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Note de Grioo.com: un lien accessible en fin d'article permet à ceux qui ne connaissent pas Patrice Férus de découvrir son "parcours" sur notre site. |
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La semaine dernière, la Cour des comptes sous l’impulsion de son premier président Philippe Séguin a lancé son réquisitoire sur l’intégration en France. Le rapport dénonce, les politiques d’immigration conduites dans notre pays depuis trente ans. Globalement, il en ressort un échec partiel du modèle français d’intégration.
Coïncidence ou pas, ce rapport sort un an quasiment jour pour jour, après le constat quasi-identique d’un ministre de la République. Le 20 novembre 2003, le pragmatique Nicolas Sarkozy, se déclarait alors favorable à la « discrimination positive » sur un plateau de télévision. « Discrimination positive » ou la traduction française et orientée du terme « affirmative action » venu des Etats-Unis d’Amérique. Ce n’était pas le point de départ du débat, mais incontestablement cet événement marque un tournant dans l’évolution des mentalités, au même titre que la Coupe du Monde de football en 1998 ou encore l’intervention inopinée et remarquée du collectif Egalité à la cérémonie des César en février 1999.
Car c’est de cela qu’il s’agit : l’évolution des mentalités dans ce pays. |
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Nicolas Sarkozy
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http://www.midilibre.com |
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Soulignons que l’opinion avancée par M. Sarkozy a entraîné, une clarification des positions de l’ensemble de la classe politique française, jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Ces positions se traduisaient, pour la plupart, en une levée de boucliers contre cette « discrimination positive ».
La « discrimination positive » traduit un procédé de correction des inégalités de « représentation » concernant les minorités ethniques et religieuses qui composent la société américaine. A cette traduction française, déjà discutable voire perverse, (une discrimination restant évidemment un concept répréhensible) s’est greffé le raccourci des « quotas », comme si la « discrimination positive » se réduisait à cela.
Face au terme de « discrimination positive », préférons-lui, « correctif républicain d’équité». Concrètement, comment corriger, par une politique volontariste, les discriminations qui frappent quotidiennement les minorités visibles ? |

Un an plus tard, où en sommes-nous ?
Des initiatives dispersées comme le rapport de l’Institut Montaigne qui préconise 24 propositions pour lutter contre les discriminations, avec notamment la généralisation de CV anonymes ; l’élargissement de l’entrée à Science-Po basé sur des critères sociaux ; une charte sur la diversité présentée à la (bonne) volonté des chefs d’entreprise, etc… Est-ce suffisant ?
S’il y avait une application effective de nos textes fondateurs, comme la Constitution de 1958 ; un texte éminemment humaniste et universaliste ; le problème ne se poserait pas. Seulement voilà, l’idéal républicain fait face, à une réalité sociologique. Une société aujourd’hui multi-ethnique, multiculturelle et multicultuelle. Une diversité envisagée dans les textes, mais (trop) peu dans la réalité quotidienne.
Alors, c’est l’indivisibilité de la République française qui est aujourd’hui en danger.
Car le phénomène de repli communautaire gagne du terrain. C’est le résultat de la déception, voire de la frustration, de certaines gens exclus du grand bal républicain ou assignées à résidence dans certains domaines bien définis. On ne pourra pas indéfiniment faire l’économie de ces questions. La reconnaissance de la diversité de ce pays qu’elle soit ethnique, culturelle ou cultuelle, doit être ouvertement prise en compte dans l’évolution de cette société.
Des directives européennes, rappellent souvent à la France (entendons par là, les pouvoirs publics) ses obligations en la matière. |

Alors quelles solutions ?
Une politique volontariste ? Certes, mais laquelle ?
Les modèles d’identification forgent, on le sait, en grande partie les vocations professionnelles. Voir en politique, dans les médias, ou dans des professions libérales, davantage de Noirs, d’Arabes, d’Asiatiques occuper des postes à responsabilités, est motivant pour les générations futures. Ces jeunes issus des minorités visibles, à l’instar des autres, nourriront eux aussi, leur quête de réussite.
D’où l’intérêt de ces correctifs républicains d’équité.
Que ce soit clair, il ne s’agit pas de « quotas ». Qui dit « quotas » dit « compter ». Non seulement c’est illégal au regard de la République, mais en plus les « quotas » s’apparentent à un piège pour ces minorités. Proportionnellement au reste de la population, elles ne sont pas assurées d’obtenir une représentation, de par leur faible nombre.
Cela dit, il faut un système qui comme les « quotas », répond à une logique de contrainte. Le mot « contrainte » est fondamental. Les politiques volontaristes quand elles ne sont pas accompagnées de contraintes n’ont jamais été efficaces, sauf si d’un point de vue économique, il y avait un intérêt certain. Or, les minorités visibles, en grande partie à cause du faible nombre de personnes qu’elles concernent, n’intéressent pas beaucoup, en terme de pouvoir d’achat. |

