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Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Dogad DOGOUI, j’ai bientôt 40 ans (je suis né le 14 février 1964 à Abidjan), je suis franco-ivoirien. Ivoirien de naissance, immigré en France depuis septembre 1981 pour mes études supérieures, j’ai obtenu la nationalité française en 1992. Je suis consultant en communication, créateur d’entreprises de conseil depuis 1996. J’anime
le forum Africagora, à partir du club que j’ai créé en 1999 pour participer à la construction d’une place pour la diaspora africaine, hors du continent.
Quelle est la genèse d’Africagora et qui sont ses initiateurs ?
Africagora (qui pourrait se traduire par « une agora pour l’Afrique », en référence à l’agora grecque ou « l’Afrique maintenant » en portugais) est le résultat de l’idée que j’ai eu de réunir les compétences et les talents noirs et métis originaires d’Afrique, de la Caraïbe et du Pacifique, en une organisation. En 1998, j’ai adressé un mailing à 97 amis et camarades de promotion pour les inciter à créer un club d’entrepreneurs, afin de se donner une visibilité et de servir les autres dans leur progression sociale. Mais le nom lui, est né un matin au saut du lit au début 1999 et je l’ai présenté le 6 mars 1999 à un forum constitutif organisé dans les salons de l’Etoile de l’hôtel Napoléon à Paris. 80 personnes y participaient. |
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Le nouveau logo d’Africagora
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Quelle est aujourd’hui la nature et la taille de votre réseau ?
Africagora compte 160 adhérents (dont plus de 50 actifs régulièrement dans les diverses commissions) et 3000 sympathisants regroupés en clubs relais dans 18 villes de France. Aujourd’hui, 33 métiers et secteurs d’activités sont représentés au sein de notre réseau et nous démarrons l’ouverture de relais internationaux en étroite collaboration avec certains de nos membres installés à Madrid, Barcelone, Genève, Bruxelles et Londres. |
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Africagora Business club à Lille novembre 2001
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Pouvez-vous nous décrire le processus de sélection de vos membres ?
Africagora est une association ouverte à tous les entrepreneurs, cadres dirigeants, professions libérales, élus locaux, enseignants, écrivains, artistes et autres cadres en devenir. Elle comporte deux niveaux de sélection :
un Business Club sur cooptation pour offrir à des investisseurs et entrepreneurs « l’opportunité de se créer des opportunités ».
une association de salariés, cadres, entrepreneurs indépendants et élus locaux de tous bords, désireux d’échanger avec leurs pairs, de construire une image et un discours et de prendre des initiatives au profit des communautés noires de France.
Nous n’avons jamais encore refusé une demande d’adhésion, comme les statuts en donnent le droit au bureau. Le seul vrai critère de sélection est la motivation pour le collectif et le sens du sacrifice.
Quels moyens mettez-vous en œuvre pour entendre la voix de la diaspora, en d’autres termes, comment vous assurez-vous d’être toujours au plus près des attentes des populations qui sont au centre de votre action ?
Que ce soit à Paris ou dans nos principaux clubs relais dans l’Hexagone, Africagora est ouverte aux contributions de la diaspora, en accueillant tous les mois les personnes qui ont des messages à nous faire passer et des propositions.
Nos membres forment un échantillon représentatif du public que nous visons, à savoir des diplômés, entrepreneurs, élus, et professions libérales. Nous sommes donc en phase quasi quotidiennement avec les problèmes rencontrés et les solutions appliquées par les membres de la diaspora panafricaine. C’est un gage et une assurance de coller aux attentes des populations visées. |
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Le Tour de France 2003 de l’Intégration Républicaine, l’un des axes de proximité d’Africagora
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Votre mission est porteuse d’une certaine vision de ce que devraient être les relations Nord-Sud. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
La diaspora africaine doit prendre toute sa place dans les relations Nord-Sud. Nous nous devons d’être des ambassadeurs d’une nouvelle Afrique, celle qui gagne et qui s’appuie sur ses potentiels dans la bataille de la mondialisation.
