
La France a plaidé vendredi pour que les Casques Bleus en Côte d'Ivoire disposent d'un mandat beaucoup plus robuste, leur permettant notamment de s'interposer le cas échéant entre forces gouvernementales ivoiriennes et ex-rebelles et non plus simplement de veiller au respect des accords.
La ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie a annoncé sur RFI qu'une colonne des forces armées gouvernementales ivoiriennes, qui se dirigeait vendredi "du sud vers le nord" de la Côte d'Ivoire, avait été "arrêtée par les forces de l'Onuci".
Cette interception intervient après deux jours de raids jusqu'à présent uniquement aériens menés par des avions de chasse Sukhoï et des hélicoptères des forces armées ivoiriennes contre des cibles à Bouaké (centre), et Korhogo (nord).
Une attaque au sol des forces gouvernementales constituerait un pas supplémentaire très important dans l'escalade de la crise, l'existence même de cette colonne armée constituant un signe inquiétant.
Face à ces risques, Mme Alliot-Marie a vertement critiqué les forces de l'Onu en Côte d'Ivoire.
"L'Onu, qui pour l'instant avait agi en pensant qu'il y avait de la bonne foi de la part des uns et des autres, a réagi extrêmement mal à ce qui se passe depuis hier", a-t-elle dit.
La France compte 4.000 militaires en Côte d'Ivoire, pour l'opération Licorne dont la finalité est de soutenir les forces de l'Onu dans ce pays (Onuci). Le mandat de ces forces ne les autorise à faire usage de leur arme que si ces hommes sont en état de légitime défense, comme c'était le cas durant la guerre des Balkans.
Et le ministre français, qui a jugé vendredi que la situation était "effectivement extrêmement préoccupante", souhaite que ce mandat soit plus musclé. "Il y a une réflexion qui devrait déboucher bientôt sur des décisions concernant les moyens et le cadre juridique de l'intervention des forces de l'Onuci pour un mandat plus robuste des forces de l'Onuci", a-t-elle précisé sur RFI.
Interrogée sur l'attitude que devraient avoir les forces onusiennes si de nouvelles colonnes tentaient à nouveau de franchir la "zone de confiance", Mme Alliot-Marie a répondu: "Eh bien, les forces de l'Onuci, de la même façon qu'elles l'ont fait aujourd'hui, continueront de le faire, et peut-être d'ailleurs avec un autre mandat, un mandat plus fort, plus robuste qui pourrait les amener à intervenir, c'est-à-dire à s'interposer physiquement".
Le ministre, qui est en lien permanent avec les Nations unies sur cette affaire, a jugé que "l'Onu doit aussi se donner les moyens juridiques permettant d'assurer la crédibilité des casques bleus de l'Onuci sur place".
"Montrer clairement sa force peut aider à abaisser le niveau de violence", a de son côté jugé un haut responsable de la Défense.
En cas de poursuite des violations des accords et de montée des tensions, la force française estime qu'elle n'aurait aucun problème, en termes militaires, à empêcher les forces gouvernementales d'attaquer les ex-rebelles, mais la France devrait alors se préoccuper de la sécurité de ses très nombreux ressortissants dans ce pays, qui pourraient être la cible d'attaques.
Depuis le coup d'Etat raté du 19 septembre 2002 contre le régime du président Laurent Gbagbo, la Côte d'Ivoire est coupée en deux par une "zone de confiance", sécurisée par des Casques bleus.
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