
Le Premier ministre du gouvernement de transition ivoirien, Charles Konan-Banny a clairement affiché, mercredi à la télévision ivoirienne, son intention de prendre date avec ses compatriotes, comme l'y exhortaient déjà depuis plusieurs jours toutes les formations politiques de l'opposition, l'ex- rébellion des Forces nouvelles et beaucoup de ses concitoyens qui l'ont interpellé par voie de presse.
Apparu calme et serein sur le petit écran, M. Konan-Banny a souligné que la résolution 1721 du Conseil de sécurité des Nations unies "a défini des rôles pour tous et pour chacun", ajoutant être décidé, pour sa part, à prendre toutes ses responsabilités et exécuter pleinement la mission qui lui a été confiée.
"Je compte, d'ores et déjà, poursuivre avec détermination et parachever les actions de sortie de crise identifiées dans la résolution 1721", a enchaîné le Premier ministre, qui semble avoir fait de la résolution de la question conflictuelle de la restructuration des Forces de défense et de sécurité son objectif premier.
Il a ainsi pris l'engagement de recréer, à partir de l'ensemble des très controversées Forces de défense et de sécurité (FDS) qualifiées d'"armée tribale" par l'opposition, une "armée attachée aux valeurs d'intégrité et de morale républicaine".
Le Premier ministre ivoirien, dont une disposition de la résolution 1721 fait le véritable patron des forces armées en dépit des objections formulées par le président Laurent Gbagbo qui l'a rejetée, au motif qu'elle constitue une violation de la Constitution, a dit toute sa détermination à oeuvrer "sans faiblesse à la réunification du pays et à la restauration de l'autorité de l'Etat sur l'ensemble du territoire".
"Cet engagement n'est pas qu'une profession de foi. C'est une promesse d'application, soutenue par des actes prévus par la résolution 1721 qui seront pris incessamment", a lancé M. Banny à l'endroit de tous ceux qui pourraient être tentés de mettre en doute sa volonté de mettre en oeuvre et de conduire à terme sa feuille de route, ou qui manœuvreraient pour lui mettre des bâtons dans les roues.
Contrairement au chef de l'Etat qui continue à s'arc-bouter sur la Constitution pour défendre son régime menacé, le "Banny nouveau" s'adosse à la résolution 1721 qui constitue, à ses yeux, l'"ultime cadre de règlement pacifique de la crise".
Sans le dire expressément, le Premier ministre fait ressortir la prééminence d'un texte qui, selon lui, tire toute sa légitimité du vote unanime des quinze membres du Conseil de sécurité, y compris les cinq grandes puissances que sont les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni.
"Dans ce contexte, il ne m'apparaît absolument pas nécessaire de rechercher un schéma qui se substituerait à cette résolution, même s'il n'est pas interdit de rechercher les moyens de son approfondissement, de l'amélioration de son efficacité", déclare sereinement M. Banny, qui jette ainsi un gros caillou dans le jardin de M. Laurent Gbagbo qui organise précisément, depuis mardi dernier, des Journées nationales de concertation, afin de définir "un nouveau cadre de sortie de crise".
"Là où les grandes puissances de ce monde se sont entendues, il apparaît paradoxal, dangereux voire irresponsable que les Ivoiriens ne s'entendent pas", assène encore le Premier ministre, apparemment plus combatif que jamais. |