mercredi 31 janvier 2007
Marine Le Pen prédit l'échec de l'effet François Bayrou
mercredi 31 janvier 2007 à 13:06 :: Gigue et Politique
Marine Le Pen prédit l'échec de l'effet François Bayrou Par Gérard Bon
PARIS (Reuters) - Marine Le Pen estime que François Bayrou ne parviendra pas à ravir le rôle de "troisième homme" de la présidentielle à Jean-Marie Le Pen et le juge mal fondé à endosser la "tunique du contestataire".
"Nous gardons le calme des vieilles troupes", déclare la vice-présidente du Front national à Reuters, réagissant à une série de sondages créditant le candidat de l'UDF de 12 à 14% des suffrages, devant le président du FN.
Marine Le Pen estime que médias et instituts de sondage tentent de rééditer "l'opération" menée en 2002 avec l'ex-ministre Jean-Pierre Chevènement, sans pour autant empêcher le dirigeant du FN de se qualifier pour le second tour.
"Pour tenter de contenir un candidat que le système ne maîtrise pas, on essaye de le mettre en concurrence avec un candidat que le système maîtrise. C'est une technique habituelle, je crois qu'elle ne fonctionnera pas", avance-t-elle.
"Un candidat ne passe pas de six à quinze (dans les sondages) en l'espace d'un mois, ça n'existe pas en politique."
Ironisant sur François Bayrou qui veut être un "rebelle", la vice-présidente du FN estime qu'il "n'a jamais eu le courage d'appliquer les idées qu'il prône aujourd'hui lorsqu'il était au pouvoir" et qu'il continue "à participer au pouvoir parce que les municipalités UMP sont gérées avec les voix de l'UDF".
"Monsieur Bayrou veut endosser la tunique du contestataire, mais sur le fond, il défend la même Europe que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, sur l'immigration il a les mêmes positions, sur l'école, il a fait un livre dans lequel il y a tout ce qu'il faudrait faire. Mais il a été deux fois ministre et il n'a jamais rien fait", insiste-t-elle.
"SI DIEUDONNE S'INTERRESSE AU FN"
A ses yeux, Jean-Marie Le Pen a plus que jamais la possibilité d'accéder à nouveau au second tour de la présidentielle et la seule question consiste à savoir contre qui.
"Est-ce que ce sera contre Ségolène Royal ou est-ce que, compte tenu du fait qu'il y a un risque pour elle que sa candidature se dégonfle, est-ce que ça peut être contre Nicolas Sarkozy, c'est encore la seule question qui réellement nous agite", dit-elle.
Marine Le Pen ne cache pas qu'elle préférerait voir le président du FN affronter Ségolène Royal "parce que nous pensons qu'il y a là véritablement deux choix politiques".
Priée de dire si les efforts de "dédiabolisation" du parti d'extrême droite ne risquent pas d'entraîner une désaffection de ses électeurs traditionnels, elle répond "qu'une immense majorité du Front national a fait le choix idéologique de devenir un parti de gouvernement".
"Est-ce qu'on veut présenter une candidature de témoignage, ou est-ce qu'on joue le jeu de la réalité, est-ce qu'on essaye d'appliquer nos idées dans le contexte économique et social qui est celui de la France aujourd'hui ?", demande-t-elle.
La vice-présidente du FN estime que l'appel lancé par Jean-Marie Le Pen aux Français des quartiers populaires et issus de l'immigration, notamment en septembre dernier à Valmy, commence à porter ses fruits.
"Même si on ne demande pas l'origine des gens quand ils adhèrent, il semblerait qu'un certain nombre de gens soient passés au-delà du 'prêt-à-penser' et, aujourd'hui, s'interrogent très lucidement et même adhèrent aux propositions du Front", dit-elle.
Dans l'hebdomadaire Marianne, Farid Smahi, membre du bureau politique du FN, affirme que le nombre des adhérents d'origine maghrébine a triplé depuis 2002, passant de 1.000 il y a cinq ans à 2.700 aujourd'hui.
Pour Marine Le Pen, la présence de l'humoriste Dieudonné, qui a été un "adversaire violent" de l'extrême droite, à la fête des Bleus-Blancs-Rouges du FN en novembre dernier "brise le tabou et permet la curiosité".
"Le simple fait qu'il se déplace et qu'il soit accueilli normalement à la fête des Bleus-Blancs-Rouges fait qu'un certain nombre de gens se disent: 'si Dieudonné s'intéresse au Front national, est-ce qu'on ne pourrait pas nous aussi s'y intéresser ?'", explique-t-elle.
Interrogée sur une nouvelle petite phrase du président du FN estimant que l'antisémitisme "peut aussi être drôle", Marine Le Pen répond que "Le Pen a les qualités de ses défauts".
"Parfois sa franchise frôle peut-être la maladresse, mais il n'en demeure pas moins que ça reste de la franchise. C'est tellement rare dans la classe politique française que je ne suis pas sûre d'avoir envie qu'il l'abandonne", dit-elle.
"Il a son franc-parler mais il a mené le Front national de 0,74% à 17% et j'espère à plus en 2007".
A la question seriez-vous candidate si, après la présidentielle, la présidence du FN était vacante, Marine Le Pen répond: "Pourquoi pas ? Mais rien ne dit aujourd'hui que Jean-Marie Le Pen ne se représentera pas à la présidence du Front national, je n'y verrais aucun inconvénient, au contraire".
Marine Le Pen souligne qu'elle se présentera aux élections législatives en 2007 mais que le choix de la circonscription "n'est pas encore fait" car elle est "sollicitée dans un certain nombre de circonscriptions". Elle exclut cependant Paris.
En 2002, la vice-présidente du FN avait obtenu 32,3% des suffrages au second tour dans la circonscription de Lens face au socialiste Jean-Claude Bois.
(c) Reuters 2007. All rights reserved. Republication or redistribution of Reuters content, including by caching, framing or similar means, is expressly prohibited without the prior written consent of Reuters. Reuters and the Reuters sphere logo are registered trademarks and trademarks of the Reuters group of companies around the world.