Par Carlos Vallejo Belky Arizala pénètre dans son bureau, encore plus belle à voir que les photos accrochées sur les murs. Même si chacune d'elle est chargée d'une beauté distincte, on ne peut les comparer avec le fait de la voir entrer, serrer les mains fermement, son regard droit dans vos yeux et le sourire enchanteur.

Enchanteur car, au lieu d'être un geste vide caractéristique de nombreux mannequins et reines (de beauté), il démontre une sincérité réaffirmée lorsqu'elle reprend son air sérieux pour répondre à chaque question. Et c'est peut être pour cela, pour cette attention portée par son regard fixe et les rides fermes sur son front et sur les sourcils, pour cette absence du recours facile au sourire que ses réponses sont loin du répertoire commun.

"Des fois, on dit que je suis une leader pour les communautés afrocolombiennes. Mais je suis simplement une personne qui, au lieu de se plaindre éternellement des difficultés qu'implique la couleur de ma peau, a décidé de travailler et de faire les choses, et quand j'ai l'opportunité, je dis ce que je pense ".

Si elle s'était contentée de se plaindre, elle n'aurait par exemple rien fait lorsqu'elle n'avait pas pu accomplir son rêve de devenir reine de beauté en 1996. Car, à cette époque à Cúcuta,dans le département qui l'a vu naître le 8 mars 1978, les paramètres de beauté n'admettaient pas une représentante noire au concours de la Señorita Colombia (Miss Colombie) elle occupa donc la deuxième place de Miss Cúcuta 1996 - 1997.

"Ce ne fut pas un moment traumatisant. J'étais triste que le rêve ne se réalise pas, mais j'avais l'envie de penser à d'autres rêves. J'ai donc accepté l'échec, sans trop de douleurs, et j'ai décidé de suivre la voie du mannequinât. Je ne pouvais pas baisser les bras".

Et elle n'a pas baissé les bras. Grâce à cette force qui lui avait permis de voir en la fin d'un rêve la possibilité d'autres rêves qu'elle commença très vite à configurer son avenir. L'année suivante, âgée d'à peine 19 ans, elle obtenait déjà un diplôme en administration des banques de l'école Polytechnique Bolivarienne et occupait la deuxième place du prestigieux concours Top Model Colombia, ce qui lui permit d'intégrer de plein pied le monde du mannequinât.

Aujourd'hui, alors qu'elle a dix années à la tête de l'Agence Reinas y Modelos Belky Arizala, elle est devenue une référence pour les communautés afrocolombiennes, même si elle ne le croit et ne le prétend pas.

Le calme ne prend place dans sa routine quotidienne que durant de brefs moments. Des instants durant lesquels, assise face à son bureau elle se laisse tomber sur le dossier du fauteuil, soupire et pince ses sourcils entre l'index et le pouce. On dirait qu'elle va rester là, comme si elle voulait que ce jour ne soit pas qu'à 16 heures mais plutôt proche de la nuit. Comme si elle voulait que ce soit le lendemain pour remercier Dieu une nouvelle fois, car selon elle, "personne ne sait quand il va fermer les yeux pour s'endormir et ne jamais les rouvrir ".

Un moment de quiétude qui prend fin lorsqu'une beauté aussi noire qu'imposante pénètre dans le bureau. Elle a la peau délicate et le geste innocent. Sa voix et sa posture montrent la fatigue engendrée par le cours qu'elle vient prendre fin il a quelques minutes.

"C'est mademoiselle Valle", indique Belky tout en lui faisant la bise sur la joue. "Elle se prépare avec moi pour le concours Miss Colombia".Comme beaucoup d'autres. Belky prépare également des reines de beauté telles que Cesar et Caldas, attirées par le fait qu'une des filles préparées par elle l'année précédente, Valerie Domínguez Tarud, la Miss Atlantique, est devenue Miss Colombie, deuxième dauphine à Miss Univers et l'une des dix finalistes de ce concours."Ce sont des réussites importantes. Et on parle là d'une entreprise qui a pris son envol il y a deux ans à peine. Je me sens fière et j'ai le sentiment que ce que je pensais il y a des années était bien avisé. "

Le parcours n'a pas été facile. Il a d'abord fallu pour elle de se positionner sur le marché, défilant au début sans se faire payer. La reconnaissance en tant que Top Modèle international est venue plus tard, car elle a trouvé à l'extérieur, à Mexico, l'opportunité de briller. Les unes des revues et les participations à des clips d'artistes reconnus tels que Alejandro Sanz firent sensation au pays à l'époque. "C'était dur, car les médias en Colombie pensent en général que ce qui est afrocolombien n'a pas de valeur commerciale ".

