Surtout lorsque l’on se souvient que le 28 août 1963, Martin Luther King délivrait son célèbre discours ' I have a dream' sur les marches du Lincoln Memorial à Washington. Un discours dans lequel il affirmait que 100 années après l’abolition de l’esclavage aux États-Unis, les noirs n’étaient toujours pas libres, qu’ils continuaient de vivre la ségrégation, la discrimination. Que les noirs continuaient de vivre dans la pauvreté, entourés d’un vaste océan de prospérité matérielle. Bref, en 1963, le leader AfroAméricain, combattant des Droits Civils dressait le portrait d’une Amérique divisée, dans laquelle les noirs étaient des citoyens américains entièrement à part de tous les points de vue. Les choses ont-elles vraiment changé depuis ce jour là?

Ce lundi 19 janvier 2009, cette Amérique célébrait le Martin Luther King Day, jour férié aux États-Unis depuis 1966. Et bien évidemment, compte tenu de l’élection historique du premier noir à la présidence américaine, la fête du révérend de l’Alabama a une importance particulière cette année. Beaucoup estiment que le sénateur de l’Illinois a réalisé son rêve.

Martin Luther King évoquait aussi dans son discours ce rêve d’une Amérique plus juste pour tous, Noirs, Blancs etc. Et il est vrai que depuis 1963, beaucoup d’avancées ont été réalisées. Des points de vue politique, économique, et social, les Noirs Américains ont pu vivre une amélioration dans leur quotidien, dans leur niveau de vie. Mais sont-ils devenus libres, plus libres à présent que le président des États-Unis est de la même race qu’eux? Sont-ils devenus plus libres par le seul fait que des électeurs à majorité blancs ont voté pour Barack Obama?

Dans la bouche de Martin Luther, le mot libre pour moi et je crois pour lui signifiait débarrassé de toute barrière, de toutes ses chaines qui empêche le noir américain de jouir de la totalité de son potentiel, de se réaliser en tant qu’être humain sans toujours être obligé de mener sa vie dans la promiscuité de son espace, dont la taille, la forme, le contenu, l’évolution ou la stagnation est décidé(e) par un autre.

On peut effectivement reconnaitre la forte valeur du symbole du premier président noir, soupçonner et imaginer la grande volonté de dépassement et de changement qui a amené les américains à surprendre le monde entier lors de cette élection. Mais peut-on dire que l’Amérique est aujourd’hui autant juste avec chacun de ces citoyens noirs qu’elle l’est avec les autres?

Mon but ici n’est pas de citer toutes les injustices dont souffrent les noirs aux États-Unis, mais de descendre un peu du nuage euphorique et utopique animé par les médias principalement et qui nous laisse croire que le monde, du moins aux États-Unis est devenu un paradis terrestre en ce qui concerne les relations raciales. Non, la discrimination n’a pas pris fin, les noirs américains n’ont toujours pas droits aux soins de santé de la même manière que leurs concitoyens, ils ne sont pas encore égaux devant la justice, leur accès à l’emploi et au logement décents, à l’éducation, à la culture, à la science…reste faible en quantité et en qualité.

Ce mardi 20 janvier 2009, jour de l’investiture de Barack Obama, Martin Luther King est certes heureux. Mais il sait que les États-Unis principalement, mais aussi l’Amérique Latine et l’Europe n’ont pas encore réalisé son rêve d’égalité pour tous. Il sait que le chemin vers la réalisation totale de ce rêve est encore long, que ses frères de race sans se plaindre, sans toujours trouver en les autres les sources de leurs malheurs, devront continuer de se battre pour que dans sa tombe un jour, lorsque son rêve sera réalisé il se repose enfin en disant : ' I had a dream…and it’s come true' *.

  • J’avais un rêve, et il s’est enfin réalisé.