Au même titre que les diasporas chinoises, coréennes, portugaises, … celles d’Afrique doivent s’investir dans la représentation de leur continent et dans son développement : cette mission nous semble dévolue aux chercheurs, intellectuels, artistes, artisans, cadres, enseignants et chefs d’entreprises qui vivent et s’épanouissent dans les pays occidentaux, y possèdent les réseaux d’influence et la possibilité d’assurer un « plaidoyer » pour l’Afrique.
Dans un article paru dans Libération mardi 20 janvier, vous réagissez dans un même son de cloche que d’autres personnalités de la diaspora, à la nomination de A. Dermouche au poste de Préfet du Jura. Pouvez-vous donner aux lecteurs de Grioo la substance de cette réaction ?
A deux ou trois exceptions près, tous les intervenants de l’article que vous mentionnez sont des membres de notre réseau, à Paris et dans les autres métropoles de France. Notre position commune est la suivante : nous adressons nos félicitations au Préfet Dermouche pour sa nomination et la reconnaissance de ses mérites et de ses qualités professionnelles. Nous associons sa communauté (puisqu’il a été présenté par les pouvoirs publics comme « préfet issu de l’immigration ») à cet hommage. Cependant, nous demandons à l’Etat d’assurer une certaine équité dans les actes symboliques, en recrutant aussi des compétences issues de la communauté noire d’ici, afin d’assurer aussi une certaine diversité dans la haute administration et les postes de décision du service public.
Votre message a-t-il été entendu par le Gouvernement français et quelles peuvent en être les retombées immédiates pour la diaspora afro-caribéenne ?
Notre message est passé. Le 20 janvier, une délégation représentant un groupe de travail sur la place des Noirs dans l’hexagone, a été reçue en audience par le Haut Conseil à l’Intégration (HCI), conduite par Madame Kriegel, sa présidente. Il a été convenu qu’un calendrier de réunions de travail avec le HCI allait suivre cette saisie de l’institution, afin d’examiner la possibilité de mettre à l’ordre du jour du rapport 2004 les questions touchant à la place des Noirs, qu’ils soient d’ici, originaires d’Afrique ou des départements et territoires d’outremer français.
Africagora a proposé la création d’une structure paritaire publique/privée de soutien à l’initiative privée et à la promotion sociale des minorités, dont la communauté noire. Pour la diaspora, ce serait l’assurance de disposer de soutiens actifs et massifs pour le financement d’études supérieures de haut niveau ou de formations professionnelles à fort potentiel d’embauche ou d’activités. Les cadres et entrepreneurs du réseau
Africagora y apportent leur soutien actif. |
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Campagne d’affichage Africagora dans 12 villes de France Métropolitaine en prévision des échéances électorales de 2004
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Pensez-vous qu’il est possible d’assister dans les mois à venir à la nomination d’un préfet ou toute autre autorité issue de cette composante de l’immigration ?
J’en suis certain. Il y va de la cohésion nationale. Le Président de la République et le Premier Ministre ont donné un signal fort à la cause de la diversité en nommant des ministres issus de la communauté maghrébine, puis un préfet de la République française, par ailleurs non issu des rangs de l’administration. Je fais confiance au sens de l’équité du Président Chirac pour apporter la preuve de son attachement à la cohésion nationale à travers ses relations avec les communautés noires d’Afrique et avec les populations venues de l’outremer.
Nous lui avons proposé de faire de la diversité une grande cause nationale pour les trois années à venir, avec mise en place de moyens, de structures et de directives spécifiques pour rétablir l’égalité des chances au sein de la société française. Le Président Chirac rentrerait dans l’histoire en ouvrant massivement les portes de l’Etat et des structures publiques de l’Hexagone aux Français venus d’Afrique et des DOM TOM. Faire de la politique, c’est aussi s’inscrire dans l’histoire en en devançant son cours. Nous sommes optimistes. |
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Le 3ème forum Africagora dont le colloque avait pour thème « Diaspora et Intégration
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Quelle est la position d’Africagora sur l’instauration de quotas en France ?
