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James Brown
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Le Soul Godfather s’en est allé rejoindre, du côté des étoiles, ceux qu’il aimait, ses amis Miles Davis, Martin Luther King (qu’il a appuyé dans sa lutte), Adriana, sa femme qui l’a beaucoup soutenu, notamment lorsqu’il a été incarcéré durant deux ans et demi au tournant de la décennie quatre-vingt-dix…
James Brown, éclaireur de courants musicaux majeurs du dernier demi-siècle (rhythm’n blues, soul, funk, disco, hip hop), est mort lundi 25 décembre vers 1h45 du matin, à Atlanta (Géorgie), où, la veille, il avait été hospitalisé pour une pneumonie. Les mélomanes de tous pays, ainsi que les humanistes, quelle que soit leur couleur de peau, retiendront de lui l’essentiel : la révolution musicale qu’il a opérée, mais aussi la puissante portée politique de certaines de ses chansons, dans une Amérique en proie au racisme de la pensée dominante. Quand, en 1968, il écrit “Say It Loud, I'm Black And I'm Proud”, il se fait l’écho d’un peuple opprimé qui, à travers la lutte pour les Droits civiques et, plus tard, au fil d’émeutes successives (à Los Angeles, etc.), crie son refus de se laisser faire. Ses hymnes à la libération, véritables sommations au respect, se gorgent d’un groove irrésistible et deviennent des sources d’inspiration jusqu’en Afrique, à l’heure des indépendances.
Papa James nous a quittés. Au chagrin qui nous assaille, s’ajoute la colère. Des médias, en France, n’ont pu s’empêcher, dès le 25 décembre, de farcir leur billet nécrologique de détails croustillants, sans avoir toujours pris le temps de vérifier leurs sources, ni leurs informations. Ainsi, a-t-on pu lire, dans une dépêche : « Après deux ans de prison pour avoir frappé sa femme et échappé à la police, il retrouvera la liberté en 1991 ». Ce n’est pas pour avoir battu Adriana que le chantre de "It's a man's world" s’est retrouvé derrière les barreaux, mais suite à une altercation qui l’a opposé à « des hommes d’affaire au comportement raciste » et qui a mal tourné, particulièrement quand la police est arrivée.
Nous vous reparlerons de cet épisode la semaine prochaine, dans le cadre d’un spécial James Brown. En 1991, j’ai pu interviewer James Brown et Adriana. Tous deux ont pris le temps de s’expliquer. Certaines des accusations, particulièrement graves, bien que démenties par la police elle-même, n’ont pas fait l’objet d’un démenti de la part des médias qui avaient fait leurs choux gras sur la tête d’un homme noir peut-être trop aimé, à leurs yeux, du grand public.
Il ne s’agit pas de nier les frasques que James Brown a pu commettre, à l’instar de nombre d’artistes à la vie souvent disloquée par des conditions sociales douloureuses ou par un showbusiness impitoyable. Nous avons observé, y compris chez des leaders de la sphère politique de France ou d’ailleurs, des inconduites notoires. Une fois de plus, on souhaiterait qu’une certaine presse vérifie ses sources, ne suive pas l’inique « deux poids, deux mesures » selon le sujet dont elle traite et, enfin, rompt avec le paternalisme dont elle se repaît quand elle aborde des questions concernant les descendants d'esclaves ou de colonisés. We've to say it loud.
Extrait de l'interview de la regrettée Mme Brown (1991) :
Fara C. : Au tournant des années 90, un certain nombre de médias ont affirmé que Monsieur Brown était drogué, lorsque la police l'a arrêté...
Adriana Brown: C'est faux, bien cela ait été largement publié. James n'a pas été emprisonné pour des questions de drogue. Le révérend Jessie Jackson s'était procuré le rapport de police qui démentait cette affirmation et l'a lu aux médias. Au moment des faits, mon mari suivait un traitement aux antibiotiques et prenait, sur ordonnance, des cachets contre la douleur, parce qu'il s'était fait opérer quatre
jours avant. Ce qu'il avait dans son organisme avait été prescrit à l'hôpital (.).
À suivre. |