
"J’étais dans un temps où il fallait travailler à long terme tandis que Patrick Lozès était dans un temps court, où il fallait travailler à court terme, profiter de cette tribune que représentait le CRAN. Il y avait opposition de méthode. Il est allé très vite et a réussi à avoir les médias avec lui, pour faire passer le CRAN pour un instrument représentatif des Noirs en France, ce qui est complètement faux.
De fait, le CRAN tire l’essentiel de sa légitimité du retentissement que lui donnent les médias généralistes, presse écrite et télévision, mais son assise populaire est inexistante, les contacts avec la base sont peu fréquents. La représentativité du CRAN a toujours été contestée par diverses personnalités en vue de la communauté afro-antillaise, ainsi que par des militants plus anciens, et ce dès sa création. Malgré l’excellente couverture médiatique dont il a toujours bénéficié au sein des médias nationaux, couverture parfois jugée disproportionnée par rapport à la représentativité réelle de l’association. Le nombre d’associations adhérentes a été exagéré, se situant plus près de la centaine que du millier souvent annoncé publiquement (2).
Au vu de ce tableau, l’avenir ne s’annonce pas vraiment radieux. Pourtant, avec quelques réformes bien menées, une direction et un mode de gouvernance plus démocratiques et plus transparents, un rapprochement avec la base, un nouveau CRAN pourrait renaître des cendres de l’ancien selon Lucien Pambou : Il faut nettoyer les écuries d’Augias. Il faudrait que la prochaine gouvernance se fasse sur des critères clairs en terme de statuts, que le président rende des comptes, que le conseil d’administration joue le jeu et le rôle pour lesquels il est conçu...Qu’on quitte le schéma de république bananière...
A la question de savoir pourquoi il n'a pas parlé plus tôt s'il avait autant de doutes, Lucien Pambou répond : "C’est une forme de lâcheté voulue. Je ne voulais pas être celui par qui le scandale allait arriver car on allait dire que ‘pour des motivations personnelles, je dénonçais une organisation qui venait de naître’".
(2) Le nombre d'associations officiellement déclarées en préfecture comme étant adhérentes du CRAN n'est que de...deux : il s'agit de "Cap Div", fondée par Patrick Lozes et de "An Nou Allé", fondée par Louis-Georges Tin. |