“C’est drôle, mais en Angleterre, les filles qui m’aiment, moi je ne les aime pas, et celles que j’aime ne m’aiment pas. Elles ont tendance à être du genre rondelette et âgée, tu sais du genre 35 ans mais qui ont l’air d’en avoir 40. Mais à Cuba, j’aime des femmes vraiment belles. Elles sont sur moi. Elles me traitent comme une vedette. Mon amie est complètement noire, elle est belle. C’est une danseuse. Elle est tellement en forme en fait que j’ai honte de moi. Je ne fais pas beaucoup d’exercice… Je suis un commerçant sur le marché, mais j’ai vraiment réussi beaucoup par moi-même. J’ai acheté une maison dans les Îles de Dogs avant le ‘boom’ des propriétés, et j’ai gagné beaucoup d’argent dans ce cadre. Je réside donc maintenant à Wimbledon. Mais les filles anglaises désirent quelqu’un avec un bon emploi et qui a de l’argent. Elles ne veulent pas de quelqu’un comme moi. Elles veulent un avocat ou un docteur ou autre, elles veulent grimper dans l’échelle sociale, et je ne peux pas le leur reprocher… Les filles cubaines ne demandent pas beaucoup. Si tu sors dîner avec une fille cubaine, elle est reconnaissante, alors qu’une fille anglaise serait reconnaissante, mais elle veut vraiment plus.”

Les femmes prostituées dans la Caraïbe espagnole par contraste ne te provoquent pas et n’en demandent pas non plus beaucoup aux touristes sexuels masculins. Un autre touriste sexuel, un policier Étasunien, m’a dit qu’il aimait se rendre en République Dominicaine car là-bas, il devenait un objet de désir en grande demande. “Aux États Unis, il y a 20 hommes pour une fille, ici il y a 20 filles pour chaque homme, et elles toutes sont désireuses de plaire.” Deux mineurs de Yorkshire étaient également enthousiasmés par le fait que les filles avec lesquelles ils étaient n’avaient pas seulement des relations sexuelles avec eux, mais elles leurs lavaient aussi les pieds sur la plage, elles leur mettaient les lotions protectrices sur les épaules, elles nettoyaient leurs maisons et se les arrachaient, tout cela pour à peine US$25.

Ayant réalisé l’enquête par le biais d’entrevues avec des travailleurs sexuels mâles à Cuba, en République Dominicaine et au Venezuela en Août 1997, j’ai effectué une enquête préliminaire sur le tourisme sexuel féminin à Negril, Jamaïque. Des entrevues semi structurées à 45 personnes impliquées dans l’industrie sexuelle informelle et à des touristes sexuels féminins. On a également compilé un questionnaire réalisé auprès d’un échantillon représentatif de 86 touristes.

L’étude a conclu que presque la moitié des femmes célibataires avaient eu une relation sexuelle ou plus, avec des hommes jamaïcains pendant qu’elles se trouvaient en vacances. Même s’il ne s’agit pas d’un échantillon composé au hasard, et pour cette raison on ne peut faire des généralisations, on pourrait conclure que certaines femmes voyagent pour le sexe de la même façon que le font certains hommes. De plus, il semble que les touristes sexuelles femmes sont très semblables aux touristes sexuels masculins en ce qui concerne les attitudes et des motivations, et la manière de raconter qu’elles utilisent pour justifier ses comportements. De même que le tourisme sexuel masculin, on pourrait le comprendre comme une tentative de confirmer une identité donnée en termes raciaux et de genre (sexe); le tourisme sexuel féminin semble également refléter une préoccupation d’inverser et de restaurer un ordre particulier et d’assurer sa propre position et son propre pouvoir dans cet ordre.

Les femmes ont traditionnellement utilisé le voyage comme une manière de masculiniser leurs identités plutôt qu’une façon de confirmer leur féminité. Actuellement, certaines touristes sexuels femmes voyagent pour pénétrer les domaines des hommes, réclamant des pouvoirs masculins traditionnels pour réaffirmer leur féminité. Il est important pour de nombreuses touristes sexuels femmes de confirmer leur sentiment d’être femme’ en étant désirée sexuellement par des hommes. Les femmes qui se sentent rejetées en Occident parce qu’elle sont ‘du genre rondelette et âgée, tu sais du genre 35 ans mais qui ont l’air d’en avoir 40′ trouvent que en Jamaïque tout cela s’inverse. Ici les hommes les draguent et elles ‘tombent en amour’, avec des paroles tendres et ‘aimées’ par des hommes et elles retrouvent leur existence en tant que objets sexuels. Le tourisme sexuel permet à certaines femmes occidentales de sexualiser leurs corps d’une manière qu’elles auraient du mal à faire dans leurs pays et d’être désirées par des hommes fortement désirables.