Nous ne pensons pas que l’instauration de quotas en France soit à l’ordre du jour. Cependant, face à l’inertie et au recul de la représentation politique des minorités entre les années
1950 et nos jours, Africagora milite pour que des places soient réservées aux minorités ethniques, sociales et culturelles, selon leurs mérites et leurs compétences, mais sans tenir compte de leur importance numérique. De plus, les quotas ne sont pas pour l’instant en notre faveur numérique.
Concrètement, et de manière chiffrée, quels en seraient les apports pour les populations issues de l’immigration afro-caribéenne dans leur vie quotidienne ?
On parle souvent de 2 millions de Noirs en France (dont 500 000 des DOM TOM et 1,5 million d’Africains, nés dans l’Hexagone ou issus de l’immigration).
L’instauration de quotas ne nous donnerait que 3 % des places (sans compter que tous les Noirs de France ne sont pas de nationalité française). Même si diront certains, 3 % c’est déjà une bonne chose. Prenons tout de même garde à ne pas être vus que comme des « Noirs de service ou de quotas », et à ne pas nous couper des possibilités d’avoir plus de 3 % des nôtres en bonne place à l’avenir dans les centres de décision. Le lobbying, la formation et l’organisation politique devraient nous y aider pour les générations futures.
Selon vos détracteurs, votre action est essentiellement orientée vers l’élite. Que leur répondez-vous ?
Africagora est un club de cadres dirigeants, d’entrepreneurs, d’élus locaux et de futurs cadres, c’est-à-dire ceux susceptibles de donner l’exemple à toute la communauté noire de la diaspora. Cependant, n’est pas « élite » qui veut. L’élitisme n’est pas un statut, en fonction de sa formation, de son revenu … ou du moins, n’est-ce pas un critère suffisant. L’état d’esprit, la vision et le cœur me semblent plus être prédominants dans la définition de l’élite. Par ailleurs, si certains Noirs de France sont opposés à notre action, c’est la preuve que nous ne sommes pas hors jeu et que notre message porte.
Enfin, Africagora a choisi son positionnement : réunir les décideurs de tous les secteurs, afin de les mobiliser et les sensibiliser à leurs rôles, dont celui de donner l’exemple, de servir de modèle et de s’investir pour les autres. Pour les jeunes diplômés, les porteurs de projets et ceux des plus modestes qui veulent s’en sortir, nous avons conçu le programme national FAIRE (Formation Accompagnement Insertion Réintégration Entreprenariat), pour parrainer et soutenir la création d’entreprise au sein de la communauté noire de France. L’important c’est d’agir. Que tous les détracteurs agissent, nous les soutiendrons. |
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« Tract tiré à 1OOOOO exemplaires. Est distribué dans 30 villes de France depuis novembre 2003 et ce, jusqu’à la veille du premier tour des élections Régionales 2004
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Au-delà de la diaspora, quels sont les liens d’Africagora avec l’Afrique et les DOM français ? Avez-vous des contacts locaux (administratifs, membres…)?
Dans les premières années de sa création, Africagora s’est lancée à la recherche de contacts et de liens en Afrique (à l’ouest en particulier), sans grande réponse concrète de la part de nos interlocuteurs. Aujourd’hui, cinq ans après son démarrage, notre club vient de lancer une campagne de référencement et de proposition à toutes les institutions africaines et à tous les pays du continent autour d’un projet de Forum Nepad & Diaspora (pour éclairer les Africains de l’extérieur et les communautés noires dans le monde sur les opportunités de participer au développement du continent). Cinq de nos membres à ce jour sont en Afrique et dans les DOM français. Nous devrions développer cet axe en 2005.
Quelles sont vos réalisations de référence et quel est votre calendrier d’actions à venir ?
