Source : Afropress

Traduit du Portugais par Guy Everard Mbarga

Elle a délivré un commentaire laconique au cours de l’audience: “Devant les faits, je remets ma démission”, a-t-elle déclaré après deux semaines durant lesquelles elle est devenue le point de mire et la cible pour avoir dépensé R$ 171 500 en frais de restaurants, d’hôtels et de location de voitures avec la carte de crédit corporative.




Lors de l’entrevue qui a suivi l’audience, la ministre a cependant attribué la responsabilité de la mauvaise utilisation de la carte à deux de ses conseillers – le sous-secrétaire de la Planification et de la Formulation des Politiques Carlos Eduardo Trindade Santos, et le conseiller des Projets Spéciaux, Antonio da Silva Pinto.

Les deux l’auraient induit en erreur. "J’assume la faute dans l’utilisation de la carte. Les faits sont partis de la difficulté liée aux déplacements et à l’hébergement à l’extérieur de Brasília. Il s’est agi d’une faute administrative qui peut et doit être rectifiée. Je n’ai aucun regret. J’ai été orientée dans l’utilisation de la carte", a-t-elle déclaré en annonçant la destitution des deux conseillers qui devra être publiée dans le Journal Officiel de ce mercredi (06/02). Ni Trindade ni Pinto n’ont pu être rencontrés. Leurs secrétariats n’étaient pas encore au courant de leur démission.

Absence de structure

Matilde a également attribué la faute à l’absence de structure entourant les frais liés à la carte de crédit corporative et a souligné que les autres ministres en ont fait usage. "Je ne suis pas la seule à avoir commis cette faute", a-t-elle affirmé, tout en évitant de rappeler qui si elle a dépensée R$ 171 000, le Secrétariat Administratif de la Présidence a pour sa part utilisé R$ 4 millions. Une partie de ces dépenses ont été réalisées par le Conseiller Spécial de Lula, José Henrique de Souza, désigné comme responsable du garde-manger du Président et de sa famille. Souza a dépensé R$ 114.944,73 l’an dernier uniquement pour l’achat de viandes et de boissons pour les maisons à Brasilia, spécialement pour la Granja do Torto, résidence officielle du Président.

Le sociologue originaire de Minas Gerais Martvs Chagas, 40 ans qui était jusqu’à présent Secrétaire Adjoint remplace Matilde Ribeiro à titre d’intérimaire.

En fin de soirée, la Conseillère à la Communication a dévoilé le contenu de la lettre du Président à Matilde dans laquelle ce dernier dit savoir "les immenses difficultés, enracinées par des siècles de préjugé, auxquelles Votre Excellence doit faire face à l’exercice de vous fonctions". "Ayant compris les raisons politiques de votre geste, j’ai accepté votre demande de démission. Et je suis certain que la camarade, pour laquelle je garde intactes l’appréciation et la confiance restera l’une des principales références pour tous ceux qui combattent le racisme, le préjugé et l’exclusion sociale dans notre pays", conclue Lula.

Dans la lettre du Président, Matilde explique que l’utilisation de la carte a découlé des difficultés liées au déplacement et à l’hébergement en dehors de Brasília. "En juillet 2006, ma conseillère m’a suggéré d’utiliser la Carte de Crédit du Gouvernement Fédéral (à partir du 18) pour trois modalités : hébergement, alimentation et location de véhicules. En ce qui concerne l’utilisation de cette carte, je répète qu’il s’agit d’une faute administrative qui doit être corrigée ”, a-t-elle écris.

On s’attendait à la démission ou à la révocation de la ministre à tout moment- comme l’indiquait Afropress -, particulièrement depuis que des émissaires du Président Lula lui avaient porté une demande de sortie du gouvernement, car sa situation devenait intenable.

Le chef du cabinet du Président, Gilberto Carvalho, camarade de Matilde au PT de Santo André, a été chargé de lui enlever l’idée initiale qu’elle avait de rester en poste et de résister aux pressions. Le message qui lui a été passé était clair : soit tu démissionnes, soit tu seras démise pour éviter la poursuite du tohu-bohu médiatique négatif pour le gouvernement.




Selon les analystes du Planalto, si l’affaire continuait de faire grand bruit, la problématique de la mauvaise utilisation des cartes de crédits corporatives aurait fini par aboutir à la création d’une CPI (Commission d’Enquête Parlementaire) et par conséquent à l’approfondissement des enquêtes qui pourraient amener à une vérification des dépenses personnelles du Président.






  • (Cartes de crédit réservées à l’usage des organes de gestion de l’administration publique fédérale)