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Interview : Dominique Sopo, président de SOS Racisme
04/12/2003
 

Grioo.com a rencontré Dominique Sopo, président de SOS Racisme depuis Juin 2003
 
Par Serge Ngapo / Cyrille Nono
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Dominique Sopo  
Dominique Sopo
© grioo.com
 

Vous venez d’être élu président de SOS Racisme en juin 2003. Pouvez-vous vous présenter à nos internautes afin que ceux-ci vous connaissent mieux ? Vos origines, votre parcours scolaire et les éventuelles difficultés rencontrées ?

Je suis né en France en 1976 de mère française et de père d’origine togolaise qui a été naturalisé par la suite. Mon père est venu en France pour des raisons d’études quand il était plus jeune et il a décidé de rester en France où il a travaillé dans l’industrie automobile comme agent de maîtrise.

En terme de parcours scolaire, j’ai fait toute ma scolarité à Valenciennes dans le nord de la France, puis je suis venu à Paris pour faire Sciences-Po Paris, ensuite des études d’économie qui m’ont menées jusqu’à l’agrégation de sciences économiques et sociales que j’ai obtenue au mois de juin. En terme de difficultés que j’aurais pu rencontrer, ce qui m’a le plus marqué au-delà de mes difficultés personnelles, ce sont celles qu’a pu rencontrer mon père.

A l’époque où il est arrivé en France pour travailler dans les années 70, il y avait quand même une forte discrimination qui existait en terme d’évolution de carrière, et une forte pression policière existait envers les personnes d’origine étrangère. Dans ma vie personnelle, j’ai connu des cas de racisme à mon endroit, mais assez marginalement car le fait d’être "un bon élève" protège beaucoup de ce genre de comportements qui souvent s’attaque aux gens qui sont en difficulté. Le fait d’avoir fait ce parcours scolaire et universitaire m’a aidé.

Qu’avez-vous fait au sein de SOS Racisme avant d’en devenir le président ?

J’ai commencé à m’investir dans des associations en 1995-96 puisque j’ai fait du syndicalisme étudiant au sein de l’UNEF-ID où j’étais responsable de la région parisienne, j’ai aussi adhéré au mouvement des Jeunes Socialistes à la même époque, et j’ai par ailleurs adhéré à SOS Racisme en 1996 dans la mesure où il me semblait important de lutter contre les discriminations. Je me suis davantage investi à SOS Racisme en 1999 quand Malek Boutih a pris la tête de l’association (car il a crée une rupture par rapport au discours antiraciste qui était à l’époque en décalage avec la réalité puisque centré sur les questions d’intégration alors que le problème était plutôt la discrimination)

J’ai travaillé auprès de Malek Boutih dans le bureau national jusqu’à mon élection à la présidence au mois de juin dernier.

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Malek Boutih et Harlem Desir, deux ex-dirigeants de SOS Racisme  
Malek Boutih et Harlem Desir, deux ex-dirigeants de SOS Racisme
© harlemdesir.com
 

Comment fonctionne SOS Racisme aujourd’hui ?

SOS Racisme est une structure nationale avec des responsables nationaux qui gèrent différents secteurs et est décliné ensuite au niveau des comités locaux que ce soit en province ou en région parisienne. Il y a en tout 150 comités SOS Racisme répartis sur le territoire ce qui fait environ 10 000 adhérents répartis sur toute la France. Le public de SOS Racisme est plutôt jeune (entre 15 et 40 ans), mais aussi intergénérationnel, et extrêmement métissé, réellement "black blanc beur" ce qui fait une des fiertés de SOS Racisme.

Où se situe SOS Racisme par rapport aux lois sur l’immigration et le problème du voile ?

SOS Racisme a exprimé son désaccord par rapport au projet de loi sur l’immigration en juin lorsqu’il est sorti car il ne règle aucun des problèmes de l’immigration. Il n’y a aucune redéfinition de la politique d’intégration que la France devrait suivre. C’est une grande occasion manquée par le ministre de l’intérieur. On constate un durcissement par exemple en ce qui concerne les mariages mixtes. Il y a une suspicion à l’égard des mariages mixtes car pour le ministère de l’intérieur l’augmentation du nombre de mariage mixtes traduit une hausse des mariages blancs. Alors qu’il est normal que ce nombre augmente puisque les barrières ethniques tombent d’année en année.

Il y a aussi le problème du durcissement de l’obtention de la carte de résident. Les gens qui sont en France depuis plusieurs années devraient se voir plutôt faciliter leur vie quotidienne au lieu de se voir mettre des bâtons dans les roues. Sur la question de la laïcité, on est pourqu’il n’y ait pas de signes religieux visibles dans les établissements scolaires. Mais nous sommes contre une loi sur la question des signes religieux qui pourrait être vécu comme une stigmatisation, notamment par la communauté musulmane. Le débat tourne beaucoup autour de la question du voile, nous étions pour une clarification de la situation (en ce moment on laisse plutôt les profs se débrouiller tout seul au cas par cas) avec une circulaire du ministère de l’éducation nationale ou pour une modification du décret d’application de la loi de 1905.