L’équité apparaît alors, comme un moyen d’atteindre une forme d’égalité. Celle de la projection d’image, celle de l’imaginaire de ces minorités trop longtemps bloquées devant certaines portes de la République.
Il faut donc une loi.
Une grande loi, avec à la clé, répétons-le, des contraintes, comme garde-fou.
En clair, un texte qui prévoit un traitement, administré durant une période limitée, (quelques décennies), le temps d’atteindre les objectifs fixés. Le temps, que la question de la diversité devienne un réflexe naturel dans cette société.
Il s’agit de rétablir quand c’est nécessaire, de l’équilibre, et de la justesse.
Des politiques publiques d’évaluation, impartiales et régulières devront mesurer les progrès accomplis, avec des pouvoirs de sanctions, le cas échéant.
Ne nous trompons pas de cible. La menace ce n’est pas « l’affirmative action » . La menace, c’est l’immobilisme.
Cet immobilisme coupable, qui chaque jour accentue les discriminations dans ce pays. |
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Des pays comme le Brésil pratiquent l'"Affirmative Action"
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N’ayons pas peur des mots. Il s’agit également d’amener la majorité « blanche » à avoir elle aussi une autre image de ses compatriotes issue des « minorités non-blanches». Il faut sortir des clichés qui limitent ces derniers à des compétences artistiques et sportives. Il faut sortir de ce raccourci manichéen qui prétend qu’être favorable, à cette « affirmative action » c’est être l’ennemi de la République. Alors qu’à l’inverse combattre ces actions positives serait vertueux.
Faut-il rappeler que « l’affirmative action » vient de nations comme les Etats-Unis d’Amérique, le Brésil ou encore l’Afrique du sud, qui ne sont pas (jusqu’à présent) considérées sur la scène internationale, comme des dictatures ?
Ces dispositions positives doivent concerner tous les niveaux de la société, y compris l’élite socio-économique de ce pays. Là aussi, il faut impulser le mouvement par une politique, au départ contraignante mais qui, gageons-le, deviendra par la suite inutile.
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Il faut accentuer les campagnes de sensibilisation contre le racisme et la xénophobie |
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Patrice Férus |
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Lenseignement de l'Histoire de France doit être enseigné aux plus jeunes
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Il faut parallèlement accentuer les campagnes de sensibilisation contre le racisme et la xénophobie. Il devient très urgent, via l’éducation, de réhabiliter les minorités visibles dans l’Histoire de France. L’Esclavage et la colonisation ont largement participé à la construction de ce pays. Nos enfants doivent l’apprendre à l’école. Sans concession, sans amnésie des zones d'ombre.
Il est temps que nous sachions tous, l’apport réel de ces minorités à la grandeur de ce pays. C’est créer, pour les générations futures, les bases d’un regard plus juste, des uns sur les autres qui permettra d’évacuer ce sentiment latent d’infériorité ou de supériorité.
Refuser de voir le problème tel qu’il est sous prétexte de protéger une vision faussée de la République, est inconséquent. L’injustice, c’est de laisser perdurer la discrimination raciale ; pourtant illicite dans le droit français, mais peu sanctionnée, faute de preuve.
Il apparaît par ailleurs, indispensable de combattre le discours idéologique et conservateur, par une réelle et honnête mesure de l’opinion de ceux qui sont les premiers concernés par ces politiques. En banlieue difficile, certes, mais pas seulement. Ce n’est pas qu’un problème social. Les originaires d’outremer « non-blancs » souffrent des mêmes maux. On a tendance à l’oublier. Et il ne faut oublier personne. |

Bref, il est temps d’entendre tout le monde.
Certains partisans de l’immobilisme prennent sans mandat, la parole pour les minorités visibles. Ils avancent l’argument selon lequel celles-ci pourraient mal vivre, le fait d’être recruté en fonction de leurs origines, malgré leurs compétences. Gageons, qu’il est plus navrant encore d’être refoulé pour les mêmes raisons.
En définitive, gardons en tête qu’il y a urgence, et méditons sur cette réplique de la première Catilinaire de Cicéron : « jusqu’à quand abuseras-tu de notre patience, Catilina ? » |
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