Moussé Daby Diagne est un ancien militant du Parti socialiste (Ps) qui a pris sa retraite politique après l’alternance survenue en 2000. Cette icône du Ps à Louga rompt le silence, dans cet entretien qu’il nous a accordé à l’issue de sa visite auprès des responsables du comité électoral.

Quel sens faut-il donner à votre visite auprès des responsables du comité électoral du Ps ?

J’ai pris ma retraite politique depuis 2000. Mais, en tant que président d’honneur du parti à Louga, je suis venu ici pour visiter, saluer donc et encourager les jeunes dans la voie du progrès, de la citoyenneté, du travail et de la croyance aux valeurs pour le Sénégal et pour la ville de Louga. Tout le monde sait que je ne fais plus de politique à la base. Mais, je reste un socialiste retraité bien sûr. Et je suis assez content de voir que tous les jeunes, qui étaient avec moi à l’époque, ont pris la relève et c’est pour moi une excellente chose. Tout le monde devrait faire la même chose. Car, lorsqu’on n’a plus la force physique et mentale, on doit, quand même démocratiquement, faire de la place à une nouvelle génération, et c’est ce que j’ai fait. Pour en revenir sur cette visite, je dirais simplement que c’est une manière pour moi d’apporter un réconfort moral aux troupes socialistes, un réarmement moral à cette nouvelle génération engagée dans une voie qui n’est autre que la reconquête du pouvoir pour bâtir un Sénégal nouveau et faire de Louga une ville nouvelle. Je trouve normal, en ces moments, que je fasse le retour aux sources pour les encourager à faire de la bonne politique comme j’ai essayé de la pratiquer. C’est-à-dire d’emprunter une voie saine, être bien ancré dans le parti, rechercher le débat démocratique avec les autres, tourner le dos à toutes les tortuosités qui malheureusement font légion dans toutes les formations politiques. Car, le Sénégal se bâtira avec des croyances et des convictions fortes, et un dialogue de ces convictions fussent-elles contradictoires. C’est cela la vraie démocratie qui va faire avancer le pays.

Le Parti socialiste a perdu le pouvoir en 2000 ; aujourd’hui, sept ans après, comment trouvez-vous votre formation politique ?

Au niveau local comme au niveau national, le parti est en train de reprendre de la couleur. Aujourd’hui, sept années sont passées et les Sénégalais ont, pour la première fois peut-être, l’occasion de juger des alternances possibles. Ils en ont vécu et goûté une qu’ils ont pu certainement comparer avec une référence antérieure. Je trouve que cela contribue à fortifier la démocratie. Et, dans ce cadre-là, le Ps va continuer à être un parti fort, un parti représentatif qui va certainement compter dans la gouvernance du Sénégal. Au niveau local, il y a des jeunesses socialistes de qualité qui étaient avec nous et qui sont devenues aujourd’hui de grands responsables à la hauteur de l’espoir que le Ps porte sur la nouvelle génération. Je suis fier de voir ça. Et j’ai le sentiment, comme ils me l’ont dit tout à l’heure en comité électoral, qu’ils ont retenu quelques leçons de ce que nous avons essayé de bâtir ensemble depuis 1967 quand je suis entré dans le parti.

Etes-vous véritablement de ceux qui pensent aujourd’hui que le Ps est toujours fort et que Louga demeure encore un bastion pour les verts ?

Ah oui. Franchement oui et sans esprit partisan. Je pense que cette ville a toujours été majoritairement socialiste. Mais, quand on parle d’une majorité, je parle de celle-là qui est ancrée, qui est assise, qui est continue et qui peut se réveiller à tout moment. C’est de cette majorité dont je parle. Pour le Ps, je pense que cela a été une très bonne chose que d’avoir été battue en 2000, et d’avoir eu l’occasion d’aller dans l’opposition pour se refaire une santé. Se refaire une santé, c’est à la fois réfléchir sur les erreurs commises dans le passé. C’est aussi faire de l’autocritique sur tel ou tel système de gouvernance du parti ou alors sur ce qu’on a manqué comme débat sur des thèmes très importants pour le pays. Et enfin, c’est un peu laisser voir pour savoir ce qui été positif dans le gouvernement du Parti socialiste à l’époque. Car, quand il y a une alternance, il y a d’autres alternatives. Ainsi, je demeure convaincu pour la reconquête du pouvoir. Car, en tant que parti de masse, le Ps a des atouts certains de par son enracinement profond. La preuve, dans des villes moyennes comme Louga, on compte, dans chaque famille, des anciens pétris de valeurs et qui ont opté pour une certaine couleur et des valeurs politiques comme la sincérité et le courage.

Propos recueillis par Ousmane Mbengue