De son côté, le procureur du Faso près le tribunal de grande instance de Boromo a déploré ce qu’il a qualifié de catastrophe tout en faisant remarquer que le car était soumis à un transport mixte de personnes et de marchandises. La députée Irène Yaméogo, qui a assisté aux retraits des corps des décombres, était tout aussi choquée et peinée et n’a pas trouvé de mot pour qualifier cette hécatombe. Elle dit juste n’avoir jamais rien vu de pareil.
Elle a loué le courage des prisonniers, de la population locale et de la délégation des transporteurs, qui se sont mobilisés pour trouver une ultime demeure à ces suppliciés. Sur ce plan, il faut signaler que les victimes qui n’ont pas pu être identifiées l’ont été ensevelies dans deux fosses communes pendant que les autres l’ont été dans des tombes individuelles. Cette opération a débuté aux alentours de 18 heures.
Quand nous quittions Boromo à 18h10, un air de tristesse et de désolation enveloppait la ville et ses environs. La gorge nouée, on se disait qu’il aurait suffi d’un rien, d’un minimum de précaution, de prévision, de rigueur et de responsabilité pour que ce drame n’eût pas lieu. Transport mixte, surcharge, véhicule en piteux état, prise d’excitants ou de substance censés maintenir le conducteur éveillé, fatigue et somnolence au volant, et nous en oublions, sont observés sur nos voies, au vu et au su des agents de sécurité, qui font souvent montre, disons-le courageusement, de laxisme et d’une complicité coupable devant de tels manquements aux règles élémentaires du code de la route.
Le ministre des Transports, interrogé à ce sujet, a indiqué qu’une étude est en cours sur l’état du parc automobile au Burkina Faso pour voir comment empêcher les véhicules de plus de 10 ans d’entrer dans notre pays. Autre mesure : il a parlé de la mise en place prochaine, sur l’ensemble du territoire, de l’office national de sécurité routière pour aider à réglementer ce secteur, pour mettre hors d’état de nuire les caissons potentiellement dangereux. Il s’agit aussi, par là, de surveiller les différents axes, surtout internationaux, de manière à réduire les accidents de la circulation et à éviter de tels drames à l’avenir.
S’il faut se réjouir de la prise de telles mesures, il faut cependant regretter qu’elles ne soient professées que devant des situations semblables. De plus, ces mesures peuvent voir le jour et leur application faire défaut ou avoir peu d’effets. On sait que dans le domaine du transport, et ailleurs d’ailleurs, certains n’en font qu’à leur tête, jouant les irréductibles et les intouchables. Les images de nos sinistres véhicules transportant le bois, les fameux ‘’Wanbraado’’ sans feux ni freins, sont là pour nous convaincre qu’on a vraiment du chemin à faire. L’Etat doit nous démontrer que nul n’est au-dessus de la loi et que force reste à celle-ci et à celle-ci seule.
Cyrille Zoma Sabouna Ouédraogo
(1) Notes : Notre correspondant à Bobo-Dioulasso s’est rendu hier matin à l’hôpital Sourou-Sanou pour connaître l’état des évacués, mais en l’absence de la directrice, il n’a pas été autorisé à faire son travail. Tout juste a-t-il appris qu’il y avait effectivement des cas très critiques, mais au moment de son passage, on n’y avait enregistré aucun décès.
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