Le président camerounais Paul Biya s'exprimera ce mercredi à 20 heures dans un discours à la nation selon une annonce faite par les médias camerounais. Il était jusque là resté silencieux devant les grèves, puis les émeutes qui s'étaient emparés du pays, causant au moins une vingtaine de morts. Le couvre-feu a été instauré, et les populations sont invitées à regagner leur domicile à 18 heures au plus tard.
La crise qui secoue le Cameroun depuis lundi, suite à la grève des transporteurs urbains, s'est étendue ce mercredi à Yaoundé, la capitale politique, qui était jusque-là relativement épargnée par les violences. Depuis le début de la grève, les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre étaient circonscrits à Douala, la capitale économique du pays, et dans d'autres villes du pays faisant une douzaine de morts selon des sources indépendantes.
Mercredi matin, la fièvre s'est emparée de Yaoundé où les taxis avaient pourtant brièvement repris du service à la suite de l'annonce, la veille, d'une légère baisse des prix du carburant. La situation a rapidement dégénéré, des groupes apparemment sans coordination, ont pris possession de la rue, dressant des barricades et incendiant des pneus dans plusieurs quartiers de la ville.
Toute la matinée, ces groupes ont joué à cache-cache avec les forces de l'ordre soutenues par des militaires, tandis que certains témoins ont même fait état de l'intervention de la Garde présidentielle. La chaîne de télévision privée Canal 2 a signalé deux morts aux quartiers Biyem Assi et Carrière, à Yaoundé. Tous les marchés et les magasins de la ville ont été fermés et aucune voiture ne pouvait circuler sans risquer d'être attaquée par les manifestants.
Le Cameroun risque de s'installer durablement dans une crise, même si semble t-il, les manifestations ont la particularité de n'avoir aucun leader. Par ailleurs le régime, lui-même, aurait commencé à inspirer des contre-manifestants à Douala et à Yaoundé, ce qui fait craindre des affrontements entre les militants de l'opposition et du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). |