
Le gouvernement camerounais a soumis vendredi à l'Assemblée nationale un projet de loi portant modification de la Constitution, qui, une fois adopté, permettra au président Paul Biya de se représenter aux prochaines élections prévues en 2011, a t-on constaté sur place.
Les dispositions actuelles de la Constitution camerounaise limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Le président Paul Biya, qui est arrivé au pouvoir en novembre 1982, suite à la démission de Ahmadou Ahidjo, premier chef d'Etat du Cameroun, a déjà été réélu en 2004, après un premier mandat de cinq ans. Il gouverne donc le Cameroun depuis 25 ans sans discontinuer.
Les députés du Social democratic front (SDF), principal parti d'opposition camerounais, ont tenté en vain de bloquer les travaux de l'Assemblée nationale. Le parti du président Paul Biya, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), est largement majoritaire à l'Assemblée nationale avec 163 députés sur un total de 180.
Pour rappel il y a quelques semaines, des émeutes qualifiées de "sociales" par les autorités locales avaient éclaté au Cameroun il y a quelques semaines. Plus de cent personnes avaient été tuées selon les associations de défense des droits de l'homme pour la plupart par balles tirées par les "forces de l'ordre". Un bilan très lourd qui laisse à penser la peur de la crise politique n'était pas loin.
A la suite de ces événements, le gouvernement a annoncé une hausse des salaires des fonctionnaires et des militaures de 15%. Il y a quelques jours Polycarpe Abah Abah, et Urbain Olanguena, respectivement anciens ministre des finances et de la santé, ont été arrêtés, dans le cadre d'une opération de lutte contre la corruption.
Les observateurs les plus optimistes voient dans ces mesures un signe fort de volonté réelle de combattre les détournements de fonds et la corruption généralisée au sein de l'administration. Les plus pessimistes y voient un gage donné par le président camerounais afin de pouvoir plus facilement atteindre son véritable objectif, qui serait de rester président après 2011, voire ad vitam eternam. |