Comment sont ils arrivés là ?

En 1821 quatre cent soldats artiguistes, des noirs en majorité, demandent l’asile sur le territoire paraguayen et s’installent dans les villes de San Lorenzo, Laurelty et Loma del Campamento; cette dernière accueillant le plus grand nombre d’entre eux auxquels vont se joindre les esclaves fugitifs du Brésil venus de Encarnación. Les terres leur sont attribuées à condition qu’ils ne se mélangent pas aux blancs et qu’ils ne sortent pas du territoire après 18 heures, au risque de se faire fouetter à mort. La descendance de ces réfugiés représente aujourd’hui la communauté Kambá Kuá qui jusqu’à 1920 possédait 100 hectares de terre fertile, dédiés à l’agriculture pour leur propre consommation. De ces terres, le gouvernement ne leur a laissés que 2 hectares et demie, les confinant dans leurs propres territoires à l’aide de fils de fers barbelés et des murs de pierre. En pleine transition vers un monde totalement inconnu, les Kambá luttent pour conserver leur identité.




La fête su saint

San Baltazar, le saint roi nègre, porte ses traditionnelles couleurs rouge et jaune. Pour les Kambá le rouge représente le sang versé dans les luttes pour la liberté, et le jaune la présence illuminante du soleil auquel ils dédient également leurs danses. La célébration commence le 6 Janvier par une sérénade qui s’étend de l’aube au lever du jour. La danse et les tambours sont l’expression fondamentale de vénération au saint. Ainsi, la “guarimba galopa” ouvre les festivités, suivi de l’hommage aux aînés avec la “danza del viejito”(la danse du petit vieux). Les danses suivantes ont pour but de vénérer “Saint Baltazar” et “Kuarahy” (le soleil), puis vient la danse du “Santo Zapatú” en relation avec la couleur des souliers que porte le saint ; noire comme la peau du saint, noir comme les corps qui la dansent. Le “Pitiki pitiki”, sans doute la plus emblématique et la plus frénétique de toutes les danses du coin, met fin à la fête en réunissant toute la communauté.

A partir du 7 janvier débute la Neuvaine, et la réunion de la communauté dans la chapelle durant les 9 jours suivants pour élever les prières et le chant traditionnel à San Baltazar. La fin de chaque prière est suivie de l’exécution de tambours, les portes de la chapelle ouvertes sur l’extérieur de la chapelle, comme préambule à l’apparition attendue des Kambá Rá Anga, qui masqués de toiles peintes, font une irruption intempestive dans la foule en imitant le ballet, une personne ou un fait connu de tous, achetant ainsi les faveurs du Saint. La Misa Guazú (o Misa Grande – Grand Messe) est celle qui culmine la célébration après la Neuvaine. Pendant cette journée on voit arriver les Promeseros y Promeseras, déchaussés, les têtes couvertes de toiles rouges et jaunes, certains sont à genoux, reçus chaleureusement par ceux qui sont rassemblés depuis très tôt à l’extérieur de la chapelle. Plus tard, à l’intérieur, ils battent les tambours à côté de l’autel, pour que la Misa Grande se déroule et qu’on se remette à chanter ses sons qui avec la danse des personnes présentes sortira pour parcourir les rues du village dans une procession. Les enfants Promeseros et le curé qui alterne sa prière avec le rythme des tambours sont en tête. Puis, civières sur les épaules, l’image de San Baltazar. Entourée d’accompagnateurs et d’adeptes, enveloppée dans les drapeaux du Paraguay, de l’Uruguay, l’étendard et le drapeau entièrement rouge de San Baltazar, elle se perd dans les ruelles poussiéreuses du village.

Tambour On utilise des membranophones au corps tubulaire cylindrique avec deux peaux de tambours indépendantes en cuir, dont l’une est non percussive. Les tambours actuels sont fait de métal et de bois pour une plus grande durabilité. Utilisant de morceaux de bois pour les caisses (petit tambour, aigu) et une masse et la main (juste pour atténuer le son) pour le tambour (plus grand tambour, grave). Le nombre de caisse (de résonance) par rapport au nombre de tambours est de 6 à 1. S’il est vrai qu’on ne tape pas le tambour individuellement, la formation n’a pas un nom spécifique comme c’est le cas de la ‘cuerda de tambores’. Tous les tambours gardent une conception rythmique constante pour chaque rythme. Aucun d’eux n’improvise, même si certains rythmes admettent quelques variations. Par conséquent, il n y a pas la dynamique d’appel et de contestation du candomblé uruguayen. L’accordage est plus bas que celui des tambourins uruguayens, les boites ayant un accordage similaires les uns et les autres. D’autres instruments associés à aucune des expressions (ballet et rythme) ne sont pas joués (harmoniques ou de percussion).




Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga




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