Cette conscience qu'elle a des difficultés rencontrées par les afrocolombiennes dans ce milieu, et l'assurance que sa trajectoire fait d'elle "une boite à surprises", l'ont poussé à créer une entreprise dédiée à la préparation des top modèles et des reines (de beauté).

"Quand j'étais encore à l'université, je pensais utiliser mes études pour faire quelque chose lié à ce sujet. L'opportunité s'est présentée de constater que face au manque d'opportunités offertes aux mannequins noirs par les académies, il fallait des espaces dans lesquelles les portes leur seraient ouvertes ".

Cette agence lui appartient. Un espace qui, sans prétendre être uniquement réservé aux mannequins noirs, est devenu la solution pour beaucoup d'entre elles et eux que Belky elle-même dit avoir vu venir les larmes aux yeux car elles ne sont pas acceptées dans les académies."C'est triste que cela arrive. Les afrocolombiens devraient être considérés comme égaux à tous les autres. Mais ce n'est pas ce se passe, nous devons clairement avoir conscience que c'est nous-mêmes qui devons commencer à nous sentir égaux aux autres ".Elle est ainsi, qui affirme, avec raison que "l'âme n'a pas de couleur". Le portable sonne ; c'est l'appel qu'elle attendait. Celui qui confirme le défilé auquel elle est invitée ce soir et pour lequel elle doit aller acheter des bas.

"J'aimerais savoir si je peux emmener les filles que je suis en train de préparer et leur permettre à l'occasion de mieux comprendre le concept du podium", dit-elle. Elle attend la réponse un long moment.

 Le podium de Belky Arizala est célèbre. En plus de la signification que revêt le fait que la miss Colombia Valerie Domínguez Tarud, qu'elle avait préparée, fut distinguée en tant que dauphine lors du concours Miss Univers, beaucoup sont d'accord pour dire que Belky a l'un des meilleurs podiums du pays. Et lorsqu'on lui pose la question à ce sujet, sa réponse est claire:

"Sur le podium, il faut tout donner. C'est comme entrer sur un terrain de football ou à une réunion du Congrès : tout le monde va regarder. Il faut donc le faire de cette manière. C'est ce que j'aime le plus".

Et c'est pour cette raison qu'elle continue de le faire. Mais il est évident pour elle, et ce ddepuis départ, qu'elle ne pouvait pas se consacrer uniquement à cela. La certitude comme elle le dit que "ma beauté n'allait pas être éternelle " explique les motivations qui l'ont poussé à monter son agence et une boutique il y a quatre ans en compagnie de sa sœur Sulma Arizala.

C'est pour cette raison que malgré les moments de gloire qu'elle a connu, elle affirme ne pas être blasée. "C'est mieux de faire les choses tranquillement. C'est justement le fait que l'objectif soit de passer à la télé et d'apparaître dans les magazines qui rend ce travail passager. Car, une autre puis encore une autre apparaîtra toujours. C'est pour cela que je suis tranquille, et je mène mes affaires sans m'éloigner de tout ce que j'apprécie dans le monde du mannequinât ".

La voix à l'autre bout du fil lui répond par l'affirmative. Elle répond à son tour qu'elle est ravie d'utiliser ce moyen pour la formation. "Malgré ce que pensent ceux qui croient que c'est facile, il faut être très fort pour bien s'en sortir dans ce métier. C'est pourquoi j'enseigne toujours que pour rentrer dans ce combat d'énergies renforcée, il faut montrer clairement ce qu'on veut être. C'est cette attitude qu'il faut avoir sur le podium: force et détermination".

Dans la vie également. Ainsi, lorsqu'elle se rend compte qu'il va bientôt être cinq heures et qu'elle se rappelle qu'elle doit être présente pour les essayages du défilé à six heures, alors qu'elle n'a pas encore acheté les bas noirs dont elle a besoin, elle se lève et en quelques secondes, se met une veste et une écharpe noire, des lunettes, et prend un sac à main.

Sans laisser le temps d'être surpris qu'elle n'ait pas pris des heures entières pour se préparer à sortir, elle prend la porte. Elle parait encore plus grande et plus belle, et on devine d'avance que la scène sera sienne. Et que, après cela, elle retournera à la vie, car comme elle le dit:"Je ne suis pas mannequin tout le temps. J'ai également d'autres facettes aussi importantes pour moi comme mon entreprise et surtout ma vie".

Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga

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