
A notre arrivée, les secouristes, constitués des sapeurs- pompiers, des gendarmes, des gardiens de la sécurité pénitentiaire de la prison de Baporo, ainsi que de la population environnante, fouillaient toujours les décombres pour extraire les corps des cendres et des braises. Parmi les cadavres alignés sur le bas-côté, on distinguait des corps d’enfants et de nourrissons, morts certes, mais curieusement pas brûlés.
Ce qui porte à croire que devant le feu qui gagnait en intensité, leurs mères les ont, peut-être, projetés à l’extérieur dans l’infime espoir qu’ils puissent survivre. Selon le bilan partiel fait peu avant 17 h par le responsable des sapeurs-pompiers aux membres du gouvernement qui venaient d’arriver, au total 66 personnes (dont tous les quatre occupants du camion) ont péri dans l’accident, parmi lesquels 55 entièrement calcinées. Une autre est décédée quelque temps après à l’hôpital de Boromo.
Cette dernière se prénommait Félix Zoma, mécanicien de profession, selon sa CIB, ressortissant du secteur 10 de Koudougou. Ces parents venus sur les lieux faisaient des démarches afin de pouvoir amener le corps pour l’inhumer à Koudougou. Quand nous quittions Boromo à 18h10, ce bilan n’avait pas évolué. Une véritable hécatombe, l’horreur même et il fallait avoir le cœur bien accroché pour ne pas succomber à son tour. Des images tellement insoutenables que nous ne pouvions décemment pas proposer les plus horribles à nos lecteurs.
A l’hôpital de Boromo où nous nous sommes rendus, le personnel était visiblement débordé par l’arrivée massive des rescapés. Le médecin-chef du district sanitaire de cette ville, le docteur Seydou Ouattara, nous a informé que son service a reçu 39 blessés dont 18 dans un état assez grave. Un est décédé par suite de ses blessures (le nommé Félix Zoma dont il est question plus haut). Il a indiqué que tous ont reçu des soins d’urgence et certains, dont la situation était critique, ont été évacués à Koudougou et à Bobo (1).
Au nombre de trois, les membres du gouvernement dépêchés à Boromo étaient : Gilbert Ouédraogo (Transports), Clément Sawadogo (Administration territoriale et Décentralisation) et Emile Ouédraogo (Sécurité). Gilbert Ouédraogo s’est dit choqué et a présenté les condoléances du gouvernement à tous ceux qui ont été endeuillés par ce drame. Il a remercié les autorités locales, les organisations de transporteurs, les forces de sécurité, les sapeurs-pompiers et les populations qui se sont mobilisés pour apporter aide et secours aux rescapés, creuser des tombes pour les morts inhumés sur place comme c’est le cas en pareilles circonstances. Concernant les responsabilités et les implications, il a estimé qu’il faut attendre que le procureur et les services de sécurité établissent les circonstances exactes de l’accident. |