Les forces gouvernementales ivoiriennes semblent vouloir relancer l'offensive pour réunifier le pays. L'aviation ivoirienne a bombardé jeudi un camp militaire rebelle dans la ville de Bouaké, tenue par les insurgés dans le nord.
«Nous allons reconquérir notre territoire et réunifier la Côte d'Ivoire», a affirmé à l'Associated Press le colonel Philippe Mangou, un responsable militaire en charge des opérations, affirmant que ce bombardement sur le bastion de la rébellion était le prélude à la reprise d'une offensive à grande échelle.
S'exprimant depuis la capitale ivoirienne Yamoussoukro, Mangou a précisé qu'une opération gouvernementale était en cours à Bouaké, bombardé par deux avions de l'armée ivoirienne tôt jeudi, mais a refusé de donner des détails.
Deux Sukhoi ont lancé le raid sur ce camp à l'aube, réveillant les habitants. «Nous sommes bombardés. La guerre a recommencé», a déclaré le chef militaire rebelle Chérif Ousmane à l'Associated Press. On ignorait si l'attaque avait fait des victimes.
Un porte-parole de l'armée française, le colonel Henry Aussavy, a confirmé le bombardement, précisant que la cible était un bataillon rebelle stationné dans Bouaké. «Cela semble être une action limitée», a-t-il précisé environ trois heures après le bombardement.
Après l'attaque, les combattants rebelles se sont déployés en force dans Bouaké. Des hommes au visage cagoulé dressaient des barricades, alors que les habitants, effrayés, restaient terrés chez eux, les magasins étant fermés.
Ce raid menace en tous cas de relancer la guerre civile dans le pays, qui s'acheva en 2003 après neuf mois de violents combats.
La Côte d'Ivoire est divisée entre le nord tenu par les rebelles et les forces gouvernementales dans le sud depuis une tentative de coup d'Etat en septembre 2002. L'accord de paix de Linas-Marcoussis, en 2003, conclu sous la pression de la France et d'autres pays, avait mis fin à l'essentiel des combats, mais sa mise en oeuvre connait nombre d'écueuils. Dernier en date, les rebelles ont refusé de désarmer, le régime du président Laurent Gbagbo freinant de son côté sur les réformes politiques prévues par le processus de paix.
A Abidjan, le porte-parole militaire du gouvernement, le lieutenant-colonel Jules Yao Yao, s'est refusé à tout commentaire dans l'immédiat, mais un communiqué devait être publié dans la journée.
La semaine dernière, Guillaume Soro, chez politique des rebelles, a accusé Abidjan de masser des troupes près de positions rebelles dans l'ouest, mettant en garde contre une reprise des combats.
«La guerre n'est pas finie, elle recommencera bientôt», affirmait-il le 28 octobre. Avant d'imposer un couvre-feu nocturne sur tout le nord rebelle et de rappeller huit ministres rebelles d'Abidjan, leur demandant de regagner Bouaké
AP
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