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Patrick Lozes, président du CRAN
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Le CRAN dévoile aujourd’hui dans le Parisien le résultat d’une étude qu’il a commandé à TNS Sofres : 4% de la population française de plus de 18 ans serait noire (1.865.000 individus), et 56% de ces noirs se disent discriminés au quotidien.
Des discriminations qui interviendraient pour 62% des sondés dans l’espace public et les transports en commun, pour 42% au travail. Pour les défendre, ils font confiance aux associations à 81% et à l’école à 72%. Ils ne sont que 29% à attendre un effort de la part des politiques.
37% des personnes interrogées estiment que les discriminations se sont aggravées au cours de l’année dernière, contre 40% pensant que rien ne change et 17% affirmant qu’elles se sont réduites.
Un sondage qui porte à polémique de par son concept même, qui utilise des statistiques ethniques. Une mesure inédite en France, où les enfants de la République sont réputés être tous égaux sans que l’on puisse faire de distinction de race.
Le CRAN met en avant la lutte contre les discriminations pour justifier le besoin de statistiques ethniques précises. Pour Patrick Lozes, président, « les gens que l’on ne compte pas sont des gens qui ne comptent pas ».
D’autres associations noires s’y opposent farouchement : Claude Ribbe, président du Collectif Dom estime que « l'Outre-mer ne se reconnaît pas dans la notion de noir » et que « la mise en place de statistiques « ethno raciales », est de nature à renforcer le racisme en France ».
Autre point important avancé dans le camp du « pour », le vote noir. Prouver l’existence d’une population noire française obligerait les politiques à la prendre en compte et donc à agir en sa faveur.
Indiscutablement inadmissibles il y a encore très peu de temps, les statistiques ethniques sont en réalité déjà utilisées notamment dans le domaine du marketing. La différence aujourd’hui est que le CRAN dévoile cette étude en place publique.
Un premier pas qui pourrait faire des émules, souhaitées par certains comme arme dans la lutte contre les discriminations, par d’autres comme mesure du taux de délinquance, ce que réclame Nicolas Sarkozy.
Entretien avec Jean Christophe Despres, Sopi Communication, «l’agence de la diversité».
Confirmez vous l'utilisation des statistiques ethniques dans le domaine du marketing? Si oui, de quelle manière sont elles utilisées et dans quels buts ?
Nous utilisons en effet des données ethno raciales. Nos échantillonnages sont effectués sur la base de projections réalisées à partir des données de l’INSEE sur l’immigration depuis 1968 ainsi que par les travaux portant sur la présence des Domiens en métropole comme ceux de Claude Valentin Marie. Nos enquêtes sont ensuite soit anonymes pour le cas de sondages soit reposent sur une base constituée avec l’accord exprès des intéressés selon l’article 8 alinéa de la loi Informatique et Libertés.
Le but de nos études est de déterminer quelles sont les dimensions identitaires de la consommation. Nos clients cherchent avant tout à connaître la taille des populations cibles puis nous définissons ensemble quel est le meilleur mix marketing pour s’adresser à telle ou telle partie de la population. Concrètement, on peut étudier le potentiel d’une gamme de maquillage pour peaux noires comme d’une gamme de plats cuisinés halal ou une nouvelle offre de téléphonie vers l’Afrique. A ce titre, il ne nous sert strictement à rien d’enfermer les gens dans une identité prédéfinie mais au contraire d’analyser finement les particularités de chaque individu.
Quel est votre point de vue sur l'utilisation de ces données dans le domaine public ? La légalisation de ce type de procédés ?
Je ne pense pas nécessaire de devoir changer la loi qui me semble à juste titre protectrice sans empêcher, on le voit, ce type de démarches. Ce serait plutôt les mentalités qu’il faudrait changer et c’est le plus difficile…Comment en effet mettre en place les mesures correctives de discriminations évidentes sans diagnostiquer le mal précisément et pouvoir évaluer les résultats des actions entreprises. Plus que changer la loi, c’est introduire les variables de diversité dans les recensements qui s’avère nécessaire, en offrant une large palette de groupes d’identification, avec la possibilité de ne pas choisir ou de se reconnaître dans plusieurs groupes qu’ils soient raciaux, nationaux ou ethniques.
Loin d’enfermer les individus dans des cases, nous pourrions ainsi mieux comprendre la multiplicité des choix identitaires de nos concitoyens, y compris des bretons…
Selon vous ces statistiques sont une nécessité dans la société actuelle?
Ayant été auditionné par la CNIL dans le cadre de son rapport sur les statistiques ethniques, j’ai en effet exprimé ce souhait. Je pense néanmoins qu’il est minoritaire et peu porté par les groupes réellement influents dans notre société.
La réalité finira à mon avis par dépasser les blocages provoqués par ceux dont l’intérêt est que rien ne change.
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