Afrique natale et qui analyse le monde occidental avec un certain réalisme.
Même s'il s'en défend (voir interview plus bas), Dieudonné est comme souvent "border-line", et certains, le Canard Enchaîné notamment, estiment avoir reconnu quelques clichés antisémites dans le spectacle. Dieudonné n'y va en effet pas avec le dos de la cuillère puisque dès le début il mime une de ses éternelles têtes de turcs (qui le lui rend d'ailleurs bien), Bernard Henry-Lévy, dont il rappelle qu'il est milliardaire. Il le met en scène dans un marché, tentant de ne pas payer un euro cinquante de patates en se réclamant de la Shoah, et n'hésitant pas à traiter d'antisémites tous ceux qui n'achèteront pas son livre.
Sketch pour le moins osé. Qui offrira une "confirmation" à ceux qui sont convaincus de son antisémitisme, et fera rire, comme le public bigarré du théâtre de la Main d'Or ce jour-là, ceux qui y verront de l'humour irrévérencieux.
Dieudonné qui se met en scène concourrant pour le prix du "plus grand enculé de France" n'hésite pas à se vanter de son africanité qui est "un atout naturel pour être pris pour de la merde" en France, n'a pas eu peur de mimer celui qui est souvent associé à la barbarie extrême, Adolf Hitler, de mimer le calvaire de Jésus, juif crucifié par d'autres juifs, ou de mimer Faurisson... pour dire qu'il désapprouve naturellement mais après avoir laissé passer le message.
Les inégalités de traitement médiatique ne sont pas oubliées "grâce" à une autre de ses têtes de turc, le président du CRIF. On voit en effet ce dernier intervenir pour le fait qu'il se soit enrhumé fasse la "une" du journal au détriment d'une sortie de chanson initialement négociée par la chaîne.
Les chiens aboient, la caravane passe, pourrait-on dire de ce spectacle plaisant toujours autant à son public très faiblement "communautaire" (contrairement aux insinuations de certains médias). Dieudonné continue à traiter, avec talent, ses thèmes de prédilection, religion, inégalités de traitement médiatique ou mémorielles, comme si les polémiques l'entourant depuis bientôt 3 ans n'avaient jamais existé...
"Dépôt de Bilan", du mercredi au samedi au Théâtre de la Main d'Or, 15, passage de la main d'or, 75011 Paris
Métro : Ledru Rollin
Hervé Mbouguen |
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Interview: "Je ne suis pas antisémite" |
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Dieudonné mimant la crucifixion de Jésus dans "Dépôt de bilan"
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Le Canard Enchaîné vous taxe de propos clairement antisémites…
C’est une interprétation diffamante et injurieuse de mes sketchs. Je ne vais pas leur faire de procès. Mais je n’ai jamais été condamné pour antisémitisme. Or le Canard s’érige en juge et me condamne pour un délit que je n’ai pas commis. J’accepte la critique, mais que l’on me condamne pour des délits graves sans autre forme de procès, je refuse.
Vous ironisez pourtant dans votre spectacle sur les victimes juives du nazisme, et prétendez que l’humour « goy » serait en danger… c’est limite non ?
Puisqu’il y a un humour juif, il y a donc un humour goy. Que l’humour goy soit en danger procède d’un constat. Je suis laïque et républicain de nature. Dans mes sketchs, je cible toutes les religions depuis le début. Pourtant, c’est d’antisémitisme dont je me vois suspecté, et non d’islamophobie ou autre. La pression qui est exercée sur moi et mon métier d’humoriste « goy » est très dure de la part des associations juives, qui me traînent devant les tribunaux depuis des années. Or je l’ai dit et le redit : ne suis pas antisémite.
Le thème du génocide juif est d’autant plus sensible que les faits, à l'échelle de l'Histoire, sont relativement récent. Ne pensez-vous pas qu’il faille être plus prudent sur cette question pour ne pas blesser inutilement ?
Je ne me lancerai pas dans une comparaison. Il faut que le traitement de la souffrance des enfants de la république soit juste et égale. Les juifs n’ont pas plus souffert que les autres, il n’y a pas de raisons de faire plus attention à ce sujet qu’à d’autres. Il ne doit pas y avoir une hypertrophie des traitements qui est de nature à créer un malaise.
Vous avez déclaré que c’est en vous lançant sur le terrain politique que vous en êtes venus à vous intéresser de plus près au problème palestinien…
C’est une solidarité évidente, je réagis en tant que fils de colonisé. Je réclame de toute façon le droit à la critique de la politique d’Israël.
Si vous vous intéressez aux palestiniens par solidarité en tant que « fils de colonisé », pourquoi ne pas vous intéresser directement aux problématiques qui découlent de la colonisation en Afrique au lieu de le faire à travers le conflit israélo-palestinien ?
Ca c’est du communautarisme. Je ne devrais donc m’intéresser qu’aux questions touchant l’Afrique et la Bretagne ? On est censé dénoncer toutes les tragédies qui nous touchent, il est normal et légitime de critiquer toute politique d’oppression.
Justement, vous vous êtes lancé en politique à Dreux, en France, comment se fait-il que la question palestinienne ait pris une telle importance dans votre discours au détriment des nombreuses questions sociales auxquelles la France est confrontée ?
Parce que c’est un sujet qui occupe beaucoup l’actualité. En tant qu’humoriste je me dois d’être au fait des réalités de ce monde. Mais la question palestinienne n’est pas mon sujet unique et la preuve : c’est vous qui m’en parlez ! Moi je préfèrerais vous parler par exemple du système Béké des Dom Tom, cette injustice d’un autre âge qui a traversé les siècles et qui est encore tolérée en France, qui fait qu’aujourd’hui encore moins de 1% de la population - les Békés - est propriétaire de 80% des terres…
Et que préconisez-vous ?
Voter une loi de nationalisation sur les biens Béké. La république doit reprendre ses droits.
Dans une interview accordée au « Choc du mois » - journal d’extrême droite, NDRL - vous dites être d’accord avec le fait que le racisme est un des sentiments les plus partagés par les hommes, sans même signifier qu’il doit être combattu au même titre que les autres pulsions répéhensibles. Ne pensez-vous pas que c’est contribuer à le légitimer ?
Ce qui contribue à légitimer le racisme, c’est l’instrumentalisation de l’antiracisme tel qu’il est aujourd’hui pratiqué par les associations. C’est très maladroit et néfaste car le but réel est électoraliste et non antiracistes. Ceux qui sont montrés du doigt par eux ne sont souvent pas plus racistes que SOS racisme. Peut-être même moins !
Propos recueillis par Jean Dassiam |
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