La délégation a défendu cinq thèses: I) La reconnaissance de l’Équateur en tant que nation multiethnique, ceci implique le maintien du statut de "peuple" pour les afrodescendants; II) La défense des droits collectifs gagnés dans le cadre de la Constitution de 1998, y compris en élargissant le droit à la non discrimination, en tenant compte que c’est le seul pays en Amérique Latine qui envisage cela; III) Obtenir que constitutionnellement soit combattu le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et les autres formes d’intolérance culturelle et par conséquent l’application de mesures d’actions affirmatives visant à réparer les dommages causés aux victimes de l’esclavage et du racisme; IV) Consacrer le droit à la participation politique directe pour les minorités culturelles au Congrès par le biais d’une circonscription électorale spéciale au niveau national pour les afroéquatoriens ; et V) Dans le cadre de l’ordonnance territoriale la nation, constituer les circonscriptions territoriales afroéquatoriennes et indigènes dans leurs zones.

La proposition du peuple afroéquatorien est claire. Elle mise sur un modèle d’inclusion sociale, de relations interculturelles et de reconnaissance de droits collectifs. Mais, n’étaient-ce pas les mêmes points qui furent défendus lors de la constituante de 1997? Dans la forme, il y a ressemblance, mais pas dans le fond.

Il y a 10 ans, le théâtre des revendications était différent. On allait connaitre un essor du multiculturalisme et l’émergence forte du mouvement indigène et des femmes dans un environnement néolibéral et de droite. En partant de cette conjoncture, des politiques culturelles furent inscrites et acceptées comme des "stratégies de reconnaissance", mais non d’habilitation citoyenne.

On dira que ce qui a été vécu au cours de ces dernières années fut une espèce de "multiculturalisme Light", qui a favorisé une inter culturalité superficielle, un corporatisme ethnique fut institué en plus de son incapacité à freiner la pauvreté, l’exclusion sociale, le racisme et les inégalités.

La conjoncture est différente aujourd’hui. Le mouvement afrodescendant est plus visible sur la scène publique. La Conférence de Durban de 2001 a généré une dynamique transnationale qui a permis que l’agenda international donne une importance au thème du racisme et ses effets négatifs sur la liberté culturelle, la citoyenneté et le développement économique et social. D’autre part, les nations latino-américaines expérimentent des transformations politiques radicales de leurs modèles de démocratie, de développement et de gouvernance. Le discours du socialisme du 21ème siècle encourage ces changements.

Mais, il se peut qu’il y ait une préoccupation par rapport à ces nouveaux changements: ouu se situent les demandes afrodescendantes dans ce socialisme du 21ème siècle?, Autrement dit, les propositions d’inter culturalité, d’inclusion sociale et d’antiracisme pourraient-elle être bien reçue dans l’expérimentation révolutionnaire que vit la démocratie équatorienne? Les réponses sont nécessaires pour pouvoir comprendre si les propositions faites à l’Assemblée Constituante de Montecristi par les afroéquatoriens seront bien reçues et auront un effet positif pour le nouveau modèle de nation et d’état que l’on souhaite édifier sous les principes du socialisme du 21ème siècle que semble préconiser le bloc majoritaire ou de constituants en tête desquels se trouve la figure charismatique du président de la République Rafael Correa.

Pour l’instant, la proposition est faite. Reste maintenant à affiner les détails stratégiques. L’activisme, la pédagogie, la négociation et la participation sont nécessaires pour le peuple afro. L’Assemblée Constituante a encore quelques mois devant elle. On verra bien comment les faits évoluent. Mais il ne faut pas s’attendre à ce que les solutions se trouvent toutes seules. Il faut rester attentifs et en mouvement.

Traduit de l’Espagnol par Guy everard Mbarga



Source: Actualidad Étnica