Entre temps, j’allais sur google faire une recherche sur “la puberté précoce ” et je découvrais la littérature sur les causes environnementales de la puberté précoce. Je découvrais également que l’histoire familiale et que les expositions prénatales et un peu après la naissance jouent un rôle déterminant. J’avais adopté ma fille lorsqu’elle avait trois mois. Si je savais qu’elle n’avait jamais été nourrie au sein, je savais peu de choses sur son histoire ou celle de sa mère biologique. Je me lançais alors à la recherche de tout ce qui avait trait à la puberté précoce chez les filles, en fouillant dans la littérature médicale, en glanant des informations sur les étagères des bibliothèques, explorant les sites webs des organisations environnementales et en discutant avec des scientifiques qui sont aux prises avec ce problème.

Pourquoi étais-je si inquiète du fait que ma fille noire de 7 ans commençait à être pubère à 7 ans? En tant que mère blanche ayant eu ses menstruations à 13 ans, j’étais effrayée par l’idée de ma fille devant gérer la sexualité à un si jeune âge. Ma peur allait augmenter lorsque je découvrais des études qui montraient la litanie de risques sociaux pour les filles qui grandissent précocement: faible estime de soi, augmentation de la dépression, relation sexuelle précoces et usage et abus de drogue et d’alcool.

Plus inquiétant encore était l’augmentation des risques en terme de santé liés à la puberté précoce, le cancer du sein, le diabète de type II, les maladies cardiovasculaires et le syndrome polylystique ovarien. Les filles qui ont grandissent prématurément atteignent leur taille d’adulte plus tôt, et si cela se produit à 12 ans, elles courent un grand risque de développer une forme très agressive de cancer du sein. Je savais qu’il fallait agir.

L’une des premières découvertes que j’allais faire est que les filles vivaient des expériences différentes avec la puberté en fonction de leur race. Une étude datée 1997, conduite par des bureaux de pédiatre à travers le pays, avait trouvé que les filles montraient les premiers signes de puberté environ un an plus tôt que ce qui était considéré comme normal. Plus frappant encore était le fait que les filles noires commençaient leur puberté environ un an avant les filles blanches.

Comparé à une fille blanche de 8 ans, environ 4 fois plus de filles Noires de 8 ans développaient des poils pubiens et des tétons. L’âge auquel les filles ont leurs premières règles a également chuté (bien que de façon moins radicale) au cours des 30 dernières années, et les filles Noires précèdent les filles Blanches d’une demie année sur ce point.

Le Dr. Paul Kaplowitz du Children’s National Medical Center à Washington, D.C., a suggéré que les différences génétiques entre les Blancs et les Noirs pourraient expliquer la puberté précoce chez les filles Noires.

Il se demande si les gènes impliqués dans la résistance à l’insuline, qui se produit plus souvent chez les Noirs peut prédisposer les filles Noires à la puberté précoce en affectant leur niveau d’hormone. Cependant, en 1944, les filles des deux races commençaient leur puberté au même âge. Aujourd’hui, les filles de familles Noires aisées en Afrique du Sud et au Cameroun ont leurs premières règles au moins un an plus tard que les filles Noires aux États-Unis, et les filles Kenyanes ont les leurs en moyenne quatre ans plus tard que les filles Noires d’ici.

Les docteurs ont suggéré que la hausse spectaculaire de l’obésité enfantine contribue à la puberté précoce. On sait que le fait d’être gros augmente les œstrogènes dans le corps des filles, et l’œstrogène est le principal déclencheur du bourgeonnement des seins. À tout âge, le pourcentage de filles Noires qui sont trop grosses est nettement plus élevé que celui des filles blanches. Cependant, les chercheurs ont conclu que, bien que l’obésité joue un rôle, elle n’est pas la seule cause de la puberté précoce. Ma fille par exemple est très mince, donc l’obésité n’était même pas un possible coupable dans son cas.

Cependant, lorsque j’ai commencé à examiner les causes environnementales, une image plus claire a commencé à se former. Le Dr. Sandra Steingraber, auteur du rapport du Breast Cancer Fund’s comprehensive 2007 intitulé “The Falling Age of Puberty in U.S. Girls” estime que la puberté précoce est un “désordre écologique” résultant d’un réseau complexe d’influences environnementales. Polluants, plastiques et produits chimiques pourraient constituer les causes cachées de la puberté précoce chez les filles, et les filles noires semblent plus vulnérables.

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Susan H. Shane est biologiste et mère. http://www.colorlines.com/article.php?ID=380&p=1