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Guy Lagache, présentateur de "Capital"
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M6-Ferrer |
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Sur M6 la sixième chaîne de la télévision française a été diffusé dimanche 14 mars à 20h50 un reportage inédit de l’émission Capital sur la discrimination à l’embauche. Présente lors d’un meeting de l’association Africagora, l’équipe du reportage constatait que des jeunes "issus de l’immigration" selon l’expression consacrée, pourtant bien diplômés, avaient toutes les peines du monde à trouver un...simple stage ! Aïssata, Bac + 5 déclarait que dans sa promotion, seuls deux étudiants n’avaient pas trouvé de stage, tous les deux étant noirs (pas forcément une simple coïncidence).
Fatima Talbi, BTS d’action commerciale, 10 ans d’expérience, ayant travaillé comme chef de projet lors de sa dernière expérience (entre 2001 et 2003), a envoyé 300 candidatures sans succès. Répondant à une petite annonce sur Internet, la demoiselle se voyait répondre que l’offre était déjà pourvue. Pourtant quelques jours plus tard, l’offre figurait toujours sur le site. Effectuant un test, elle envoyait un CV avec des expériences identiques à celui envoyé quelques jours plutôt, mais en changeant le nom : résultat une convocation pour un entretien…Autre test effectué au cours de l’émission : deux candidats à un job de serveur dans un bar, un Blanc, l’autre Noir avec deux CV similaires étaient filmés en caméra cachée, allant dans des brasseries parisiennes à la recherche dudit job. Après avoir visité 15 cafés au cours de la journée, Nicolas (le Blanc) obtenait 9 propositions d’embauche (dont 4 où on lui demandait de commencer immédiatement). Alexandre (le Noir) revenait bredouille : 15 brasseries visitées, aucune proposition d’embauche…Contacté plus tard pour connaître les raisons de ces discriminations flagrantes, les patrons de ces établissements se perdront en explications tortueuses : "les clients seraient racistes..."
L’émission nous emmenait faire un tour dans le monde de l’Intérim où la encore, le téléspectateur n’était pas au bout de ses surprises : on y apprenait l’existence, en plus de la discrimination "classique", de codifications secrètes permettant de repérer les candidats Noirs ou français "non Blancs". Dans une certaine agence, le code "PR4" signifiait que le candidat était noir ou encore "001 mais pas 001" (le candidat est français, mais pas français blanc). Adecco, une des plus grandes entreprises d’Interim en France, prévoyait une campagne de sensibilisation, inutile de dire cependant que les habitudes ne changeront pas en quelques jours...
Abordant un aspect méconnu de la discrimination, le reportage faisait remarquer que 6 millions d’emplois en France exigeaient d’avoir la nationalité française pour les occuper. Parmi ceux-ci , hôtesse de l’air, débitant de tabac...Dans le domaine de la médecine, les médecins étrangers à travail et diplômes égal, pouvaient gagner deux fois moins que leurs homologues français en raison d’un statut particulier qui leur est attribué, évidemment beaucoup moins avantageux que celui de leurs camarades français, même si leurs compétences par contre sont appréciées. Interrogé sur les clauses de nationalité existant pour certains emplois du secteur privé, François Fillon, ministre du travail se montrait quelque peu surpris. Par contre concernant les emplois publics, il affirma qu'on préférait accélérer le processus de naturalisation (plutôt que d'octroyer des emplois de fonctionnaires à des individus ne possédant pas la nationalité française- la clause de nationalité ne semblant apparemment pas choquante dans le cas de la fonction publique).
A la fin du reportage, un débat entre un membre influent du patronat français Guillaume Sarkozy (vice-président du MEDEF) et Hamirouche Laïdi, président de l’association "Génération Décideur". La présence du premier témoignant de la volonté du MEDEF de se faire entendre sur le sujet, même si Guillaume Sarkozy se déclarait toutefois opposé à la "discrimination positive" (qui a les faveurs de Nicolas Sarkozy, le ministre de l’intérieur) tandis que Hamirouche Laïdi y était favorable. Le grand mérite de cette émission est d’avoir posé clairement le débat de la discrimination à l'embauche à une heure de grande écoute. Elle sera rediffusée le mardi 16 mars vers minuit.
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