Au-delà des débats juridiques, il faut aussi se demander pourquoi il y a de plus en plus de filles qui mettent le voile. La république doit se demander comment on en est arrivé là et comment on fait pour combattre l’écho que peuvent rencontrer certains réseaux fondamentalistes dans les quartiers. La question des discriminations et des ghettos créent des failles et la tentation communautariste apparaît comme un modèle qui peut s’opposer à la république.

Le logo de SOS Racisme  
Le logo de SOS Racisme
© sos-racisme.org
 

SOS Racisme a été un mouvement très populaire par le passé, il l’est peut-être un peu moins maintenant et on a parfois l’impression que vous êtes absents de certains grands débats. Vous êtes contre le communautarisme, mais s’il existe c’est qu’il y a aussi la volonté de la part de certaines personnes de se reconnaître, d’obtenir des quotas par exemple. Lors des revendications du collectif Egalité, vous n’avez pas été très présents pourquoi ?

Concernant le collectif Egalité, nous n'en n’étions pas membres car nous ne sommes pas favorables à cette vision par les quotas. On comprend que les quotas soient appliqués dans des sociétés qui comme aux Etats-Unis ont fait le choix du communautarisme. Les quotas apparaissent dans ce cas comme des corrections face à un problème de discrimination généralisée dans la société. En France ce serait plus problématique car la France est un pays très métissé, et puis le fait de créer les quotas pousseraient les gens à se sentir comme appartenant à une communauté alors même que les gens aujourd’hui se définissent dans leur majorité comme des citoyens et non pas comme des Noirs, des Arabes, des Juifs...etc Il y aurait un risque de renvoyer les gens à leur communauté et de recréer des barrières sociales, ethniques ou religieuses.

Notre réponse à la discrimination est celle qu’on apporte depuis 5 ans puisque nous sommes la seule organisation à avoir obtenu concrètement des victoires contre ces questions de discrimination. C’est SOS Racisme qui a fait progresser l’état du droit et de la jurisprudence sur les questions de discrimination notamment à travers la méthode du testing qu’on a introduit en France et qui est aujourd’hui reconnue comme une arme juridique valable pour apporter la preuve de la discrimination, ce qui n’était pas le cas il y a encore deux ans et demi. Au niveau de la stratégie il y a une continuité par rapport aux actions qu’on a pu mener auparavant puisqu’on a ouvert une brèche importante dans le système actuel. De plus, si on veut lutter contre les discriminations, il faut aussi mettre en avant les nouvelles générations issues de l’immigration et montrer en quoi elles sont un apport pour la France.

Il y a eu depuis des années la mise en avant des sportifs, des gens qui sont dans le milieu culturel ou artistique, mais il faut aussi montrer plus globalement que l’immense majorité des personnes d’origine immigrées en France sont une source de dynamisme formidable pour l’ensemble de la société. Il faut mettre en avant l’insertion économique réussie de personnes d’origine immigrées car c’est aussi comme ça que l’on casse l’image qui veut que dans les quartiers on est soit délinquant, soit intégriste. On ne peut plus ignorer que dans les quartiers il y a une forte déliquescence du milieu associatif car ce milieu a été démotivé par des promesses non tenues au niveau politique. Il faut aussi y faire du maillage, travailler avec des associations qui y existent encore ou s’y implanter directement. Il ne faut pas s’étonner qu’il y ait une montée du communautarisme dans les quartiers quand bien souvent les seules forces qui occupent le terrain sont des réseaux intégristes qui s’y développent et s’y installent.

Loubna Méliane, porte parole et vice -présidente de SOS Racisme  
Loubna Méliane, porte parole et vice -présidente de SOS Racisme
© amazon.fr
 

Vous êtes président de SOS racisme depuis juin 2003. Mais on vous voit beaucoup moins dans les médias que vos prédécesseurs. Est-ce par choix, par stratégie ou est ce que cela correspond à votre tempérament ?

J’ai été nommé président de SOS Racisme en juin, entre-temps il y a eu les vacances. Il a aussi fallu faire la tournée des institutionnels en tant que nouveau président, ce qui prend beaucoup de temps. Il y a aussi une période prise de marques mais je n’ai pas d’inquiétude sur l’apparition médiatique de SOS Racisme. Il y a Loubna Méliane qui apparaît beaucoup…Je pense que dans les semaines à venir, je me consacrerai davantage à mon apparition médiatique une fois que j’aurais fait le tour des institutions.

On parle beaucoup de la scission subie par le mouvement et de l’état de ses finances. Qu’en est-il ?

On parle de scission, mais il s’agit d’une tempête dans un verre d’eau. Cette histoire a beaucoup été montée en épingle par les journalistes. A Marseille la personne qui était présidente du comité est partie toute seule. Les adhérents sont restés chez SOS Racisme. Je pense qu’on était en présence de gens qui avaient des ambitions non déclarées à la présidence de SOS Racisme. Je trouve assez lamentable ce genre de comportement dans le milieu associatif.

