
Le placement en garde à vue des deux policiers suspectés d'avoir roué de coups un homme de 20 ans, fait logiquement suite à la décision de François Molins, d’ouvrir une enquête dans l’affaire de Montfermeil. Le procureur de la République de Bobigny annonçait il y a quelques jours, que le parquet avait saisi la police des polices à la suite de violences perpétrées par des policiers le 14 octobre. Cette garde à vue fait suite à la longue audition à l'IGS de la victime présumée Abdoulaye Fofana et d’une brève écoute du réalisateur du mini film, Ladj Ly.
Les agents incriminés ont été conduits dans les locaux de l'Inspection générale des services (IGS) à Paris. Il s’agit notamment d’un gardien de la paix âgé de 26 ans et d’un sous-brigadier de 38 ans, travaillant tous les deux au commissariat de Gagny en Seine-Saint-Denis. Pour l'avocat de Fofana, Me. Yassine Bouzrou: "Le fait que les policiers mis en cause soient placés en garde à vue aussi vite montre que l'enquête avance très vite. Cela montre aussi que la police des polices estime qu'il y a des indices graves et concordants." L'IGS va maintenant définir si ces policiers sont bien ceux qu’on voit assener des coups au jeune homme, dans la vidéo, filmée par un habitant de l'immeuble et révélée dimanche dernier par le site Rue89.
C’est en effet dans la nuit du 14 octobre dernier, que la police, qui soupçonne Abdoulaye Fofana de faire partie d'un groupe de jeunes ayant caillassé une de leurs voitures un peu plus tôt dans la soirée, l’interpelle de façon plutôt musclée à son domicile après avoir brisé la porte. La vidéo montre deux policiers frapper Abdoulaye Fofana avec une crosse de flashball et une matraque.
D'après l’avocat de Fofana, son client, a eu deux jours d'interruption totale de travail (ITT), et six jours d'ITT ont été signifiés sa mère, qui a elle aussi subi des violences et souffrait au niveau du bras. Il a précisé que Fofana, déféré vendredi au parquet de Bobigny, a été mis en examen, et placé sous contrôle judiciaire en attendant d’être jugé le 10 décembre prochain et que de son côté, un policier, qui a eu le pouce cassé, a eu un mois d'ITT.
Me Bouzrou a affirmé qu’il va déposer une plainte au parquet de Bobigny pour "violences sur le jeune homme, sa mère et sa jeune nièce, blessée à la lèvre, aggravées par le fait qu'elles ont été commises en réunion, par des policiers et que l'un d'eux sentait fortement le cannabis". Sa procédure ciblera aussi des "menaces de mort" reçues par Abdoulaye Fofana, une "subornation de témoin en raison des pressions exercées sur ce dernier en garde à vue pour qu'il change sa version des faits" et "dégradation de bien appartenant à autrui". L’avocat a aussi laissé entendre qu'il reclamerait l'ouverture d'une information judiciaire pour qu'il y ait une "enquête impartiale".
Le jeune homme, dont le casier judiciaire est vierge, selon son avocat, a nié avoir participé aux jets de pierre contre les policiers, arguant qu'il regardait un match de football en famille ce soir-là. Son avocat à d’ailleurs fait savoir que la description des baskets blanches faite par les policiers, du lanceur de pierres, "ne correspond pas" à celle de son client, dont les baskets sont "vertes et violettes avec un peu de blanc".
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