Tout dépend de ce que vos lecteurs considèreront comme référence. Nous sommes assez fiers de :
l’organisation du forum initial le 6 mars 1999 à Paris,
avoir réussi à faire accéder 320 personnes à l’Assemblée Nationale le 6 avril 2002, (et devant les représentants des candidats à l’élection présidentielle de 2002)
notre référencement auprès des pouvoirs publics en tant que structure de consultation et d’échanges pour les Noirs de France
la couverture médias que nous avons obtenue depuis notre création, notamment : The New York Times, Libération (2 grandes pages), TF1 (2 journaux de 20h de PPDA), France 3 (débat Black Blanc Beur), L’Express, la presse régionale en France, et des émissions sur les radios comme France Inter, RFI et Africa N°1.
Pour les semaines et mois à venir, nous convions vos internautes à un forum Carrières & Emploi (le 5 février, bourse du commerce de Paris), aux étapes de notre 3e tour de France (Evreux, Rouen, Marseille, Bordeaux, Toulouse, Grenoble) et en final, aux 3èmes Assises nationales de l’Egalité Républicaine, le 6 mars 2004 au Palais des Congrès de Paris. Le 9 mai, nous envisageons de réunir un Afro Forum avec les communautés noires d’Europe, avant un salon des entrepreneurs et un forum des compétences et des filières en septembre. |
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« Dogad Dogoui au forum de l’Union Internationale des Télécommunications à Dakar au Sénégal, en juillet 2003.
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Comment financez-vous vos activités ?
Africagora est financée par les cotisations de ses membres et les prêts à long terme consentis par ses dirigeants, pour assumer la charge des initiatives d’envergure nationale et internationale que nous prenons. Nous espérons pour 2004 et les années à venir bénéficier du soutien des pouvoirs publics français et des institutions internationales (dont les africaines) pour les initiatives que nous présentons en faveur de la promotion de l’Afrique et de son développement.
L’idée d’une souscription publique avec défiscalisation des sommes reçues de la communauté et des entreprises mécènes, est aussi examinée, afin de créer un fonds d’aide et de soutien à la formation supérieure ou professionnelle (artisanat, services), à la création d’entreprises et à l’installation de professions libérales. Parfois, tout de même, nous nous disons que 100 ou 200 euros (montant de la cotisation annuelle) pour bon nombre de cadres et entrepreneurs de la diaspora, ce n’est pas grand chose face à l’urgence de se doter de moyens pour bâtir au plus vite une structure forte et efficace pour tous, principalement pour la génération à venir. Nous réfléchissons à la mise en place d’un
Fonds Africagora pour l’Intégration Républicaine et Economique (formation, emploi, civisme, création d’activités).
Pour finir, quel message souhaitez-vous adresser à nos lecteurs qui sont des adhérents potentiels ou tout simplement des personnes ayant espoir dans votre action ?
Plusieurs messages : ne laissez pas les autres décider pour vous. Qu’ils soient venus d’ailleurs ou nés de parents étrangers, les membres de la diaspora doivent savoir qu’ils ne sont pas en France par hasard. Nous avons une mission à accomplir auprès des anciens colons : leur apporter les valeurs de l’Afrique, bâtir avec eux une société nouvelle autour des notions d’équité et de diversité, dans le respect de l’Homme et de ce qui fait de lui un être vivant intelligent. Chers frères et sœurs, ne laissez personne vous dire que vous ne valez pas grand-chose. L’Afrique est l’avenir de l’humanité. Ses filles et ses fils, du continent comme de l’extérieur, en forment la poignée. N’oubliez pas « tout ce qui se fait pour nous mais sans nous, se fait contre nous » (Madiba). |
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Le projet de Fondation Africagora pour l’Intégration Républicaine et Economique
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Dogad Dogoui, nous vous remercions
Pour en savoir plus, vous pouvez visiter le site Internet d’Africagora :
http://www.africagora.org
Ou les contacter directement en écrivant à l’adresse :
BP 6422
75064 PARIS Cedex 02
Ou encore par e-mail : contact@africagora.org |
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