En ce qui concerne les finances de SOS Racisme, l’association a eu des problèmes financiers surtout l’an dernier. C’est une association comme les autres qui a des problèmes pour boucler ses fins de mois, c’est une association qui a les problèmes de toute association militante. Mais je n’ai pas d’inquiétude majeure car la situation financière a été très fortement redressée et pour l’avenir il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur cet aspect des choses.

Il y a aussi eu une polémique a propos de ce qu’on a appelé la main mise du Parti Socialiste sur SOS Racisme. Loubna Méliane qui est l’actuelle vice-présidente rejoint le conseil national du PS. Malek Boutih, l’ancien président a rejoint le PS, vous-mêmes vous êtes un ancien du Mouvement des Jeunes Socialistes. Pouvez-vous nous éclairer à ce sujet ?

L’histoire des liens entre le PS et SOS Racisme revient très régulièrement. Il faut dire qu’il est plus facile pour un journaliste de poser cette question tous les deux ans que de faire un travail de fond sur les discriminations. Mais à chaque fois que cette polémique apparaît, on ne nous dit jamais en quoi les orientations de SOS Racisme seraient dictées par le PS. Qu’on apporte des preuves. S’il y avait une main mise ça se saurait. SOS Racisme a été en conflit très dur avec Lionel Jospin sur les questions des discriminations en 1998-99. SOS Racisme dans sa naissance est marqué par son appartenance à gauche car à l’époque il y avait des alliances qui pouvaient exister entre la droite et l’extrême droite (régionales de 86, municipales de 83). Aujourd’hui même la droite a évolué sur ces questions et SOS Racisme discute aujourd’hui avec l’ensemble de la sphère républicaine, partis, syndicats, forces associatives...etc Quand le ministre de la justice qui est de droite alourdit les peines à l’encontre de ceux qui pratiquent la discrimination, on applaudit car ces mesures vont dans le bon sens.


Le Moulin Rouge condamné pour discrimination à l'embauche suite à une action de SOS Racisme  
Le Moulin Rouge condamné pour discrimination à l'embauche suite à une action de SOS Racisme
 

Peut-on faire un bilan des actions menées sur le terrain ?

Les actions de Testing nous ont permis d’apporter la preuve de l’existence de la discrimination, dans les discothèques, dans le travail, dans les logements. Au début ça a été un peu difficile car la méthode du testing n’a pas été reconnue tout de suite. Elle l’est depuis l’arrêt de la cour de cassation en juin 2002. Par ailleurs, on voit de plus en plus de condamnations lourdes pour des cas de discrimination. Nous avons obtenu la condamnation du Moulin rouge puisque la secrétaire qui avait participé à la discrimination et le président de l’association du Bal du Moulin-rouge ont été condamnés lourdement à des dommages et intérêts.

En ce qui concerne l’opération emploi, (SOS Racisme récupère les CV de personnes issues des quartiers qui ont au moins BAC + 2 et les transmet ensuite à des partenaires, en général des grandes entreprises qui s’engagent à embaucher quelques personnes parmi les CV envoyés) elle est toujours d’actualité. Nous ferons un bilan à la fin de l’année. Nous allons aussi passer à la phase de démarchage actif des entreprises pour avoir un nombre de partenaires plus important. Au-delà de l’aide individuelle, il faut aussi sensibiliser les milieux de l’entreprise à la lutte contre les discriminations. Montrer que les jeunes issus de l’immigration ne sont pas un boulet, mais sont dynamiques, créatifs. Il s’agit aussi de montrer à la société française qu’il y a des jeunes qui peuvent lui apporter beaucoup.

Quelle est la procédure à suivre pour l’opération emploi ?

Il faut se connecter sur le site www.sos-racisme.org et envoyer son CV sur la boîte mail de l’opération emploi. SOS Racisme se charge de transmettre le CV à des entreprises partenaires.

Avez-vous un message pour les jeunes ?

On ne peut plus se contenter d’une situation où les gens se replient de plus en plus sur leurs sphères privées et manifestent leur désintérêt de la sphère collective. C’est l’engagement collectif qui permet de faire avancer les choses. Il faut participer au débat, s’engager car la façon dont la société française fonctionne découle aussi de la façon dont les associations, les syndicats, les partis politiques fonctionnent. Si on veut changer la société française, il faut aussi changer la façon dont fonctionnent tous ces corps intermédiaires. On ne peut pas seulement critiquer et dire que ça ne va pas sans s’engager. C’est le chemin à prendre si on veut que le racisme et la discrimination soient éradiqués de façon définitive. Je ne pense pas que l’on change la société sans les gens qui sont les premiers concernés par les fléaux contre lesquels on lutte.

Nous vous remercions

       
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Mots-clés
afrique   discrimination   racisme   togo   
 
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