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Nicolas Anelka avant le match France Mexique
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Les amateurs de football et les lecteurs de journaux passant devant les kiosques ont du se demander s'ils ne rêvaient pas en voyant la une du quotidien sportif « L'Equipe » en date du samedi 19 juin 2010. Le quotidien, subitement devenu journal à scandale avait choisi de faire dans l'ultra racoleur en mettant sur toute la largeur de sa une les présumés propos de Nicolas Anelka vis à vis de Raymond Domenech.
Evidemment, la machine médiatique s'est rapidement emballée, au point que « l'affaire Anelka » soit le premier sujet traité par le journal de 20 heures de TF1, avant même les suites des inondations dans le département du Var.
On n'a guère entendu les hommes de média s'indigner du fait que L'Equipe se transforme subitement en tabloïd. Même Voici pourtant souvent décrié, n'est jamais tombé aussi bas. Sur Canal+, Pierre Menes ne trouve rien à redire à ce choix de une car a t-il affirmé, le rôle d'un journal est de sortir les informations. Pourtant les journalistes sportifs, y compris ceux de L'Equipe, savent faire de la rétention d'information quand ils jugent que c'est nécessaire. (Cf « La face cachée de L'Equipe »). "L'information" aurait par ailleurs pu être traitée différemment (les propos auraient pu être rapportés en page intérieure et non en pleine une du journal).
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Jean-Pierre Escalettes et Patrice Evra évoquant l'affaire ''Anelka'' le 19 juin 2010
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De plus, on peut constater que tout le monde n'est pas logé à la même enseigne. Quand Zidane donne un coup de tête à Marco Materrazzi, peu de voix s'élèvent pour le condamner car il s'agit de Zidane. Mais Anelka ayant l'image de « bad boy » du football français est une cible beaucoup plus facile bien que ses coéquipiers (en équipe de France comme en club), disent le plus grand bien de lui, de même que son coach à Chelsea, Carlo Ancelotti.
Entendons nous bien. Les présumés propos de Nicolas Anelka ne sont pas acceptables, et son exclusion, au vu de son refus de s'excuser publiquement, parait logique. Mais la façon dont « L'Equipe » s'en est servi pour faire vendre du papier est pathétique. D'autant qu'Anelka aurait plutôt maugréé dans son coin des mots pas très agréables à l'endroit du sélectionneur, et pas eu une altercation directe avec lui.
Par ailleurs, la veille, l'éditorial de Fabrice Jouhaud, rédacteur en chef du quotidien sportif était déjà extrêmement limite. Sur son blog, Vikash Dhorasoo avait qualifié l'éditorial de "démagogique et populiste", ajoutant que ça lui donnait presqu'envie de défendre Raymond Domenech. C'est dire. Fabrice Jouhaud prétextant la raillerie écrivait notamment au sujet des joueurs de l'équipe de France: "(...) Amusons nous de leur arrogance si bien couplée à leur ignorance. Gloussons devant leurs boursouflures si mal situées sous leur cuir chevelu quand elles seraient plus utiles juste sous leur ceinture (...)"
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Avant d'en arriver là, le rédacteur en chef de L'Equipe évoquait une petite réticence vu que la probabilité mathématique pour que l'équipe de France passe le premier tour était faible, mais pas nulle : « (…) Sait-on jamais qu'ils finissent champions du monde et qu'ils ne pardonnent jamais à notre journal (…) »
Il faisait allusion en filigrane au fiasco de 1998 lorsque le rédacteur en chef d'alors, Jérôme Bureau, avait déclaré qu'il mangerait son chapeau si l'équipe de France dirigée par Aimé Jacquet, considéré comme incompétent, gagnait la coupe du monde. On connait la suite, la France fut championne du monde, et Jérôme Bureau fut contraint à la démission. Fabrice Jouhaud devrait être plus prudent car même si la France ne franchit pas le premier tour, une bonne partie des joueurs qui sont aujourd'hui vilipendés pour des raisons extra-sportives, continueront à faire partie de la sélection.
Quand Beckenbauer et Rumennige font signer un contrat de 4 ans à 10 millions d'euros par an à Franck Ribery, on peut penser qu'ils considèrent qu'il est un élément indispensable au Bayern de Munich. Quand Alex Ferguson fait d'Evra le vice-capitaine de Manchester, c'est qu'il considère qu'il a les qualités pour occuper ce rôle. Quand Carlo Ancelotti, interrogé justement par L'Equipe après le premier match de l'équipe de France au mondial n'a que du bien à dire de Nicolas Anelka, on peut penser que ce coach réputé ne le dit pas par complaisance.
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Carlo Ancelotti, coach de Nicolas Anelka à Chelsea ne dit que du bien de ce dernier
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Sous prétexte de critiquer le jeu de l'équipe de France et les joueurs, L'Equipe est allé fouiller les poubelles de l'équipe de France et a monté en épingle l'affaire Anelka.
D'autres journalistes et intellectuels y vont de leur « analyse ». Eric Zemmour croit déceler des divisions ethniques et religieuses au sein de l'équipe de France (Antillais contre Non Antillais, Blancs contre Noirs, Musulmans contre Non Musulmans etc). Alain Finkielkraut y va aussi de son « analyse » dans le Journal du Dimanche :
« (…) Si cette équipe ne représente pas la France, hélas, elle la reflète : avec ses clans, ses divisions ethniques, sa persécution du premier de la classe, Yoann Gourcuff. Elle nous tend un miroir terrible (…) Jean-Alain Boumsong, l'un des grands joueurs qui n'ont pas été retenus pour cette coupe du monde, en appelle à l'humilité. Il s'exprimait dans une langue irréprochable. On a voulu confier l'équipe de France à des voyous opulents et pour certains inintelligents, il faudra maintenant sélectionner des gentlemen. »
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Alain Finkielkraut pense qu'il faut désormais sélectionner des ''gentlemen'' en équipe de France
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Rien ne dit que des divisions "ethniques" soient la cause des mauvaises performances de l'équipe de France. Par ailleurs, depuis quand le football doit-il être un sport de gentlemen ? On ne demande pas aux joueurs de s'exprimer dans une "langue irréprochable", mais de donner leur maximum, de "mouiller le maillot", de gagner si possible et donner du plaisir au public en évitant au maximum de prendre la "grosse tête".
On ne peut qu'être ravi que Finkielkraut apprécie le style de Jean-Alain Boumsong (qui a fait des études supérieures et qui ne se destinait pas à l'origine à une carrière dans le football NDLR), mais si on ne demande pas aux agrégés de philosophie d'être de bons footballeurs, il n'y a aucune raison de demander aux footballeurs de "s'exprimer dans une langue irréprochable", ou d'être des gentlemen. Ce n'est pas de leur faute si la société a décidé de faire d'eux des icônes et des exemples alors qu'ils ne sont que des sportifs.
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