
Le président tchadien vient d'accorder sa grâce aux six membres de l'arche de Zoé : Le président de l'ONG Eric Breteau, sa compagne Emilie Lelouch, écroués à Fresnes près de Paris, le médecin Philippe Van Winkelberg, les logisticiens Alain Péligat et Dominique Aubry ainsi que de l'infirmière Nadia Merimi, qui sortiront dès que l'Etat français aura reçu une notification officielle.
L'intermédiaire tchadien Mahamat Dagot qui avait été condamné à quatre ans de prison pour complicité est lui aussi gracié, mais pas l'intermédiaire soudanais Souleïmane Ibrahim Adam, qui "n'en aurait pas fait la demande" selon des sources tchadiennes.
Le mois dernier, Idriss Déby avait posé comme condition à la grâce des Français retenus en prison le règlement par l'Etat français des 6.3 millions d'euros de réparation aux familles des 103 enfants. L'Etat français avait refusé de payer la somme, et ce point reste toujours en suspens. Le ministre tchadien de la justice, Albert Pahimi Padacké a précisé que la grâce ne dispensait pas l'Etat français du paiement de la somme.
La libération des Français n'est donc plus qu'une question d'heures, puisque le décret présidentiel a déjà été fait. A noter qu'une autre procédure pour "escroquerie, exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption et aide au séjour irrégulier de mineurs étrangers" est en cours contre les membres de l'association, mais étant donné qu'il n'y a pas eu de mandat de dépot, cette procédure ne s'oppose pas à leur libération.
Pour rappel, les membres de l'Arche de Zoé avaient été arrêtés le 25 octobre 2007 à Abéché, alors qu'ils s'apprêtaient à évacuer 103 enfants qui étaient selon eux orphelins et originaires du Darfour et attendus par des familles d'accueil françaises. Une enquête avait vite montré que les enfants étaient tchadiens et que la plupart d'entre eux n'étaient pas orphelins.
Si la France a aidé le régime Deby à rester en place en lui fournissant une aide logistique et du renseignement, plusieurs observateurs ont fait remarquer que l'idée de la grâce était déjà évoquée bien avant la fin du procès, ce qui laisse à penser qu'un arrangement entre Paris et N'Djamena avait été conclu depuis belle lurette. |