Lorsque dans le questionnaire on leur a demandé comment elles décriraient leurs ‘amis’, la majorité des touristes sexuelles femmes ont souligné le fait que pour elles, les hommes noirs jamaïquain selon elles possèdent des corps de grande valeur sexuelle. Une femme a décrit son amant comme étant ‘tendre, amical, avec un corps magnifique’, et une autre comme étant ‘Élégant, en forme physique, de 27 ans, honnête, fier, sérieux, homme de famille, excellent amant’. Les corps de noirs deviennent des marchandises qui permettent à des femmes occidentales nanties (autant noires que blanches) d’expérimenter une forme alternative de pouvoir incarné. Dans ce cas, elles se laissent contrôler par des masculinités qui sont ‘nègres’, ‘hypersexuelles’ et ‘dangereuses’. Ce type de touriste sexuel féminin ne souhaite pas établir une relation amoureuse avec un homme de la Jamaïque et rentrer avec eux pour leur faire connaître leurs parents ou même qu’il soit confronté au racisme chez elles. Encore mieux, ces femmes acceptent la notion d’une hiérarchie raciale et elles apprécient leur position dans ce cadre. Les destinations touristiques devienne un environnement sûr dans lequel les touristes sexuels femmes peuvent exercer le contrôle sur une masculinité qui est imaginée d’une manière stéréotypée comme agressive et violente.

Mêmes les femmes occidentales qui cadrent avec les canons de beautés occidentaux participent au tourisme sexuel car elles peuvent utiliser leur plus grand pouvoir économique et/ou leurs identités racialisées pour exercer un contrôle sur les relations qu’elles établissent avec les hommes jamaïcains. Un jamaïcain, ayant entre 20 et 29 ans qui vendait des excursion en canot et qui s’approchait également des touristes femmes pour ‘amitié’, m’a parlé d’une relation qu’il a eu avec une femme divorcée américaine blanche, attirante et d’un certain âge (en sus 40): “Bien, d’entrée, elle m’a dit qu’elle avait trois enfants et qu’elle ne voulait pas s’engager. On pouvait faire ceci ou cela. Elle ne voulait pas une relation personnelle. Un jour elle m’oubliera, les choses passent, il faut le prendre ainsi, car ce n’est pas une relation à long terme, vous savez.”

Un tel contrôle signifie que ces femmes peuvent limiter le risque d’être rejetées ou humiliées. Comme une femme me l’a raconté sur la fin d’une de ses relations. “J’ai plus obtenu de lui que lui de moi.” Elles aussi elles transgressent les frontières sexuelles, de genre, de race et d’âge. Alors qu’elles seraient stigmatisées chez elles parce qu’elles auraient des relations légitimes ou occasionnelles avec des noirs, plus jeunes, ‘coureurs de jupons’ ou du fait d’avoir plusieurs partenaires sexuels, dans les lieux de vacance comme Negril, il leur est permis de ‘consommer’ l’homme noir, le jeune, le ‘playboy’ ou autant d’hommes qu’elles veulent du moment qu’elles conservent leur honneur et leur réputation chez elles. Le sentiment de leur supériorité raciale dans les pays caribéens, en plus de leur pouvoir économique les met également au niveau des hommes blancs et pour une fois, elles peuvent expérimenter le sentiment d’avoir plus de pouvoir qu’un homme.

Du point de vue théorique, la caractéristique la plus intéressante du tourisme sexuel est la façon dont l’engagement des habitants locaux repose sur l’utilisation de leur ‘négritude’ comme une partie d’un produit qu’ils vendent. En plus des véritables services, comme être guide, vendeur de fruits, artiste ou gigolo/prostituée, ils vendent une partie de leur propre personnalité. Alors que le fait d’utiliser la‘différence’ reste acceptable comme unique facteur de vente des Caraïbes, l’industrie touristique continuera de fournir un cadre dans lequel le tourisme sexuel est permis (on en fait même la promotion). Cela sert Cela sert pour sa part à renforcer non seulement les inégalités entre l’Occident et les pays en développement, mais consolide également les mêmes formes de racisme et de sexisme qui structurent des modèles d’exclusion et d’exploitation.

Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga

http://sexualidad.wordpress.com/2006/07/26/turismo-sexual-en-el-caribe/